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Sport en mer: le tour de Maurice (en kayak) en six jours

23 janvier 2021, 20:13

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Sport en mer: le tour de Maurice (en kayak) en six jours

Il est passé du ciel à la mer. Kevin Bonfield, pilote britannique d’Air Mauritius en congé forcé depuis l’année dernière, s’était lancé un défi la semaine dernière : faire le tour de Maurice en kayak. Il l’a fait en six jours. L’habitant de Tamarin, âgé de 56 ans, revient sur ce parcours qui n’a pas été sans turbulences...

Après six jours passés en mer, ses lèvres sont toujours gercées. Mais la fatigue a laissé place à la satisfaction d’avoir réussi à compléter ce qu’il avait en tête. «Vous savez, je ne l’ai pas dit à grand monde car je n’étais pas sûr de pouvoir réussir. Cela aurait été une honte», confie Kevin Bonfield. Cependant, faire le tour de Maurice en kayak en six jours n’est pas un exploit. «Je ne sais pas si c’est un projet fou ou vraiment quelque chose de banal», murmure-t-il. Il faut dire que depuis qu’il a découvert le kayak il y a six ans, de telles expéditions ont toujours retenu son attention. «Il y a des gens qui ont fait le tour de l’Angleterre en kayak…» fait-il remarquer.

Comment est-ce que cette idée a germé ? Kevin Bonfield ne se souvient pas vraiment du moment, mais avance que c’est une idée qui plane dans l’air depuis longtemps. Depuis le moment où il est arrivé à Maurice en juin 2017, peut-être. Puis, le coronavirus a atterri à Maurice, les frontières ont été fermées, MK a pris du plomb dans l’aile et le pilote n’a pas volé depuis. «Mais c’est pendant le confinement que cela s’est réellement mis en place.»

Et n’est-ce pas trop difficile de passer de l’air à l’eau ? Non. D’ailleurs, la technique est la même. «Le projet comportait des risques, mais réfléchissez bien. Piloter un avion et entreprendre ce périple a des similarités : 50 % de réussite réside dans la planification. Puis, avant de partir, il faut être au courant des risques et savoir comment en venir à bout. Puis, évidemment, il faut être équipé.»

C’est ainsi que le mardi 12 janvier, Kevin Bonfield troque son uniforme de pilote contre la tenue appropriée et armé de son téléphone, sa radio pour communiquer avec les autorités en cas de problème et sa trousse de première nécessité, il embarque sur son kayak. Il avait aussi une tente sous laquelle il dormait chaque soir, de l’eau, du sirop, des conserves et des pâtes.

Pour ce voyage, le quinquagénaire était l’unique membre du personnel. Les consignes de sécurité, il se les jouait dans la tête. Puis, sur son kayak, pas d’autopilote. Pour avancer, il fallait ramer. Kevin Bonfield avance qu’il restait en moyenne 2 à 3 kilomètres de la côte. Sa vitesse de croisière était de 6 km par heure. «Selon mes calculs, si je rame six heures par jour, je devrais finir le tour en huit ou neuf jours.»

Chaviré à plusieurs reprises

De Tamarin, il s’est dirigé vers le sud de l’île. Loin d’être le trajet le plus simple. «En kayak, les houles ne sont pas un problème. On monte et descend avec elles. Le problème, ce sont les vagues qui se brisent. Le risque est de chavirer», avance-t-il. Et il a chaviré à plusieurs reprises, mais a toujours remis son vaisseau en position de marche tout de suite. Sauf la fois où c’était sur des rochers glissants et qu’il y avait des vagues qui ne cessaient de l’importuner. Il a fallu attendre le lendemain matin, que la mer soit moins turbulente, pour pouvoir repartir.

Entre les vagues, le vent et le manque de plages adéquates pour accoster en milieu de journée et la nuit, le pilote regrettait parfois le confort de la cabine. «Surtout après le troisième jour. Je m’étais arrêté à Pointe-d’Esny et j’ai dormi chez un ami. Dans un lit. Là, je me suis demandé si je voulais vraiment poursuivre…» se remémore-t-il. Puis, il a pris le problème dans le sens inverse : plus il avance, moins de temps il passera sous la tente. De là, il a accéléré son rythme. Après le Sud sauvage, l’autre complexité de ce voyage était de passer le port. Sans entrer dans les détails, le pilote affirme qu’il a pu surmonter ce problème. D’ailleurs, il a quitté Le Goulet un après-midi et est arrivé à Pointe-aux-Sables le soir.

Et pour se ravitailler ? Pas de plateaux-repas sur le kayak. Le pilote faisait cuire ses pâtes lui-même lors des arrêts. De temps en temps, il tombait sur des gens qui faisaient la fête sur la plage et ces derniers l’invitaient. «Une fois, se souvient-il, je suis tombé sur des randonneurs qui m’ont donné de l’eau glacée. C’était à peu près la meilleure chose que j’avais bue de ma vie. Mais avec tout l’effort que je fournissais, je carburais au sucre. J’ai bu du sirop pour tenir», explique-t-il. Et à la veille de son retour, alors qu’il était à Bain-Bœuf, son épouse était venue lui ramener de l’eau et des fruits.

Six jours après son départ, Kevin Bonfield était à nouveau à Tamarin. «J’ai vu le Sud sauvage comme je ne l’ai jamais vu avant. J’ai vu des nids de tortues, j’ai vu la pollution, j’ai croisé des gens fun, d’autres moins fun et surtout, je suis parvenu à réaliser le projet. Donc, je vais bien», témoigne-t-il. Le prochain projet ? Le tour de Rodrigues en kayak…