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MV Wakashio: Kavy Ramano, «Nou pa ti éna indikasion ki ti pou ariv sa staz-la»

7 août 2020, 09:20

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MV Wakashio: Kavy Ramano, «Nou pa ti éna indikasion ki ti pou ariv sa staz-la»

«Pourquoi n’avoir pas sécurisé le navire depuis le premier jour ? Pourquoi avoir attendu ? Cette situation n’aurait-elle pu être évitée ?» Ce sont les questions qu’ont dû répondre les autorités lors d’une conférence de presse au ministère de l’Environnemnent, hier. Selon le ministre Ramano, il fallait suivre un protocole bien établi. «La situation est exceptionnelle. Nou pa ti éna indikasion ki li ti pou ariv sa staz li’nn arivé-la gramatin.» Le directeur du Shipping explique que l’état de la mer ne permettait pas le pompage du fioul. «Même le navire n’a pas pu être sécurisé par le remorqueur au premier jour à cause de l’état de la mer», a soutenu Alain Donat. 

Selon Kavy Ramano, la situation n’est pas simple, elle est délicate. Oubliant l’épisode du MV Benita, le ministre de l’Environnement a indiqué que c’est la première fois que le pays fait face à une telle situation. En effet, le MV Benita contenait 20 fois moins de carburant que le Wakashio. Pour contenir le fioul, des barrages flottants antipollution additionnels ont été déployés dans le lagon pour sécuriser les zones sensibles, notamment le parc marin de Blue-Bay, l’île-aux-Aigrettes et les sites Ramsar. 

Le comité de coordination a fait appel à l’île de la Réunion pour le transport des équipements. Gregory Martin, chargé de mission, fera la liaison. Une communication a été également établie avec les autorités françaises pour déclencher le plan Polmar pour les pollutions maritimes. Un avion a décollé de la Grèce pour des équipements antipollution destinés à Polyeco. 

Comment le déversement s’est-il produit ? Alain Donat explique que le navire a commencé à avoir des fissures. «Vers les 8 h 30, les salvers nous ont dit qu’il fallait les évacuer car cela devenait dangereux. Bato ti pé koumans kraké. Li’nn kraké deryer klwazon enn konpartiman ki konténir 1 883 m2 fioul.» À ce stade, on ne connaît pas la quantité de fioul déversée. Selon le CP Khemraj Servansing, trois salvers sont montés à bord pour une éva-luation. Leur rapport ainsi qu’un plan technique sont attendus. 

Par ailleurs, le ministère de l’Éducation a décidé de fermer les écoles pré-primaires, primaires et secondaires se trouvant dans les régions de Mahébourg et environnantes, incluant celle de Special Education Needs de Ferney. L’école Notre Dame de Grand Pouvoir RCA est également fermée.

Emmanuel Anquetil SSS : Les élèves contraints de partir tôt

La forte odeur qui se dégageait après la fuite de fioul du navire a eu raison des classes de l’école Emmanuel Anquetil SSS, à Mahébourg. Les collégiens ont, en effet, dû quitter l’école en début d’après-midi, vers 13 h 30, pour ne pas mettre en péril leur santé. Nombreux étaient les élèves à s’être plaints de maux de tête, de vertige et sujets à des vomissements suivant une inhalation prolongée de l’odeur de fioul présente dans la région. Sollicité concernant cette fermeture d’urgence, le recteur de l’établissement a indiqué avoir contacté les personnes concernées et s’est abstenu de tout autre commentaire. Une source du ministère de l’Éducation a, plus tard, confirmé que le collège a fermé ses portes plus tôt que d’habitude. L’établissement sera toujours fermé aujourd’hui. Rappelons que l’exposition pendant plusieurs heures, voire plusieurs jours, aux odeurs de fioul est faiblement nocive. Néanmoins, celles-ci peuvent provoquer des maux de tête, le vertige, de nausées ou encore des irritations temporaires des muqueuses qui sont fort heureusement sans risque de séquelles.

Roshi Bhadain: «Le pays paye le prix de l’incompétence du gouvernement»

Le leader du Reform Party a tenu à se rendre à Pointe-Jérôme hier, où les différentes unités de la police, la Mauritius Wildlife Foundation ainsi que des volontaires tentaient tant bien que mal de contenir la propagation d’hydrocarbures dans le lagon. Roshi Bhadain accuse directement le gouvernement d’incompétence et le dénonce d’avoir «menti» à la population. «Zot dir bato pé répozé, péna risk. Nou péi pé pey pri inkonpétans sa gouvernma-la. Zot pé kouyonn dimounn. Inn ler pou lev paké alé.» 

