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Naufrage du Wakashio: le corail cerveau sensible à la marée noire

23 août 2020, 22:30

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Naufrage du Wakashio: le corail cerveau sensible à la marée noire

Selon un communiqué du National Crisis Committee émis le jeudi 20 août, il n’y a eu aucune infiltration d’hydrocarbures du vraquier MV Wakashio dans le parc marin de Blue Bay. Mais «les données du Synthetic Aperture Radar Satellite Analysis (NdLR : satellite spécialement calibré pour détecter les marées noires) du 16 août 2020 indiquent une légère trace d’hydrocarbures, qui semble s’écouler dans le parc marin». C’est que rapporte un article de Forbes. Il est aussi mentionné que cette trace se situe au-dessus du site de corail cerveau datant de 1 000 ans, site connu comme le plus grand et le plus ancien de l’océan Indien et qui abrite des espèces marines fragiles.

Sollicité, Judex Rampaul de l’Offshore Fishermen Coorperative Society, comptant plus de 40 ans d’expérience dans la pêche, constate que le nombre de ces coraux solides s’est réduit au fil du temps.

Pourquoi appelle-t-on le corail concerné corail cerveau ? «Il a une forme plutôt sphérique et sa surface ressemble à un cerveau. Chaque sphère est constituée de carbonate de calcium, secrété pendant des années, voire des siècles, par des polypes génétiquement identiques, qui recouvrent sa partie externe pour lui donner sa couleur», explique Vincent Florens, chargé de cours en Marine Environmental Science à l’université de Maurice.

Il existe plusieurs espèces appartenant à deux familles, soit le Merulinidae et le Mussidae. Ce type de corail croît sur les fonds marins peu profonds des tropiques. Ils sont souvent à larges répartitions, chacun se confinant à une région spécifique, mais généralement vaste tout de même.

Leurs formes massives leur confèrent une excellente protection contre des forces physiques comme de fortes houles. La nuit, ils se nourrissent de plancton et le jour, ils reçoivent une partie de leur nourriture des algues vivant dans leur corps. Malheureusement, le plancton consommé est directement affecté par la marée noire. Même s’il a tendance à se remettre assez rapidement de telles perturbations en quelques semaines ou mois.

Et entre autres problèmes écologiques rencontrés durant cette période hivernale, il y a des migrations de baleines de différentes espèces, venues de l’Antarctique et qui peuvent être affectées. Elles viennent dans les parages de l’océan Indien pour mettre bas ou pour s’accoupler. Judex Rampaul affirme les voir souvent en mer lors de ses sorties.

Comme l’explique Vincent Florens, les baleines sont obligées de remonter à la surface de l’océan pour respirer. Or, l’huile d’une marée noire flotte justement en surface. Aux dires du chargé de cours, il est donc courant que les baleines aspirent de l’huile dans leurs poumons et ceux-ci s’abîment alors. Absorption qui peut avoir des conséquences négatives sur leur système immunitaire ainsi que leur système reproductif. Un impact apparent à court terme sur le cétacé mais aussi à plus long terme, à travers une reproduction réduite.