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Yoshihide Suga, favori pour diriger le Japon, se déclare candidat

2 septembre 2020, 18:20

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Yoshihide Suga, favori pour diriger le Japon, se déclare candidat

 

Yoshihide Suga, bras droit du Premier ministre démissionnaire du Japon Shinzo Abe, a officiellement annoncé mercredi sa candidature pour diriger le pays, le soutien croissant du parti au pouvoir faisant de lui le grand favori.

«J’ai décidé d’annoncer ma candidature», a déclaré M. Suga lors d’une conférence de presse en s’engageant à «poursuivre le travail» du Premier ministre sortant.

Agé de 71 ans, M. Suga est depuis longtemps considéré comme un successeur potentiel de M. Abe, qu’il a servi pendant des années comme proche conseiller, porte-parole du gouvernement et coordinateur de la politique entre les ministères et les agences de l’Etat.

Dès que M. Abe a fait l’annonce surprise de sa démission pour raisons de santé, M. Suga est apparu en bonne position pour un scrutin au sein du Parti libéral-démocrate (PLD, au pouvoir) fixé mercredi au 14 septembre.

Cette élection interne sera suivie, probablement deux jours plus tard, d’un vote au Parlement. Mais cette ultime étape pour élire le Premier ministre ne devrait être qu’une formalité, le PLD contrôlant les deux chambres de la Diète avec son allié, le parti Komeito.

La victoire de M. Suga est «de plus en plus assurée» car les factions du PLD «se sont rangées derrière lui», à l’exception de celles dirigées par les deux autres candidats déjà déclarés, Shigeru Ishiba et Fumio Kishida, a commenté Tobias Harris, expert de la politique japonaise du cabinet d’études Teneo.

Un scrutin réduit

Le soutien des grandes factions est déterminant dans cette élection car le PLD a décidé mardi d’opter pour un scrutin au format réduit et accéléré, où seuls ses parlementaires et des délégués régionaux pourront voter, et non tous les adhérents du parti.

Le président du conseil général du PLD, Shunichi Suzuki, avait justifié ce choix au nom de l’urgence de la situation, étant donné les ennuis de santé de M. Abe.

Le Premier ministre de 65 ans, en poste depuis fin 2012, a annoncé en fin de semaine dernière son intention de démissionner après avoir été rattrapé par une maladie inflammatoire chronique de l’intestin, la rectocolite hémorragique, qui avait déjà été l’une des raisons de la fin précipitée de son éphémère premier mandat de Premier ministre en 2007.

M. Abe a dit qu’il comptait rester à son poste jusqu’à la nomination de son successeur, et n’a pas donné de consigne de vote.

M. Suga avait joué un rôle déterminant dans le retour au pouvoir de M. Abe, après l’échec de son premier mandat de Premier ministre.

Fils d’agriculteur de la région d’Akita (nord) ayant lui-même financé ses études, ses origines modestes détonnent au sein d’un PLD dominé par des héritiers de grandes familles politiciennes.

Les observateurs et les milieux d’affaires s’attendent avec lui à une grande continuité des politiques clé du gouvernement Abe, auxquelles il a activement contribué depuis près de huit ans.

Tâche immense

S’inquiétant de la «crise nationale» que traverse le Japon, M. Suga a estimé mercredi qu’il fallait éviter tout «vide politique». «Il n’y a pas d’instant à perdre», a-t-il ajouté.

Les défis s’annoncent en effet colossaux, de la gestion de la crise du coronavirus à une économie japonaise tombée en récession, en passant par des relations diplomatiques compliquées avec la Chine et la Corée du Sud et des Jeux olympiques de Tokyo toujours en suspens.

M. Ishiba et M. Kishida, tous deux âgés de 63 ans, ont dressé ces derniers jours un bilan mitigé de la politique économique de M. Abe, caractérisée notamment par une politique monétaire ultra-accommodante et des relances budgétaires massives.

Selon eux cette politique a porté ses fruits pour les grandes entreprises et les marchés financiers, mais a négligé les ménages à revenus modestes et les zones rurales.

Ancien ministre de la Défense (2007-2008), Shigeru Ishiba est apprécié de l’opinion publique mais n’a pas les faveurs de nombreux élus du PLD qui lui reprochent ses volte-face récurrentes et ses critiques envers M. Abe.

Fumio Kishida a été le chef de la diplomatie japonaise de 2012 à 2017 mais souffre d’un déficit de notoriété et de charisme, même s’il avait été longtemps considéré comme le favori de M. Abe pour lui succéder un jour.