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En France, donner son sang ouvre les portes du musée

12 avril 2021, 20:06

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En France, donner son sang ouvre les portes du musée

«Une petite bouffée d'air et d'art» couplée à un geste solidaire. A Strasbourg, dans l'est de la France, le Musée d'art moderne a rouvert ses portes lundi le temps d'une collecte de sang, attirant les donneurs, moins nombreux depuis le début de l'épidémie de Covid-19, avec la promesse d'une visite privilégiée.

Dans l'imposante nef du Musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg (MAMCS), ils se succèdent sur les douze brancards alignés, bras tendu et poing fermé pour se faire prélever environ un demi-litre de sang.

Une fois leur don terminé, ce n'est pas seulement l'habituelle petite collation qui les attend, mais également Niki de Saint Phalle, Gustave Doré, Claude Monet ou Paul Signac.

«C'est super, cela fait du bien de voir des belles choses tout en faisant une bonne action», se réjouit Marie-Paule Jaeck, une enseignante de 54 ans, après avoir fait le tour des sept salles du musée accessibles aux donneurs.

Avec sa fille étudiante, Emma, 19 ans, elles ont «sauté sur l'occasion» dès que la prise de rendez-vous pour cette collecte exceptionnelle a été ouverte.

Et elles n'ont pas été les seules puisque les 198 créneaux proposés pour donner son sang au musée de 12H30 à 18H30 ont tous rapidement trouvé preneurs.

Une bonne nouvelle pour l'Établissement français du sang (EFS), alors qu'avec seulement 90.000 poches en réserve au niveau national, le «seuil d'alerte» est dépassé, relève le Dr Eric Hetzel, responsable adjoint des prélèvements pour le département du Bas-Rhin.

Depuis le début de la crise sanitaire, «l'approvisionnement devient de plus en plus difficile à cause des annulations de collectes» notamment dans les universités et les entreprises, avec l'essor des cours à distance et du télétravail, explique-t-il.

«Nouveaux donneurs»

Une collecte événementielle comme celle du MAMCS, qui allie «le geste citoyen» à l'accès d'un lieu culturel actuellement fermé, est «une occasion concrète pour restimuler l'envie de donner son sang», mais également pour «faire venir de nouveaux donneurs», explique Barbara Seiller, responsable communication de l'EFS Grand Est.

C'est d'ailleurs le lieu de la collecte qui a décidé Béatrice, 63 ans, à s'inscrire pour donner son sang, ce qu'elle n'avait pas fait depuis vingt ans.

Les musées, comme les théâtres et les cinémas, sont fermés en France depuis cet automne dans le cadre des mesures de lutte contre la pandémie. 

«Je trouve cela génial comme idée, surtout actuellement où on est tellement privé» de l'accès aux lieux culturels, considère la professeure d'éducation musicale, «toute désappointée» de n'avoir finalement pu donner son sang en raison d'un traitement incompatible.

Elle a néanmoins pu admirer les oeuvres d'art et écouter les explications d'une médiatrice du musée, présente pour accompagner les visiteurs donneurs.

«C'est l'occasion d'accomplir une action citoyenne et solidaire (...) Le musée est dans la cité, il n'est pas hermétique à ce qu'il se passe dans la société, plus que jamais en ce moment», considère Estelle Pietrzyk, la directrice du MAMCS, qui a très volontiers prêtés ses murs à la collecte de l'EFS.