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La semaine décryptée

7 mars 2021, 15:40

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La semaine décryptée

Lundi 1er mars

Le Prince des «advisers»

L’express du lundi 1er mars consacre sa Une à l’armée d’advisers qui sévissent au bureau du Premier ministre. Si les médias et les fonctionnaires estiment que le n°1 de ces conseillers serait l’ancien steward de MK, Ken Arian, c’est incontestablement Bhinod Bacha qui, comme Sherry Singh, mérite le manteau du prince.

Pour adapter un compliment que Paul Bérenger avait adressé à son très fidèle Rajesh Bhagwan, Bhinod Bacha pourrait ‘ramasser’ tous les autres conseillers du PMO et les mettre dans sa poche, tout en y gardant assez de place pour un mouchoir sale.

Au PMO, Bhinod Bacha sert tout d’abord à la mémoire vivante de tous les événements politiques qui se sont déroulés depuis les années soixante du dernier millénaire. Et il connaît tous les rouages administratifs. Il a vécu de près ou de loin tout ce qui s’est passé au Parlement et cela comme un fonctionnaire d’avant-plan. C’est pour cette raison qu’il est sollicité pour rédiger les réponses aux questions parlementaires.

Bhinod Bacha est surtout un homme d’action. Alors qu’on pourrait croire que le fonctionnaire typique évite de prendre toute décision, se contentant d’ABCD (asize bez kas dormi), Bhinod Bacha est, lui, capable d’organiser sur le champ une visite premier-ministérielle à l’étranger, parlant aux officiels des gouvernements concernés, réservant les billets d’avion et les chambres d’hôtel, préparant le programme du boss et se mettant même à écrire ses discours à prononcer et les points à être évoqués.

Cet ancien chef de la fonction publique a travaillé étroitement avec sir Seewoosagar Ramgoolam, sir Anerood Jugnauth, Harish Boodhoo, Navin Ramgoolam et actuellement Pravind Jugnauth. Paul Bérenger a eu l’occasion d’apprécier les talents de Bhinod Bacha quand ce dernier avait fait partie d’une délégation mauricienne comprenant le leader du MMM qui s’était déplacée à Londres pour discuter du problème des Chagossiens avec le gouvernement britannique.

Un problème personnel avait, pendant quelques années, mis hors circuit Bhinod Bacha devenu un des derniers chevaliers de la reine. Mais il fit un retour discret comme conseiller du ministre du Logement, Abu Kasenally, avant de refranchir les portes du PMO avec la bénédiction de Navin Ramgoolam. Après la défaite de ce dernier, Bhinod Bacha n’a pas tardé à s’attirer les bonnes grâces des Jugnauth.

Mardi 2 mars

Win with Navin ?

Ce mardi 2 mars a vu un grand rassemblement des Travaillistes dans une salle de Phœnix où on voit un Navin Ramgoolam requinqué par les récents événements chaudement accueilli par ses partisans.

Au fait, l’exclusion du Parti travailliste d’un show réunissant Paul Bérenger, Xavier Duval et Roshi Bhadain quelques jours auparavant semble avoir fanatisé les responsables du parti sous leur leader, Navin Ramgoolam. Aussi, la double démission d’Arvin Boolell comme leader et celle de Shakeel Mohamed comme whip de l’opposition devait aussi contribuer à galvaniser les meneurs du Labour. L’événement de Phœnix venait prouver que Navin Ramgoolam reste le leader incontesté des Travaillistes maintenant qu’il est confronté à deux adversaires, notamment Pravind Jugnauth, mais depuis cette semaine, aussi à Paul Bérenger.

Bien que Navin Ramgoolam se soit abstenu de critiquer le leader du PMSD, il était clair que le pays allait assister à une polarisation communale, avec le regroupement du MMM et du PMSD. Ce qui lançait des spéculations sur un éventuel pacte de non-agression entre les Rouges et les Oranges.

Mercredi 3 mars

Le leader rouge épargné…

Comme si pour démontrer après le show travailliste de la veille que le MSM aussi sait regrouper ses partisans, un show orange a eu lieu le mercredi 3 mars à Vacoas. Le discours du leader Pravind Kumar Jugnauth (PKJ) était très attendu, compte tenu des derniers développements politiques avec l’éclatement du front de l’opposition.

