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En Roumanie, un air de déjà-vu après l'incendie meurtrier d'une unité Covid

29 janvier 2021, 19:00

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En Roumanie, un air de déjà-vu après l'incendie meurtrier d'une unité Covid

 

La Roumanie était sous le choc vendredi après la mort de cinq patients du Covid-19 dans l'incendie d'un grand hôpital de Bucarest, moins de trois mois après un sinistre similaire dans ce pays aux infrastructures vétustes.

«C'est une tragédie», a déclaré, visiblement ému, le président Klaus Iohannis, qui s'est rendu sur les lieux du drame.

Le feu s'est déclaré à l'aube, embrasant un pavillon de l'hôpital Matei Bals réservé aux malades du coronavirus.

Trois patients ont été retrouvés morts dans la salle où ils étaient soignés et une quatrième victime, une femme âgée de 80 ans, est décédée des suites de ses blessures, selon les éléments fournis par le gouvernement.

Un cinquième corps carbonisé a été découvert par les enquêteurs dans une salle de bain de l'immeuble ravagé par les flammes.

Une centaine de patients ont été évacués, a précisé à l'AFP un porte-parole de l'inspectorat pour les situations d'urgence (ISU), Bogdan Toma.

En Roumanie, un air de déjà-vu après l'incendie meurtrier d'une unité Covid
Une fenêtre brûlée du pavillon de l'hôpital Matei Bals ravagé à l'aube par un incendie meurtrier, à Bucarest (Roumanie), le 29 janvier 2021. / AFP

 

Aucun autre malade n'a subi de brûlures mais plusieurs ont dû être placés en soins intensifs après avoir été privés de ventilation au cours de l'opération.

La plupart d'entre eux ont été transférés vers d'autres hôpitaux de la capitale, déjà submergés par des malades du virus, qui a tué à ce jour plus de 18 000 personnes dans ce pays de 19 millions d'habitants.

 «Sous-financement chronique» 

Les causes du sinistre n'étaient pas connues dans l'immédiat.

«Une enquête fera la lumière sur cet incendie et les coupables seront sanctionnés, mais il s'agit là d'un problème structurel qui touche les hôpitaux roumains», a lancé M. Iohannis, rappelant l'incendie qui avait tué 15 malades du Covid-19 en novembre à Piatra Neamt.

En Roumanie, un air de déjà-vu après l'incendie meurtrier d'une unité Covid
Des pompiers devant l'hôpital Matei Bals, dont un pavillon a été ravagé à l'aube par un incendie meurtrier, à Bucarest (Roumanie), le 29 janvier 2021. / AFP

 

Dans cette ville du nord-est du pays, le sinistre aurait été provoqué par un pousse-seringue qui a pris feu. Mais des travaux non autorisés avaient été effectués quelques jours plus tôt, entraînant sans doute une surchauffe du système électrique.

Après cet accident, les autorités avaient annoncé des contrôles dans les unités de soins intensifs du pays, alors que moins d'un tiers des 670 établissements hospitaliers roumains respectent les normes incendie, selon les experts.

«Il faut se rendre à l'évidence: l'écrasante majorité de nos hôpitaux souffre d'un sous-financement chronique», a déploré le nouveau ministre de la Santé Vlad Voiculescu, qui avait critiqué à l'époque la gestion de l'incendie de Piatra Neamt.

Il a aussi dénoncé des commandes d'équipements publics «non transparentes» qui ont entraîné au fil des ans «une longue série d'improvisations» pour tenter de parer au plus urgent.

Un seul hôpital public a été érigé depuis la chute du régime communiste fin 1989 en Roumanie, qui alloue 6% à peine de son produit intérieur brut (PIB) à la Santé, soit le taux le plus bas au sein de l'Union européenne.

 «Patients grelottants» 

L'hôpital Matei Bals, en plein centre-ville, a lui été bâti en 1953.

En Roumanie, un air de déjà-vu après l'incendie meurtrier d'une unité Covid
Des pompiers devant l'hôpital Matei Bals, dont un pavillon a été ravagé à l'aube par un incendie meurtrier, à Bucarest (Roumanie), le 29 janvier 2021. / AFP

 

Le pavillon touché avait été rénové fin 2020, selon le médecin Adrian Streinu Cercel qui a dirigé cet établissement de la fin des années 1990 à décembre 2020, quand il a été élu sénateur.

Mais il était toujours relié au système centralisé de chauffage de la ville, dont les conduits rapiécés, qui auraient dû être remplacés depuis des dizaines d'années, ont laissé dans le froid plusieurs quartiers cet hiver.

Le maire de Bucarest, Nicusor Dan, a toutefois assuré qu'aucune plainte n'avait été enregistrée à cet égard ces derniers jours sur le numéro vert mis en place par la municipalité.

Selon plusieurs témoignages, des patients grelottants auraient demandé à leurs proches de leur apporter des radiateurs d'appoint, dont l'utilisation aurait pu provoquer un court circuit.

«Nous nous résignons, nous allons de l'avant en espérant qu'il ne nous adviendra rien de mal», a déploré sur Facebook Oana Ghoeghiu, co-fondatrice d'une ONG qui construit à Bucarest un hôpital pour enfants malades du cancer grâce à des dons privés.

«Très peu d'entre nous se révoltent», a-t-elle ajouté, résumant le sentiment de nombreux Roumains.