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Pétition électorale: Lorsque la procédure fait durer la fraude !

19 février 2021, 09:57

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Pétition électorale: Lorsque la procédure fait durer la fraude !

Pendant deux ans, même plus, un fraudeur peut nous dicter quelles lois nous devons subir, la couleur de la berline qu’il roulera à nos frais et avec ses initiales ex- posées. Pendant deux ans au moins, il peut avec l’arrogance que lui confère une position de faux élu, nous toiser, nous obligeant de l’appeler honorable, et lui verser 150 000 roupies par mois, ou pire, 350 000, s’il est ministre. Deux ans au moins, le temps qu’il nous faut avant de saisir le côté immoral d’une procédure dite pétition électorale. Le pays est-il condamné à subir une illégitimité consacrée par un système qui n’offre aucune autre manière de rendre justice plus rapidement ? Laissez la procédure suivre son cours, nous répète-t-on !

Une procédure d’injustice

Tricher afin de remporter une élection pour représenter le peuple au Parlement est un crime grave contre la démocratie parlementaire. C’est la raison pour laquelle dans tous les pays démocratiques, la tricherie aux élections est punissable par des textes de loi. Les juridictions démocratiques prévoient des dispositions afin d’annuler les élections qui auraient envoyé au Parlement quelque représentant escroc.

À Maurice, l’action en annulation d’une élection se fait par voie de pétition. Cette procédure qui est destinée à rendre justice est entachée de failles qui lui sont propres, et qui de ce fait, engendrent une grande injustice. Des délais, des tactiques dilatoires, qui la caractérisent confirment l’adage «Justice delayed is Justice denied».

La procédure actuelle permet au fraudeur de bien rester en place et jouir de tous les privilèges que lui procure une position d’élu avant qu’il ne soit vraiment inquiété. Aussi, pendant le temps que dure l’affaire, le pays est servi par un député fraudeur. Contre lui, pas de charges provisoires, il se fait saluer par les policiers. Rien ne lui arrivera même lorsque l’on aura découvert sa fraude, pas de prison, pas d’amende à payer, il n’aura même pas à rembourser tous ses gains, ses allocations, ou les frais pour l’utilisation de la berline. Il s’en sort indemne, ayant empoché ce qu’il peut, couillonné son monde autant.

Absence de la réforme électorale

Malheureusement, la question de fraude électorale n’est jamais évoquée lors des discussions sur la réforme électorale. Et pourtant l’incidence de la tricherie et de la fraude est toujours possible, et aucune élection n’est épargnée : elle est toujours d’actualité lors d’une élection à Maurice, rien qu’avec l’utilisation abusive de l’argent pour influencer le vote. Les possibilités de fraude sont évoquées dans nos textes de lois, notamment dans «The Representation of The People Act», qui prévoit toute une série de délits possibles.

Le système

La fraude électorale mériterait qu’on y attache une importance si l’on veut revoir le système. Car en élisant un faux représentant du peuple au Parlement, c’est tout le principe de la démocratie représentative qui se voit dépourvu de son fondement. Une procédure qui s’embrouille dans des complexités ou qui provoque des délais irraisonnables ne sert pas la démocratie mais à aider à la perpétuation de crimes contre elle. Il est évident que ceux qui savent bien manipuler les points techniques vont trouver toujours une excuse pour repousser la fin d’une position mal acquise.

Condamnés à une aberration ?

Même si la Constitution prévoit que le parlement peut déterminer la procédure à suivre en matière de fraude électorale, aucun gouvernement au pouvoir ne viendra changer le système parce que cela risque de jouer contre lui.

Le pays est condamné à vivre cette aberration aussi longtemps que tout le système qui l’engendre n’est pas changé. Mais comment changer un système ?

Par voie de pétition ? Surtout pas !