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Ces données météorologiques qui contredisent le GM

17 août 2020, 11:11

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Ces données météorologiques qui contredisent le GM

Le Premier ministre a affirmé que les manœuvres pour pomper le fioul du Wakashio entre le 27 juillet et le 6 août, ont été retar­dées à cause des conditions clima­tiques difficiles. Mais des données de la météo et des avis de professionnels semblent démontrer un tout autre scénario…

«Pa mwa ki fer météo. Bon pa bon, Bon Dieu ki responsab.» Propos de Pravind Jugnauth à l’occasion du 73e anniversaire de l’indépendance de l’Inde à Souillac, samedi soir. Le chef du gouvernement a ajouté que «fort heureusement, le temps s’est amélioré et on a pu faire enlever le reste du fioul du bateau». Qu’en est-il réellement ? Plus précisément, que dit la météo sur les conditions en mer entre le 25 juillet et le 31 juillet ?

Des informations fournies par le député Ritish Ramful, obtenues auprès de la station météorologique, démontrent que dans le Sud-Est, la mer n’était pas si mauvaise. D’ailleurs, ce constat est partagé par l’ancien directeur de la météo Suresh Boodhoo. «Quand je constate la hauteur des vagues, surtout les 28 et 29 juillet, la moyenne était de deux mètres. Je peux affirmer qu’il ne faut être maitre-nageur pour affronter de telles vagues. Il n’y avait aucun risque de mort d’homme», souligne-t-il. Il ajoute que généralement en hiver, ce type de temps est courant dans cette région du sud, soit des vagues à hauteur moyenne de cinq mètres. Selon l’ancien cadre, ceci ne constitue rien d’anormal, des sorties en mer sont maintenues, voire effectuées par des voiliers.

Suresh Boodhoo va plus loin et estime que le prétexte des conditions climatiques difficiles pour justifier le retard dans les interventions auprès du Wakashio ne tient pas la route. «Par contre, je me demande si nous avons des équipements pour le pompage du fioul, ça, c’est une autre affaire…»

Un ex-commando du Grou­pement d’intervention de la police mauricienne (GIPM), qui a souhaité garder l’anonymat car il est encore employé, est, quant à lui, catégorique. «Des officiers de cette unité auraient pu à n’importe quel moment prendre la mer. Ils avaient été avertis et auraient pu même facilement nager pour atteindre le navire», fait-il ressortir.

Muté au sein de la Special Mobile Force depuis, cet officier qui a été formé du Centre d’Instruction Nautique de la Gen­darmerie (France) se souvient qu’un autre élément du GIPM et lui-même sont intervenus sur le navire Good Hope. Celui-ci avait fait naufrage en juin 1994 à cô­té de St-Brandon et que 13 personnes étaient portées disparues. D’ajouter que la mer était bien plus houleuse dans cette partie de l’océan Indien.

S’il n’est plus attaché au GIPM, il dit avoir appris de ses anciens collègues, qui y sont toujours, qu’à au­cun moment, leur intervention n’a été sollicitée. «Pourtant, ces agents sont formés pour ce genre d’opération, que ce soit par hélicoptère, par bateau ou même à la nage.» De poursuivre qu’il a reçu des appels de la part de ses amis du Centre d’Instruction Nautique de la Gendarmerie, qui lui auraient fait le reproche de ne pas être intervenu, malgré sa formation française.

«J’ai eu honte quand le gouvernement a dit qu’on n’avait pas l’expertise requise pour pouvoir intervenir, surtout en citant le mauvais temps en mer», confie-t- il. Selon lui, pas sûr que le pays dispose d’équipements pour le pompage du fioul. Mais pour cet officier, si dès les premiers jours, le GIPM était intervenu, l’état du navire aurait pu être évalué, tout comme les autres risques et «l’on ne se serait pas fié aux autres experts…»