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Bélarus: l’opposition dans la rue malgré la menace de tirs à balles réelles

18 octobre 2020, 09:38

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Bélarus: l’opposition dans la rue malgré la menace de tirs à balles réelles

L’opposition bélarusse prévoit une nouvelle grande manifestation dominicale contre le président Alexandre Loukachenko, cette fois sous la menace de tirs à balles réelles de la police, qui avait déjà maté dimanche dernier le précédent rassemblement.

Cette action de protestation est aussi la première d’ampleur depuis l’ultimatum fixé à M. Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, par la figure de proue de l’opposition Svetlana Tikhanovskaïa, réfugiée en Lituanie. Elle a donné au président jusqu’au 25 octobre pour se retirer, sans quoi elle appellera le pays à descendre dans la rue et à une grève générale.

Le président de 66 ans, sous une pression inédite depuis l’élection présidentielle controversée du 9 août, n’a montré aucune intention de se plier aux revendications de ses détracteurs, au contraire.

Toutes les figures de l’opposition bélarusse sont aujourd’hui détenues ou en exil à l’étranger. Et dimanche dernier, la manifestation hebdomadaire à Minsk a été violemment réprimée par la police, qui a utilisé des canons à eau et grenades assourdissantes contre la foule et arrêté des centaines de personnes. Cette intervention fut la plus brutale depuis des semaines.

Lundi, le ministère de l’Intérieur a averti que la police n’hésitera pas désormais à recourir «si nécessaire» aux tirs à balles réelles, ce qui constituerait une escalade sérieuse de la crise.

Les autorités, qui accusent les Occidentaux de fomenter les protestations pour faire chuter Alexandre Loukachenko, ont justifié cette décision en assurant que les manifestations étaient devenues «organisées et extrêmement radicales» avec «jets de pierres, bouteilles et couteaux» sur les forces antiémeutes, ainsi que des «barricades et brasiers» dans les rues.

Le chef du KGB, Ivan Tertel, a de son côté assuré samedi avoir connaissance d’une «provocation imminente» en préparation afin de «déstabiliser» le Bélarus.

«Cette marche ne sera pas différente des autres (...) c’est juste une autre tentative de faire peur», a estimé auprès de l’AFP Dmitri Malets, 33 ans, un partisan de l’opposition.

La police bélarusse avait déjà tiré à balles réelles début août, lors des premières manifestations réprimées par la force à Brest, dans le sud du pays. Un manifestant était alors décédé des suites de ses blessures.

Ultimatum

D’autres rassemblements, plus petits, ont été réprimés par la police depuis la dernière manifestation géante de dimanche.

Lundi, la police a dispersé avec du gaz lacrymogène et des grenades assourdissantes une manifestation de retraités, défilant aux couleurs rouge et blanc de l’opposition dans les rues de Minsk.

Samedi, lors de la traditionnelle manifestation des femmes et celle des étudiants, plusieurs personnes dont des journalistes ont été arrêtées.

Dans son ultimatum fixé au 25 octobre, l’opposante Svetlana Tikhanovskaïa a, outre la démission de M. Loukachenko, réclamé la fin de la répression des manifestations et la libération de tous les «prisonniers politiques».

«Si nos demandes ne sont pas satisfaites d’ici le 25 octobre, tout le pays descendra pacifiquement dans la rue», a-t-elle averti mardi. «Et le 26 octobre, une grève nationale de toutes les entreprises commencera, toutes les routes seront bloquées, les ventes dans les magasins d’Etat s’effondreront».

Depuis le début du mouvement de contestation, des centaines de manifestants, responsables de mouvements politiques, d’organisations syndicales et des journalistes ont été arrêtés.

Si M. Loukachenko jouit du soutien de Moscou, il est sous le coup d’une menace de sanctions de l’Union européenne.

L’UE a déjà sanctionné 40 responsables du régime, dont le ministre de l’intérieur et son adjoint, accusés d’être impliqués dans la répression et le truquage de l’élection présidentielle du 9 août dont les Européens ne reconnaissent pas le résultat.

M. Tikhanovskaïa a elle multiplié les déplacements à l’étranger, engrangeant les soutiens de Berlin et Paris notamment, mais Moscou considère ces interventions comme une ingérence et juge que l’opposante et ancienne candidate à la présidentielle n’est pas une interlocutrice légitime.