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À Grand-Bassin: la loi des Goondas, et système parallèle de justice !

2 mars 2021, 08:19

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À Grand-Bassin: la loi des Goondas, et système parallèle de justice !

Le phénomène, où l’existence de tapeurs, souvent désignés et agissant pour le compte d’un parti politique, n’est pas nouveau. Il en existe même les autoproclamés qui, à vouloir faire plaisir à leurs maîtres, font démonstration de leur violence vis-à-vis de ceux qu’ils considèrent comme des ennemis politiques. Ils font régner leur loi sur ceux qui ne se prosternent pas devant leur chef, et cela, même si celui-ci ne leur a pas dicté cet ordre. Ce qui s’est passé à Grand-Bassin dimanche est une démonstration de violence, même si elle fut tranquille, sournoise, pour des raisons d’appartenance et de conviction politique. Mais il n’y a pas que la motivation qui doit nous interpeller : le lieu de l’incident et le caractère religieux de l’événement qui s’y déroulait lui donnent une dimension particulière, choquante et révoltante. 

Le Grand-Bassin est un lieu emblématique, un lieu de rassemblement et de recueillement pour tous ceux qui, autour d’une raison religieuse, partagent des valeurs de générosité et de tolérance. On a qu’à voir aux abords des routes qui mènent au Ganga Talao, lors du pèlerinage, le nombre de bénévoles, de toutes croyances et appartenances, qui offrent aux marcheurs des symboles de partage et de solidarité. Et même si des politiques viennent les asséner de leurs discours partisans, il y a comme un esprit, un élan commun, cette tolérance dont est imprégné l’auditoire à leur égard. La violence, sous quelque forme que ce soit, est exclue du lieu et de l’événement. Y règne un respect mutuel entre toutes les sensibilités, qu’elles soient partisanes ou autres, reflet de l’essence, du sacré que renferme la célébration du Maha Shivaratree. 

Le Grand-Bassin ne saurait être territoire contrôlé par un groupe de tapeurs, de goondas, clandestins, autoproclamés, qu’ils soient de motivation politique ou autre. Toute tentative d’exclusion des lieux ne peut être tolérée car elle violerait l’essence même de la célébration, et son aspect sacré. Pire, elle démontrerait la liberté que s’approprient certaines personnes de se prendre pour shérif des lieux et d’un événement qui ne leur appartiennent pas et décider qui peut s’y trouver et qui doit être renvoyé. 

L’incident de dimanche au cours duquel l’ancien ministre démissionnaire Nando Bodha a été victime devrait nous faire réfléchir sur cette facilité avec laquelle certaines personnes ou groupes s’organisent pour s’approprier des territoires et y faire régner leur loi. Avec le Ganga Talao, il ne s’agit pas seulement d’un territoire géographique qui passe sous le contrôle de goondas dont il s’agit. Il y a aussi l’événement, la célébration, dans toutes ses dimensions, religieuse, sociale et culturelle. 

L’incident démontre qu’on est arrivé à ce stade de toxicité des esprits chez certaines personnes qui les rend capables d’aller jusqu’au point de prendre la loi entre leurs mains et établir leur système de justice, basé sur leurs motivations propres. Ici, elles sont évidemment politiques, et se manifestent sans considération aucune du lieu, qu’il soit sacré ou pas. La notion de respect et de tolérance s’évapore. Tout cela, c’est le résultat des années d’empoisonnement des cerveaux par des idées extrêmes et dangereuses, tant l’obsession du pouvoir est forte chez certains. C’est la conséquence des années de discours de division, de peur, tenus par des élites politiques qui, afin de mieux asseoir leur propre pouvoir sur l’ensemble, prêchent l’exclusion de l’autre. 

Maintenant, on va s’attendre à une réaction du gouvernement, car il est aussi responsable du «law and order», des libertés publiques dans le pays. On verra avec quelle force il va condamner ceux qui veulent jouer au shérif dans les territoires qui, de droit, appartiennent au peuple !