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Ashok Jugnauth: «MSM inn vinn kouma enn zak é li pé tonbé kouma divan souflé»

10 février 2021, 18:34

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Ashok Jugnauth: «MSM inn vinn kouma enn zak é li pé tonbé kouma divan souflé»

L’oncle de Pravind Jugnauth sort de son silence après que le leader du MSM l’a attaqué, samedi. L’ancien membre du parti soleil et dirigeant de l’Union nationale dément les propos du Premier ministre qui, dit-il, déforme la réalité...

Pravind Jugnauth a affirmé que Paul Bérenger vous a amadoué par le poste de PM. Est-ce vrai ?
Il n’a pas dit que cela. Après les élections de 2019, j’étais en colère contre des électeurs de la circonscription no 8 où j’étais candidat. C’était une circonscription délaissée avant mon arrivée avec un problème de logement, de misère et de chômage élevé. Pendant mon passage dans différents gouvernements, j’y ai apporté beaucoup d’améliorations. Après ma défaite en 2009, je suis allé voir un prêtre indien qui venait d’arriver à Maurice. Il m’a dit que les gens avaient tellement parlé de moi en bien qu’il voulait me rencontrer. Maintenant, un «lariaz» comme Yogida Sawminaden ose demander ce que les anciens députés ont fait au no 8. Il ne m’arrive même pas à la cheville, si on se base sur ce qu’il a fait. J’étais en colère parce que pendant la campagne électorale j’étais sûr que j’allais être élu avec 3 000 voix d’écart. Cependant, les candidats du MSM ont distribué de l’argent. Les documents sortis dernièrement le montrent d’ailleurs. Ce n’était pas un combat contre trois adversaires, mais contre leur argent. L’électorat préfère prendre de l’argent pour jouir pendant trois mois plutôt que d’avoir un gouvernement sérieux qui travaille pour eux pendant tout son mandat. Je ne suis plus en colère maintenant. Mais je crains pour mon pays. Le bateau du MSM est en train de couler, mais ils ont toujours beaucoup d’argent et je ne sais pas comment ils peuvent s’en servir.

Revenons à la déclaration de Pravind Jugnauth…
Il a dit que Paul Bérenger «inn lastik» moi et qu’il m’avait promis le poste du Premier ministre. J’étais tranquille dans mon coin, mais avec la démission de Nando Bodha, il n’a pas trouvé mieux que de mentir en m’impliquant dans cette affaire. Il y a des scenarii écrits qui ne s’accordent pas à un mauvais acteur. C’est le cas de Pravind Jugnauth. Il vient de dire que je suis allé voir Anerood Jugnauth en disant: «Baya les mo alé, Bérenger pé donn mwa post Prémié minis.» Tout le monde a applaudi. D’abord, il ne sait même pas parler hindi. On ne dit pas «baya» mais «bhaiyya». D’ailleurs, je n’appelais pas Anerood Jugnauth «bhaiyya». De plus, quand il y a eu ce problème au MSM, il n’était pas présent quand je me suis entretenu avec Anerood Jugnauth. Quand un Premier ministre commence à mentir, cela veut dire qu’il n’a aucun respect et la population ne le respectera plus. Je fais le serment que Paul Bérenger ne m’a jamais demandé de démissionner pour être candidat au poste du Premier ministre. Je serai un menteur, si je dis cela.

Que s’est-il passé alors ?
Après la défaite de 2005, Paul Bérenger était le leader de l’opposition, mais ensuite quand il y a eu un problème, ce poste allait revenir à un élu du MSM. Pravind Jugnauth n’était même pas député. J’étais le plus ancien et j’étais un ancien ministre. Il n’était pas question que les juniors du parti me passent sur la tête. Je ne pouvais pas me laisser humilier. J’ai fait comprendre que je ne resterais pas si le poste du leader de l’opposition allait à quelqu’un d’autre. J’ai parlé à son père qui m’a fait comprendre qu’il n’y avait personne à part lui (SAJ) et moi pour ce poste. Il m’a aussi fait comprendre que Kobita (l’épouse de Pravind Jugnauth) et Sanjeev Ramdanee (frère de Kobita) étaient des novices en politique et qu’il ne pouvait pas les laisser influencer le parti.

Toutefois, Anerood Jugnauth m’a fait comprendre qu’il était impuissant puisqu’il n’était plus le leader du MSM. Bien après, j’ai appris que Kobita Jugnauth avait fait comprendre à son époux qu’il disparaîtrait politiquement s’il me confiait le poste de leader de l’opposition, qui est donc revenu à Nando Bodha. Je regrette ce qu’est devenu le MSM. Un parti qui a désormais comme règle la médiocrité. Il ne vise plus la perfection, mais la médiocrité et il a atteint son objectif. C’est devenu un parti qui «inn mir kouma en zak é li pé tonbé kouma divan souflé». Ce n’est plus le même parti alors qu’autrefois, avec nos différents partenaires, que ce soit le PTr ou le MMM, nous avons sorti la population de la misère. Pravind Jugnauth ne travaille pas pour la population, mais pour ses proches qui décrochent des gros contrats.

