Publicité

Bashir Jahangeer: «Le MSM peine à réunir ses agents»

6 février 2021, 10:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Bashir Jahangeer: «Le MSM peine à réunir ses agents»

Bashir Jahangeer est connu pour son franc-parler. Cet ancien député du MSM, qui consacre davantage de temps à sa profession qu’à la politique, estime que le MSM est en difficulté. Selon lui, le parti soleil peine à réunir ses partisans. Mais il est d’avis qu’à cause de l’argent, il y aura beaucoup de monde au Sun Trust aujourd’hui. S’il affirme qu’il n’a pas abandonné la politique, sa priorité du moment est la création d’un club réunissant des musulmans «kalkatia». Il souligne que ces derniers représentent 85 % des musulmans mais qu’ils sont considérés comme inférieurs aux autres. Pour lui, c’est une lacune car les autres castes ont une société, qui défend leurs intérêts.

Cela fait longtemps qu’on ne vous entend pas. Qu’est devenu Bashir Jahangeer ? 
Je m’occupe plutôt de ma profession. Mais cela ne veut pas dire que j’ai abandonné la politique. Au moins deux fois par mois, je suis dans mon ancienne circonscription de Rivière des Anguilles-Souillac (n°13) pour rencontrer des agents du MSM avec lesquels je suis encore très proche. 

Mais vous ne faites partie d’aucun parti politique ? 
Non. Mais j’ai reçu des offres de presque tous les partis politiques. Mais aucune décision n’a été prise. J’analyse pour le moment. Laissez-moi préciser qu’être membre d’un parti politique ne veut pas dire qu’on soit candidat. On peut aider le parti, et par ricochet, le pays en n’étant pas candidat. 

Mais pas d’offres du MSM ? 
Il y a des parlementaires et des anciens députés qui m’ont demandé de retourner au bercail. Mais pas des dirigeants. Encore moins Pravind Jugnauth. 

Avez-vous fait une croix sur le MSM ? 
Pas vraiment. Peut-être si le patron m’appelle, je pourrais considérer. Me pa sa bann chatwa là (NdlR: lèches-bottes). Savez-vous que j’ai adhéré au MSM en 1995 ? J’étais conseiller municipal à Beau-Bassin-Rose-Hill. Savez-vous que c’est moi qui ai emmené Yogida Sawmynaden au MSM ? Il était conseiller du MMM. D’ailleurs, il a dit à plusieurs reprises que c’est moi qui l’ai emmené au MSM. Par ailleurs, il a été un de mes employés. Il avait la responsabilité du Customs Clearence de ma compagnie. C’était entre 2005 et 2007. Il est resté mon bon ami jusqu’à ce qu’il soit devenu ministre. Nous nous parlions rarement quand il était ministre. 

Puisque vous avez évoqué le nom de Yogida Sawmynaden, je vous demande votre opinion sur l’affaire Kistnen. 
Yogida Sawmynaden aurait dû se retirer. Au nom de l’éthique. Et attendre la fin de l’enquête. Je m’étonne que Pravind Jugnauth ne lui ait pas demandé de step down. Pourtant je reconnais que Pravind Jugnauth est un homme de principe. Dans le passé, il a réclamé la démission de Showkutally Soodhun, de Roubina Jadoo-Jaunbocus, de Ravi Yerrigadoo et récemment d’Ivan Collendavelloo. Et même des responsables des institutions, comme Raouf Gulbul

Pourquoi selon vous Pravind Jugnauth ne lui demande pas de se retirer comme ministre ? 
Je me pose aussi cette question. Il y a sans doute des choses occultes. Et pourtant, il y a des preuves et des documents, qui circulent… Je pense que Yogida sait certaines choses… En refusant de se retirer, il cause un tort immense au MSM. 

«Yogida Sawmynaden aurait dû se retirer. Au nom de l’éthique.»

Et si vous étiez au MSM, quelle aurait été votre réaction ? 
J’aurais sans doute demandé à Pravind Jugnauth de le révoquer. Tout le monde connaît mon franc-parler. J’aurais ouvertement demandé sa démission. 

Est-ce que quand vous étiez au MSM, vous avez réclamé la tête de certains ? 
Absolument. Peut-être pas directement. Je vous donne un exemple. Ivan Collendavelloo. J’ai demandé au Premier ministre de considérer certains dossiers, qui, selon moi, étaient très controversables, pour ne pas dire qu’il y avait des magouilles. 

