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Affaire Kistnen: Simla Kistnen porte plainte à l’ICAC

8 décembre 2020, 14:55

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Affaire Kistnen: Simla Kistnen porte plainte à l’ICAC

Ce mardi 8 décembre, la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath a effectué une visite des lieux où le corps de Soopramanien Kistnen avait été retrouvé le 18 octobre dernier. Le panel d’avocats, mené par Me Rama Valayden, a accompagné la magistrate.

Par la suite, Simla Kistnen, la veuve de la victime, a pris la direction de la commission anti-corruption pour porter plainte concernant l’affaire d’emploi fictif.

Lors de la deuxième séance des auditions de l’enquête judiciaire sur cette mort suspecte hier, les avocats de Simla Kistnen avaient remis des indices qu’ils avaient retrouvés sur place à la police. Plusieurs témoins, dont le sergent Mosafeer, ont défilé à la barre. Ce policier est un des premiers à s’être rendu sur les lieux de la découverte du cadavre de l’agent du Mouvement socialiste militant à Telfair. Le sergent Mosafeer s’est dit surpris d’apprendre que ses collègues, responsables de l’enquête, penchaient pour la thèse du suicide après l’autopsie.

SERGENT MOSAFEER : «IL Y AVAIT DU SANG SUR LA PAIRE DE CISEAUX RETROUVÉE»

 C’est vers 17 h 50, le dimanche 18 octobre, que le sergent Mosafeer, affecté au poste de police de Moka, a appris qu’un corps calciné avait été découvert dans un champ de cannes à Telfair. Hier, au tribunal de Moka, il a révélé, dans les moindres détails, ce qu’il a observé sur place. Il a confirmé que Soopramanien Kistnen était allongé sur le dos, pieds nus et les poings serrés. Fait notable : une paire de ciseaux portant des traces de sang a été retrouvée à quelques centimètres du cadavre, ainsi qu’un sac à dos, des allumettes et des documents partiellement brûlés. Autre objet récupéré personnellement par le sergent: un portable calciné, appartenant à l’agent du Mouvement socialiste mauricien (MSM). L’appareil était dépourvu de sa carte SIM et de sa carte mémoire. À une question de Me Rama Valayden, le sergent Mosafeer dit avoir été surpris d’apprendre par la suite que la thèse du suicide a été privilégiée par ses collègues enquêteurs à la suite de l’autopsie.

JEAN MICHEL MARDAY: «JE N’AI RIEN TROUVÉ DE SUSPECT»

 Vers 9 h 30, le samedi 17 octobre, le gardien employé par le groupe ENL, Jean Michel Marday, a effectué sa tournée à bord d’un tracteur dans les champs de Telfair. Il a remarqué un incendie sur une portion du terrain et comme le veut le protocole, il a appelé son supérieur pour l’en informer avant de continuer sa route. «Bann kann la ti ankor pe dibout. Fodé éna 1-2 arpan ki brilé pou inform lapolis. La, pa ti éna bokou mé mo pann trouv nanié sispé.» Ce n’est que le lundi 19 octobre qu’il a appris de la police, présente sur les lieux, qu’un cadavre y avait été retrouvé. «Zot inn dir mwa pas lot simé.»

 

 L’AMIE DE KISTNEN NIE AVOIR IDENTIFIÉ SON CADAVRE

 Un nouveau mystère s’ajoute à la liste déjà longue de questions restées en suspens à la suite du décès de Soopramanien Kistnen. À en croire les informations qui figurent sur un document officiel au poste de police de Moka, c’est l’esthéticienne Neha Motee qui a positivement identifié le corps calciné du contracteur, le 18 octobre. Me Azam Neerooa, du bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP), a même lu un extrait dudit document où Neha Motee y est citée comme étant «l’épouse» de Kistnen. Sauf que lorsque la principale concernée a déposé sous serment hier, elle a carrément démenti cette information. Tout comme elle a nié avoir identifié le cadavre de Soopramanien Kistnen. Si elle dit vrai, comment expliquer qu’un document de la police comporte un faux témoignage ?

