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Raviraj Beechook: «On veut rompre avec l’image de bollywood sous la tente»

16 novembre 2020, 13:52

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Raviraj Beechook: «On veut rompre avec l’image de bollywood sous la tente»

Depuis mars, plus aucun artiste ne vient de la Grande péninsule pour reprendre les tubes de Bollywood. Les producteurs se réinventent avec des packages dans des hôtels, dont un cinq-étoiles.

Des salles de concerts, les spectacles bollywood sont maintenant dans les hôtels. Expliquez-nous cette migration. 

Il n’y a que les touristes mauriciens et l’événementiel pour dynamiser le secteur hôtelier et restaurateurs. Ils sont obligés d’afficher des promotions. C’est parce que les prix sont inférieurs à ceux pratiqués avant le Covid-19 que certains Mauriciens peuvent se permettre de fréquenter les hôtels. C’est là que des producteurs comme moi pouvons intervenir avec des formules très customisées (NdlR : Il a organisé le «Bollywood Music Project» à l’hôtel Long Beach à Belle-Mare du 6 au 8 novembre). 

Si le producteur ne s’adapte pas aux hôtels ,il est mort ? 
Dans l’événementiel, un producteur doit rester vivant tout au long de l’année. Nous avons fait Sonu Nigam, Neha Kakkar, Kailash Kher. Mais aussi Jamel Debbouze et Kev Adams. Grâce à cette variété, il y a une attente du public qui nous fait confiance. C’est pour cela qu’il faut être vivant. Inbox Communication existe depuis 2015. Depuis deux ans nous collaborons avec Red Diamond Entertainment. Avant que quelqu’un achète une place de spectacle il regarde qui est l’organisateur. Cette année, avant la crise du Covid, nous étions dans la planification de la venue de S.P Balapramaniam (NdlR : décédé le 25 septembre). Il serait venu avec 25 musiciens du Hemant Kumar Orchestra de Mumbai. C’était un rêve. 

Nous ne sommes pas que des producteurs d’événements, nous sommes des producteurs de l’art. D’où la nécessité d’aller chercher des artistes de calibre. Nous étions inondés d’offres d’artistes qui souhaitaient venir à Maurice. Nous avons fait le pari de miser sur des artistes qui ont une valeur ajoutée. 

Cette année, nous voulions faire le festival du rire mauricien, Humoris. Cela allait être un mini Marrakech du Rire, avec sept talents français émergents du standup. Le parrain allait être Kev Adams. Nous étions en négociation avec une chaine française pour produire une émission. INbox devait aussi produire Kev Adams à La Réunion en avril, 2 000 billets étaient déjà vendus, mais tout a été annulé. Notre premier gros projet à La Réunion a été totalement anéanti. 

On voulait aussi faire une ghazal nite avec des musiciens mauriciens et des chanteurs étrangers. Pour un marché niche. 

Je vais aussi vous dire que nous étions en négociation pour fêter les 60 ans de Yannick Noah à Maurice vers juin-juillet. Depuis que nous avons organisé les shows de Jamel Debbouze et Kev Adams, nous avons gagné en crédibilité. 

Quand tout a été annulé, on ne pouvait pas rester les bras croisés. Il faut saluer le courage des producteurs locaux qui prennent de gros risques financiers. 

Mais la tendance c’est que les artistes mainstream trouvent du travail dans les hôtels et les artistes du circuit hôtelier restent sur le carreau ? 
Sa li vre. Les artistes locaux de renom entraînent un public. Quelque chose que les artistes d’hôtels n’ont pas. C’est le marché qui réagit ainsi, sans manquer de respect aux artistes d’hôtels. Si c’était moi, je leur aurais donné au moins une heure de prestation avant la vedette. 

Vous vous êtes lancé dans le «Bollywood Music Project» en soulignant que ce n’est pas un festival traditionnel. Pourquoi ? 
La musique de Bollywood, le deejaying bollywood, les interprètes locaux de bollywood n’ont jamais pu avoir le statut qu’ont les artistes de renom dans le séga, le reggae, le seggae etc. Ils sont restés cantonnés à l’image de bollywood sous la tente. Nous voulons rompre avec cela. Alors qu’on a de très bons chanteurs, certains ont fait la première partie de concert d’artistes bollywood, ici. Avec la crise de covid-19, il y a moyen pour ces artistes d’émerger, avec des prestations techniques de qualité, une vraie scène et une sonorisation professionnelle. C’est comme cela que ces artistes vont progresser. 

Pour le music project, nous avons monté un spectacle de trois heures avec des chansons bollywood des années 50 à nos jours. Avec pour fil conducteur un hommage aux chanteurs qui ont marqué chaque décennie. 

Le deejaying bollywood a fait beaucoup de progrès. Mais encore une fois il est resté sous la tente. Le deejaying n’est pas qu’une affaire de remix. C’est une recréation artistique, une question d’émotion. 

Le créneau bollywood n’est pas très visible dans l’hôtellerie. 
C’est vrai. On ne dit pas que l’on n’est pas diverti par le reste, mais il manque ce type de formule. Voilà pourquoi on s’est lancé. 

Le public mauricien estil devenu un festivalier ? 
À ce stade c’est prématuré de se prononcer. Mais c’est sûr qu’il y a un public pour le clubbing/ deejaying. Pour ce public, au lieu d’aller dans une boîte c’est plus intéressant d’aller sur une plage, dans des ruines, une forêt. La qualité des DJ est intéressante.