Et quelle a été la réaction de Pravind Jugnauth ? 
«Pa kas to latet, mo pou gete ; mo pou suiv.» Et aujourd’hui, j’ai eu raison. D’ailleurs certains ministres m’ont appelé pour me féliciter. Cinq ansaprès, ilsont reconnu que je disaislavérité. 

C’est sans doute parce que vous n’avez pas votre langue dans votre poche que vous n’avez pas obtenu de ticket… 
C’est vrai. Tout le monde le sait. Mais je marche toujours la tête haute, contrairement à certains au MSM. J’ai un projet à Rodrigues et j’y vais souvent. Même là-bas, les gens me saluent pour mon combat pour la vérité et la justice. 

Le MSM organise sa première grande activité politique de l’année cet après-midi au Sun Trust. Dans le passé, vous étiez appelé à organiser des réunions de mobilisation dans le contexte de telles activités. Racontez-nous comment cela se passait ? 
C’est toujours assez difficile de convaincre des sympathisants de venir à de telles réunions. Et je sais que pour la réunion de ce samedi, les parlementaires peinent à réunir leurs agents. Ils rencontrent pas mal de problèmes sur le terrain. Les agents font plusieurs reproches à leurs députés. Mais sachant que le MSM est un parti qui a beaucoup d’argent, ils déploient de grands moyens pour attirer des gens vers le Sun Trust ce samedi. Surtout avec des promesses d’emploi et des contrats. Peut-être qu’il y aura des Bangladeshis à cette réunion ! 

Est-ce qu’il y a toujours des Bangladeshis dans les meetings du MSM ? 
J’ai mentionné cela car je me souviens que pour le 1er mai 2019, il y avait cinq Bangladeshis, qui sortaient de ma circonscription pour se rendre au meeting. Ces cinq ouvriers voyaient les gens prendre l’autobus en pensant qu’ils allaient pique-niquer. Alors ils ont demandé à un de mes agents s’ils pouvaient faire partie du groupe. Et ils sont montés dans l’autobus sans savoir exactement où ils allaient. Et j’ai subi des reproches de la part du Premier ministre. C’est un agent qui avait fait tout cela. 

Revenons aux réunions du bureau politique auxquelles vous assistiez dans le passé. Il y avait souvent des opérations de «bros latet», n’est-ce pas ?
C’est vrai. Certains ministres ont eu des reproches et moi, comme toujours, je disais mes quatre vérités. Mais je faisais tout cela dans l’intérêt du parti. «Kan zot fané bizin dir.» 

Peu après, vous avez fait partie d’un petit groupe avec Anil Gayan et d’autres. Ce groupe existe-t-il toujours ? 
Non. Chacun fait bande à part. Mais laissez-moi vous annoncer une nouvelle. Je travaille actuellement à la création du Mauritius Kalkatia Club. Cela pour regrouper 85 % des musulmans considérés comme des kalakatia, qui n’ont pas leur mot à dire dans la société. C’est la communauté des Surthee, qui est écoutée par les politiciens. 

Vous n’avez pas peur d’être taxé de castéïste ? 
Non, tous les politiciens musulmans, et même les Premiers ministres, écoutent toujours les Surthee. Ce sont eux qui deviennent conseillers et qui sont nommés à des postes importants. Cela ne peut continuer ainsi. C’est toujours un petit groupe qui décide pour la communauté musulmane. Par exemple, c’est toujours des Surthee qui iront voir si la lune paraît pour déterminer quand est la fête d’Eid. Pourquoi pas les autres ? D’ici la fin avril, ce club sera lancé. 

Ce sera une force politique ? 
Je participe activement à son lancement. Peut-être que ce sera une autre personne qui le présidera. Ce sera un groupe qui donnera son opinion sur divers thèmes. C’est ma priorité du moment. 

Quelle est votre opinion des Avengers ? 
J’apprécie beaucoup leur travail. Ils mènent un combat pour la justice. La preuve, sans eux, Kistnen se serait suicidé. 

L’ICAC enquête sur le contrat de St-Louis. Êtes-vous satisfait que finalement, on commence à découvrir la vérité ? 
Cela fait cinq ans que je parle de ces scandales. J’ai posé des questions au Parlement. Comme il y a une enquête, je préfère ne pas en dire davantage. Attendons voir. 

Participerez-vous à la marche de l’opposition du 13 février ? 
Oui, sauf empêchement.