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[Statistiques] Covid-19: bébés, enfants et jeunes plus touchés qu’en 2020

17 mars 2021, 21:00

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[Statistiques] Covid-19: bébés, enfants et jeunes plus touchés qu’en 2020

À 14 h 30 hier, mardi 16 mars, le ministère de la Santé avait recensé 41 patients positifs au Covid-19 âgés entre 0 et 19 ans. Comparativement, en avril 2020, 13 patients testés positifs avaient moins de 20 ans. Parmi eux, figuraient un bébé de quatre mois et un enfant de deux ans, entre autres.

Question dès lors : pourquoi la deuxième vague de Covid-19 touche plus de jeunes ? Rappelons qu’en 2020, tout le monde s’accordait à dire que les enfants étaient moins porteurs du virus. Que s’est-il passé depuis ? Et, alors que les masques n’étaient pas obligatoires pour les tout-petits à la réouverture des crèches l’an dernier, faut-il rectifier le tir ? 

«On est vraiment inquiets. C’est la première fois que ce virus touche les enfants à ce point-là. Au début la pandémie en 2020, les petits ont été épargnés. On ne sait pas pourquoi ils sont davantage touchés par cette deuxième vague de Covid-19», déclare d’emblée Sylvette Paris-Davy, dépitée. La directrice de l’institution Bethléem est sceptique face au nombre d’enfants et d’adolescents atteints du coronavirus, dont le plus jeune n’a qu’un mois.Des cas positifs ont aussi été décelés chez des enfants de trois ans dans une maternelle à Floréal et parmi des collégiens de Curepipe. Le cas d’une fillette de trois ans à Écroignard, Flacq, testée positive alors que ses parents sont négatifs, intrigue également. 

D’après elle, dès la naissance, les enfants sont soumis à des vaccins censés les protéger des infections. Mais les présentes contaminations suscitent beaucoup de questions. D’autant que cette situation impose «une pression énorme» sur les crèches et le personnel qui y exerce. Il incombe, insiste-t-elle, que les experts étudient les raisons derrière ces contagions. D’après le Dr. Zouberr Joomaye, porte-parole du comité national de communication (NCC) sur le Covid-19, il est probable que le virus ait été en contact avec des enfants. «Puis le milieu scolaire est propice à la contamination dû à la proximité en termes de durée et de distance. En effet, les enfants sont côte à côte», explique-t-il. Le Dr. Patrick How, président de l’Association des médecins privés, ne pense pas que cela découle d’un changement dans la virulence du virus ni d’une différence des «hosts». «C’est sans doute lié à un manque de mesures sanitaires scolaires qui encouragent la prolifération de la maladie. Les enfants doivent porter leurs masques comme les adultes n’importe où dans le monde», déclare-t-il. 

Pour sa part, le Dr.Vasantrao Gujadhur, ancien Director of Health Services au ministère de la Santé, est d’avis qu’une source de contamination a dû infecter les collégiens. «Pour les enfants de trois ans de Floréal, il est possible qu’ils aient été contaminés par leurs parents déjà positifs. Pour le collège, comme le premier élève était asymptomatique, la propagation a pu s’étendre à leurs pairs. Puisque les enfants bougent et jouent beaucoup et se mélangent, le virus a pu se transmettre rapidement.» 

D’ailleurs, en 2020, le vice-président de l’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE), Munsoo Kurrimbaccus, affirmait que toute infiltration du virus en milieu scolaire entraînerait une propagation rapide. «Dans les écoles, il n’y a pas de gestes barrières quand les jeunes font des activités communes. Cependant, lors de la première vague, on ne voyait pas trop de contaminations chez les enfants. On se demandait alors si leur immunité était plus forte que celle des adultes. Nous n’avons jamais eu de réponses.» Pourquoi assiste-t-on à une situation inversée aujourd’hui ? Le syndicaliste dit observer une évolution en 2021 avec moins de sévérité avec de jeunes patients asymptomatiques mais une contagion plus rapide. 

Concernant la vulnérabilité des enfants au virus, la Dr. Catherine Gaud avait déclaré le 16 juin 2020, en marge de la reprise scolaire, que des études démontraient qu’ils étaient moins porteurs du virus que les adultes. L’épidémiologiste mentionnait également l’application de mesures sanitaires strictes, dont le port obligatoire du masque et d’autres gestes barrières pour la rentrée. Puisqu’en 2021, davantage de jeunes ont été testés positifs au virus, la plus faible incidence sur les enfants avancée en 2020 tient-elle toujours la route ? Sollicitée, la Dr. Catherine Gaud nous a dirigés vers le NCC sur le Covid-19. 

Le Dr. Zouberr Joomaye soutient que cet aspect est à l’étude. «C’est un peu prématuré de tirer des conclusions. Il faut voir les séries et les séquençages pour pouvoir y répondre», affirme-t-il. Au Dr.Vasantrao Gujadhur d’ajouter que la plus faible vulnérabilité des enfants au Covid-19 n’est pas la question. «D’après les recherches, ces derniers ne développent pas de maladies sévères et présentent des mild cases. Face au recensement des cas actuels, ils y sont vulnérables», constate-t-il. De plus, poursuit Munsoo Kurrimbaccus, l’énigmatique cas de l’enfant d’Écroignard nécessite une investigation approfondie. «Il se peut que nous aurons un meilleur contrôle sur la deuxième vague du Covid-19. Néanmoins, il faut éviter toute troisième vague. Ceci a frappé de grandes nations, dont l’Italie», ajoute-t-il. 

Un autre aspect attire l’attention : le port du masque chez les tout-petits. En effet, le protocole à la réouverture des crèches et écoles maternelles n’en prônait pas l’obligation pour ces enfants en 2020. Avec les contaminations de 2021, faut-il instaurer de nouveaux règlements ? Selon le Dr. Zouberr Joomaye, l’an dernier, une telle mesure s’alignait sur le côté pratique pour les enfants en bas âge. Le protocole sera à nouveau étudié, souligne-t-il. Le Dr. Vasantrao Gujadhur assure qu’il sera difficile de maintenir et de surveiller le port du masque chez les petits enfants. «Ils risquent de pleurer et d’enlever le masque. On doit essayer autant que possible de le porter», commente-t-il. Il suggère un protocole plus sévère pour les employés de ces institutions et la prise de température quotidienne des enfants, la distanciation physique, le lavage fréquent des mains et proscrire les jeux avec les petits camarades. En cas de maladie de l’enfant ou du parent, il ne faut pas se rendre à la crèche ou à l’école. 

Soutenant également qu’il sera difficile de faire porter des masques aux bébés et plus petits, Munsoo Kurrimbaccus estime que la réouverture des crèches sera compliquée. «Je ne crois pas qu’elles réopéreront de sitôt. L’État doit rassurer ces opérateurs, comme des petits ont été infectés cette fois-ci», affirme-t-il. En attendant des solutions pour protéger les enfants, il serait peut-être judicieux que les parents les gardent à la maison, déclare la responsable de Bethléem. «Car maintenant, les tout-petits peuvent contaminer les adultes. La vigilance est de mise de toute part», avance-t-elle.