Les observateurs ont noté que si le leader du MSM a concentré ses tirs sur Paul Bérenger et Nando Bodha, il ne s’est livré à aucune attaque frontale contre Navin Ramgoolam. Un point très intéressant avancé par PKJ concerne la contestation par l’opposition des résultats des dernières élections générales. Le leader orange s’est demandé si Nando Bodha, maintenant qu’il s’est joint à l’opposition, croit lui aussi que les élections ont été truquées.

PKJ met ainsi Nando Bodha dans une fâcheuse position. Si le ministre démissionnaire croit lui aussi que le MSM a volé ces élections, il reconnaîtrait de ce fait que lui aussi a enlevé son siège de manière frauduleuse. Dans ce cas, il doit soumettre sa démission comme député sur-le-champ. Par contre, si Bodha maintient que les élections ont été free and fair, selon la formule consacrée, le MMM et le PMSD devraient abandonner leurs pétitions avant d’accueillir Bodha dans leurs rangs. Un Bodha que le MMM pourrait bien présenter comme un futur Premier ministre.

Jeudi 4 mars

A real PR disaster

Sherry Singh, grand patron de Mauritius Telecom et d’Air Mauritius et aussi personnage incontournable de LaKwizinn, a enregistré une opération de com. catastrophique, probablement la pire du genre durant des décennies.

Le désastre s’est produit lors d’une conférence de presse qu’il a tenue au château Mon Désir, à l’hôtel Maritim, le jeudi 4 mars. Dans le but d’impressionner les gens, Sherry Singh a eu recours au PowerPoint pour soutenir ses explications. Craignant d’être ‘déchiré’ par des journalistes, il avait utilisé une astuce extraordinaire. Il avait invité quelque 75 chatwas – suiveurs – pour dominer la présence physique des journalistes.

La prestation de Sherry Singh a été remarquable pendant une bonne partie de la conférence de presse, où il a surtout fait preuve d’un bon sens de l’humour, donnant ainsi l’occasion aux chatwas de rire un bon coup.

Mais ce fut une énorme calamité quand Sherry Singh parla de ses ancêtres royaux en Inde. Ce fut une grossière tentative d’embellissement qui a détruit tout son travail de communication. Ce prince autoproclamé a ainsi fait dévier toute l’attention publique vers ses ancêtres et son père. Ainsi, on se demande pourquoi un prince de l’Inde s’est-il établi à Maurice et non pas à Monaco ou à Las Vegas. Si le papa était venu avec une fortune, où l’a-t-il investie ? Pourquoi n’a-t-il pas construit un château à lui et non pas attendre que son fils le fasse ? Les Mauriciens vont maintenant s’intéresser au parcours du papa et d’autres membres de la famille.

Mais l’élément le plus damaging, c’est que Sherry Singh est maintenant devenu un personnage loufoque, un sujet de prédilection pour des jokes et caricatures, perdant son auréole de professionnel de calibre pour des couronnes royales en tous genres.

Vendredi 5 mars

Harvard ou Bollywood pour ces témoins ?

Certains témoins convoqués au tribunal de Moka dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de Soopramanien Kistnen ont connu des problèmes de santé en cour alors qu’en temps normal, ils sont hyperactifs en profitant de contrats faramineux. Après Keshwaree Poonyth, Neeta Nuckchhed et Deepak Bonomally, voilà que le grand chef lui-même, Vinay Appanna, se déclare souffrant lui aussi. Cela s’est passé en cour le vendredi 5 mars.

Appanna a soumis un certificat médical pour expliquer son absence en cour. Quand la magistrate, soupçonnant un cas de trouble factice, fit venir sur le champ le témoin, ceux présents ont constaté que visiblement, Appanna semblait souffrir de problèmes respiratoires. Il fut alors autorisé à rentrer chez lui.

Appanna est le pivot central du réseau intimement lié à Yogida Sawmynaden et qui a bénéficié de maints contrats, dans un cas se faisant même payer d’avance par la STC dirigée par nul autre que le beau-frère du même Appanna.

Ce ne serait pas correct de croire que ces trois témoins ont maîtrisé les artifices d’acteurs professionnels capables d’interpréter différents rôles. Si tel était le cas, Bollywood aurait pu exploiter leurs talents. Ils ont vraiment connu des problèmes de santé. Il se peut que les trois soient atteints d’une curieuse maladie qui se déclenche aussitôt qu’ils paraissent en cour. Cette corrélation gros contrats-santé-justice pourrait bien intéresser les chercheurs de la plus prestigieuse faculté médicale du monde, celle de Harvard.