Publicité

Covid: au Paraguay, les hôpitaux saturés, les familles désespérées

24 mars 2021, 11:24

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Covid: au Paraguay, les hôpitaux saturés, les familles désespérées

«Ni les infrastructures, ni les médecins qu'il faudrait» : au Paraguay, l'augmentation brutale du nombre de nouveaux cas de coronavirus place les hôpitaux au bord de la rupture et pousse les familles à s'endetter pour payer les soins à leurs proches.

«Il n'y a pas de matériel ici, il n'y a pas de médicaments, des gens vendent leurs maisons aux enchères pour payer des soins pour leurs proches !», se lamente Edi Gomez devant les portes de l'hôpital Ingavi, dans la banlieue d'Asuncion où, comme elle, des dizaines de personnes campent pour être au plus près de leurs proches malades.

«Deux personnes sont mortes par manque d'oxygène. Mon mari est intubé. Ils ont dû transférer les patients des urgences vers les salles d'opération où il y a de l'oxygène», raconte, angoissée, Elisa Gomez, dont l'époux est soigné à l'Hôpital des cliniques, un établissement situé non loin.

«Au gouvernement, ils auraient pu prévoir, mais ils n'ont rien fait. Ce gouvernement ne fournit pas aux hôpitaux ce dont ils ont besoin», peste cette femme au foyer qui dit avoir dépensé 5 millions de guaranis (environ 750 dollars) en une semaine, alors que le salaire mensuel moyen est de 450 dollars.

«C'est la faute des autorités», accuse également Daiana Guerrero, qui prend soin d'un proche en réanimation. «Elles nous ont confiné, on a perdu notre travail, et il n'y a ni les infrastructures ni les médecins qu'il faudrait», énumère-t-elle.

Mardi, l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS), qui dépend de l'OMS, a mis en garde contre la «terrible» augmentation des cas de Covid-19 au Brésil, «qui a des conséquences sur les pays voisins». 

Elle a souligné la hausse des infections au Paraguay, où la présence du variant brésilien est fortement suspectée, et en Uruguay, où elle vient d'être confirmée par les autorités. 

«Pas de lits»

Venue avec sa chaise et un sac à dos, Nancy Jara s'est également installée devant l'hôpital Ingavi pour s'occuper de deux frères hospitalisés. «L'un a 39 ans, l'autre 52. Ils ont été infectés parce qu'ils travaillent ensemble. C'est très triste de les voir dans cet état. On voit que tout ici est improvisé mais on sait qu'on ne peut pas demander beaucoup plus» au personnel soignant. «On est déjà reconnaissant qu'ils puissent au moins être soignés», dit-elle.

«Mais ça fait trois jours qu'ils sont là, assis sur un canapé. Il n'y a pas de lits», déplore-t-elle, en soulignant qu'un de ses frères a un problème de colonne vertébrale.

Nancy Jara pointe également le coût des soins : «j'ai dû débourser 500.000 guaranis (75 dollars) pour les radiographies et les médicaments», et «ensuite en fonction de la gravité, il faut payer, payer, payer».

Assise dans le campement installé devant l'hôpital, elle salue l'entraide de la population : «les gens donnent des canapés, des chaises, des oreillers, des matelas. Tout ce que vous voyez ici sont des dons». Mais Nancy Jara dénonce, elle aussi ,«le gouvernement» qui devrait «en faire plus» pour les hôpitaux.

Au Paraguay, qui compte 7 millions d'habitants, les 665 unités de soins intensifs dans l'hôpital public sont occupées et les 92 lits supplémentaires mis en place ne suffisent pas pour accueillir tous les malades, reconnaît un rapport du ministère de la Santé.

La centaine d'unité de soins intensifs en cliniques privées est occupée à 90%.

Le Paraguay a enregistré près de 200.000 cas et 3.769 décès. Une quarantaine de personnes meurent chaque jour, soit trois fois plus qu'il y a un mois. 

Le pays a été parmi les derniers d'Amérique du sud à lancer sa campagne de vaccination le 22 février et fait face à des problèmes d'approvisionnement.