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Ministre «in the court», les Mauriciens «out»

8 janvier 2021, 10:15

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Ministre «in the court», les Mauriciens «out»

Alors que tous les yeux étaient braqués sur le ministre qui devait entrer dans le box des accusés, l’ambiance n’était pas des moindres à l’extérieur, où des Mauriciens sont venus exprimer leur soutien à Simla Kistnen. Cela, malgré la grosse opération de la police pour barricader des artères de la capitale et déployer l’artillerie lourde.

La restriction de la police stipulait que les allers et retours dans certaines rues de Port-Louis seraient contrôlés de 9 heures à 13 heures. Chose qui a poussé Bruneau Laurette à venir vers 8 heures sur les lieux. Comme le 29 décembre, il avait prévu un rassemblement pacifique en soutien à Simla Kistnen à la place cathédrale Saint-Louis, sauf que ses plans ont dû être revus.

L’activiste social a, cependant, fait une vidéo en direct demandant aux Mauriciens de ne pas trembler et de venir. Appel qui, semble-t-il, n’est pas tombé dans l’oreille de sourds car plus tard, vers 9 h 30, la place de la cathédrale était bondée de monde venu en soutien, face à des officiers de la Special Mobile Force et de Special Supporting Unit, entre autres, qui avaient déjà encadré le périmètre. La présence de snipers sur le bâtiment One Cathedral Square n’a pas apeuré les citoyens rassemblés non plus. «Désann, désann», leur a même lancé la foule, invitant ces derniers à les rejoindre… Tout en reconnaissant la mesure «abusive».

La journée sera plus tard marquée par un autre ordre de la police : qu’un seul journaliste par presse ait accès au tribunal alors que la comparution de Yogida Sawmynaden relève de l’intérêt public. Des journalistes de différents groupes de presse n’ont ainsi pas pu assister au procès à la New Court House, à l’exception de ceux de la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC) qui ont pu y accéder. Le DCP Ramsurrun avait pourtant déclaré : «enn sel zournalis par lapres» quelques minutes plus tôt…

Le brouhaha ne masquera, toutefois, pas l’arrivée du ministre Yogida Sawminaden, qui sera accueilli sous une pluie de «Bour li deor» et «Bour li andan», tandis que la police déployait une sécurité maximum autour de lui. Alors que le procès battait son plein, une autre nouvelle viendra rajouter de l’huile sur le feu auprès des Mauriciens rassemblés dans la cour de la cathédrale Saint-Louis : le Directeur des poursuites publiques (DPP) demande le retrait de la charge provisoire logée par la veuve de Soopramanien Kistnen contre le ministre du Commerce.

Le représentant du DPP, Me Abdool Raheem Tajoodeen, argue que Simla Kistnen ne peut recourir au mécanisme d’une accusation provisoire pour déposer sa Private Prosecution. Chose qui provoquera la colère des différents syndicalistes présents. Pour ces derniers, hormis la décision du DPP, la grande question concerne le déploiement de la police qu’ils jugent excessif. «Je déplore que la police ait barricadé cette région (…) elle joue un mauvais rôle. (…) Elle est là pour s’assurer du law and order mais pas pour faire de la répression», lance Narendranath Gopee. «Dans un état de droit tout le monde a la même voix, les mêmes droits.»

Pour lui, ce n’est pas le travail pour lequel la police est payée. «Nous sommes dans une dictature !» Quant à Salim Muthy, qui est «venu pour soutenir la justice», le mystère planera toujours sur «pourquoi le gouvernement donne-t-il la protection à un ministre accusé ?» Rezistans ek Alternativ, dont Ashok Subron, indique, pour sa part, ne pas comprendre pourquoi dès le départ, l’affaire n’a pas été menée comme il se doit. «Ce genre d’action, selon moi, est politique. Ce rassemblement aujourd’hui a eu lieu mais, never again, insiste-t-il, ce genre de chose ne doit se reproduire. Le commissaire aurait dû venir sur la télévision nationale et dire clairement que ces restrictions lors d’une rentrée scolaire sont pour protéger le ministre Yogida Sawminaden qui comparaît en cour

À 13 heures, qui marquait la pause déjeuner mais aussi la fin des restrictions, nouvelle agitation de la foule. La journée, éprouvante, s’est terminée vers 15 h 30 par la suspension de la séance.