Paul Bérenger ne vous a pas dit que Pravind Jugnauth ne pouvait pas être le leader du MSM?
Pas à moi, mais c’était dans des réunions publiques, je crois.

Est-ce que le leadership du MSM vous intéressait ?
J’étais avec le MSM depuis le premier jour de sa fondation. J’étais très proche du «bolom». Je l’admirais. Dans les années 90, Armoogum Parsuramen me disait de me préparer pour prendre le leadership du parti. Je travaillais aussi dur que le «bolom» et il travaillait bien. C’est quand son fils est arrivé que tout est parti de travers. La médiocrité a pris la place. Tout a changé.

Pourquoi ?
J’étais très proche de Pravind Jugnauth. Il venait dîner chez moi. Je lui donnais de bons conseils. Il me disait qu’il allait réfléchir, mais quand il rentrait chez lui, ce n’était pas pour réfléchir, mais plutôt pour demander à son épouse ce qu’il devait faire. C’est pour cette raison que j’ai dit que les décisions étaient prises dans la cuisine. Par la suite, Roshi Bhadain a aussi parlé de l’intervention de la cuisine. D’ailleurs, je ne sais pas si on parle du même accident. Pravind Jugnauth m’a appelé quand il a fait l’accident fatal. C’est vrai que l’endroit était dangereux. Je suis parti au poste de police comme son avocat. J’ai dit aux enquêteurs qu’il n’allait pas s’enfuir puisqu’il était lui-même avocat et que son père était Premier ministre. On est parti en cour le lendemain pour payer sa caution. L’enquête a établi que l’homme est sorti devant la voiture de Pravind Jugnauth. Tous ces «zaza» qu’on dit maintenant sur cet accident ne sont pas fondés. À l’époque, Anerood Jugnauth n’avait pas encore tiré de communiqué pour dire que je n’étais pas son frère.

Non-élu en 2005, Pravind Jugnauth remporte la partielle de 2009 avec le soutien du PTr, face à vous. On peut dire que Navin Ramgoolam a ressuscité sa carrière politique ?
Lors d’un meeting pendant la partielle de 2009, j’ai dit à Navin Ramgoolam qu’il était en train de créer un monstre qui «pou vir kont li é ki li pou bizin b… apré». Il ne m’a pas cru. Navin Ramgoolam a une part de responsabilité si Pravind Jugnauth est Premier ministre aujourd’hui alors qu’il n’était même pas élu en 2005. Paul Bérenger aussi a sa part de responsabilité. J’étais en alliance avec le MMM pour les élections de 2010 et on a eu 44 % de votes. J’ai dit à Paul Bérenger certaines réalités politiques tout en lui demandant de travailler ensemble pour les prochaines élections, mais il a préféré le Remake 2000, qui n’a pas duré. Et pour les élections de 2014, les Mauriciens n’ont malheureusement pas compris le sens de la deuxième république. On connaît la suite.

La démission de Nando Bodha est-elle justifiée ?
Chaque personne a ses raisons de quitter un parti politique. Il connaît ses raisons. Pourquoi maintenant et pas avant ? Quand une personne quitte le MSM, il est vu comme un traître par Pravind Jugnauth et ceux qui gravitent autour de lui. Mais quand Raffick Sorefan, Zouberr Joomaye ou Joe Lesjongard quittent leur parti pour rejoindre le MSM, pourquoi ne dit-il pas «je vous souhaite la bienvenue les traîtres» ? Pour lui, ce sont des «prêtres». Pravind Jugnauth a mis en avant Joe Lesjongard pour critiquer ceux qui ont quitté le MSM. Qu’il aille se regarder dans un miroir. Qu’est-ce qu’il n’a pas dit sur Pravind et Kobita Jugnauth quand il a claqué la porte du MSM.

Êtes-vous prêt à rejoindre Nando Bodha s’il lance son parti ?
Je ne vois pas pour quelle raison je dois rejoindre son parti. J’ai le mien et je suis proche du PTr en ce moment.

Comment l’électorat du n°8 vit-il l’affaire Kistnen et les allégations contre Yogida Sawminaden ?
Je suis en contact avec beaucoup de personnes dans cette circonscription. Sachez qu’elles soutiennent la veuve de Soopramanien Kistnen. De plus, qu’on l’appréciait ou pas, quand beaucoup de personnes ont appris qu’il ne s’était pas suicidé, mais qu’il avait été tué, les gens étaient en colère. Pravind Jugnauth affirme qu’il est triste que son activiste soit décédé et qu’il ne faut pas faire de politique sur le cadavre d’une personne. D’après mes renseignements, aucun élu de la circonscription n’est allé soutenir la famille endeuillée. D’ailleurs, avec toutes les informations sortant de la cour de Moka, dans aucun pays démocratique, un élu n’aurait gardé son poste avec tant de preuves.

Serez-vous présent à Port-Louis le 13 février ?
Si je n’ai pas d’engagement, bien sûr.