Neha Motee a expliqué qu’elle a fait la connaissance du quinquagénaire en octobre 2019 dans la circonscription de Quartier-Militaire–Moka lors de la campagne électorale. Il était agent du MSM. La dernière fois qu’elle a communiqué avec Soopramanien Kistnen, c’était le vendredi 16 octobre vers 15 heures. «Mo ti dir li mo pou rapel li mé apré so portab ti teign.» Une information qu’elle a communiquée à la police de Moka le jour de la découverte du corps. Que savait-elle des soucis de Soopramanien Kistnen ? «Li pa ti pé dir mwa nanié. Li ti toultan zovial.» Croit-elle en la thèse du suicide ? «Ditou. Li pa enn dimounn ki ti pou swisidé. Avan, sak fwa kan ti pé tann enn ka swisid, li ti pé dir tou problem éna solision.» MeAzam Neerooa lui a demandé si elle avait des soupçons particuliers sur l’auteur de l’assassinat éventuel de Kistnen. Elle ne s’est pas prononcée sur cette question.

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<p><strong>ME RAMA VALAYDEN REMET DES PIÈCES À CONVICTION À LA MCIT</strong></p>

<p>&nbsp;L&rsquo;avocat dit ne pas comprendre comment ces pièces à conviction sont passées inaperçues pendant près de deux mois. <em>&laquo;Même si ces objets n&rsquo;ont rien à faire avec Kistnen, il est étonnant que l&rsquo;on ne les ait pas collectés.&raquo;</em> Parmi, il y a notam- ment un boîtier de téléphone portable qui, selon Simla Kistnen, appartenait bel et bien à son époux. Me Rama Valayden a remis à la MCIT toutes ces pièces récupérées dimanche dernier à proximité du lieu où le cadavre a été retrouvé. Des morceaux de tôle appartenant à une voiture de couleur rouge, ainsi qu&rsquo;une paire de gants portant des traces de brûlures figurent aussi parmi les objets retrouvés. &laquo;Éna bann kriminel à l&rsquo;œuvre. Bann kriminel pa pé arété. Bann kriminel pé santi zot protézé&raquo;, a-t-il déclaré à sa sortie du tribunal, hier. Le lead counsel a aussi promis d&rsquo;autres révélations au fur et à mesure que l&rsquo;enquête avancera.</p>

<p><strong>L&rsquo;ÉPOUSE DE DAVID GAIQUI APPORTE SON SOUTIEN</strong></p>

<p>&nbsp;Roselle, épouse de <a href="https://www.lexpress.mu/video/325870/laffaire-gaiqui-ou-choc-dune-photo">David Gaiqui</a>, <a href="https://www.lexpress.mu/article/376683/deces-david-gaiqui-proches-parlent-negligence-medicale">décédé en mai dernier</a>, a tenu à apporter son soutien à l&rsquo;épouse de Soopramanien Kistnen hier au tribunal de Moka. Elle était accompagnée de sa fille et de sa belle-sœur. <em>&laquo;Nou osi nou finn sibir enn inzistis. Nou touzour pé atann é nou anvi konn lavérité&raquo;</em>, a-t-elle fait ressortir.</p>

<figure class="image"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/lexpress_-_2020-12-08t144632.009.jpg" width="620" />
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<p><strong>REZISTANS EK ALTERNATIV PREND POSITION</strong></p>

<p>&nbsp;Rezistans ek Alternativ (ReA) apporte son soutien à la famille de Soopramanien Kistnen. Et ce, bien que les militants de ce mouvement aient eu le défunt comme adversaire. Notamment quand ils donnaient du fil à retordre à cet agent du MSM en protestant contre le barrage qu&rsquo;il avait érigé à Pomponnette. ReA a partagé sur Facebook la vidéo de l&rsquo;express dans laquelle interviennent Mes Rama Valayden, Sanjeev Teeluckdharry et la veuve Kistnen. Les membres du parti se disent en devoir d&rsquo;afficher leur position vu la tournure qu&rsquo;a prise l&rsquo;enquête qui pointe vers un possible assassinat avec en toile de fond des scandales politico-financiers et, surtout, le cover-up qui s&rsquo;ensuivit.</p>