Soulignons que le leader du Parti travailliste, Navin Ramgoolam, a également donné rendez-vous à ses mandants à côté de l’hôtel «Preskil», à 11 h 30. Selon nos recoupements, il sera rejoint par les leaders des autres partis de l’opposition.

Réactions

Osman Mahomed, député rouge et ingénieur 
«Le navire s’est échoué le 25 juillet. Entre le 25 et le 31 juillet, selon les témoignages des pêcheurs, le navire tanguait dans plusieurs directions à cause des vagues et du vent. Pourquoi n’a-t-on pas sécurisé le navire pendant ces sept jours ? Nous avons donné l’occasion à ce vraquier de s’endommager encore plus. Car un bateau si l’on ne le sécurise pas, il va se cogner avec les coraux. J’avais posé la question au Parlement. Le ministre de l’Environnment, Kavy Ramano, a confirmé que des fissures internes ont été décelées et qu’elles auraient pu être évitées.» 

Joanna Bérenger, députée mauve 
«Vont-ils encore nous dire que tout est ‘under control’ ? Ou bien diront-ils que ce sont les calamars qui lâchent leur encre en signe de défense ? Depuis plusieurs jours déjà, tout le monde tirait la sonnette d’alarme sur la situation du vraquier ! L’heure viendra où il faudra rendre des comptes et situer les responsabilités. Les dommages sur l’écosystème marin seront difficiles à surmonter. Quelle destination va-t-on promouvoir désormais à des touristes de plus en plus avertis écologiquement ? Ce pays est en chute libre sur tous les vecteurs de développement qui comptent : moralité de la vie publique ; compétences dans les prises de décision ; capacité de faire face aux affaires du quotidien ; obligation de revoir notre modèle social afin de démarrer une autre ère de développement ; impératif de conserver et de protéger nos ressources pour les générations futures… Je suis vraiment très inquiète.» 

Sébastien Sauvage, d’Eco-Sud 
«On assiste à un désastre écologique qui s’annonçait depuis déjà plusieurs jours. Les autorités n’ont pas pu empêcher le navire de se diriger droit sur nos récifs. Après, ce fut une cascade de manquements : on n’a pas pu immobiliser le navire pour l’empêcher de pivoter ni installer 1,5 kilomètre de bouées devant le vraquier comme nous l’avions demandé et ce malgré des périodes d’accalmie de la mer. On a aussi négligé de faire accoster un navire pour pomper l’huile du ‘Wakashio’. Pour couronner le tout, l’idée de remplir la cale no 6 d’eau pour supposément le stabiliser a provoqué une tension sur la coque et la structure a maintenant des fissures qui s’agrandissent à vue d’oeil. Résultat : notre lagon et ses coraux, algues et poissons sont désormais menacés. Nous, chez Eco-Sud, nous avons déjà proposé aux autorités de préparer un plan pour coordonner le travail de nettoyage des plages et autres lieux qui pourraient être affectés par des volontaires qui se sont déjà déclarés. Mais, jusqu’ici, aucune réponse. Cet immobilisme de la part des autorités est symptomatique de la façon qu’opère ce gouvernement, surtout en ce qui concerne la communication et la transparence.» 

DR Ranjeet Bhagooli, scientifique et «Senior Lecturer» à l’UoM en étude océanique et biosciences 
«Le niveau de risque concernant la qualité d’eau, ainsi que pour la faune et la flore marine, dépendra du temps que les autorités prendront à absorber l’huile. Ceci pourrait être une course contre la montre car si les autorités n’agissent pas rapidement, la récupération risque d’être impossible. Malheureusement, si le courant venant en direction de l’île-aux-Aigrettes est fort, l’huile risque de se répandre plus rapidement et s’étalera davantage. Les éléments solubles et insolubles de cette huile sont néfastes et l’état de l’écosystème risque de se dégrader. Par exemple, ces éléments solubles voyagent et empêchent le processus de photosynthèse en partant se poser sur les feuilles des plantes et bouchent les stomates. Même sort pour les poissons du lagon, qui risquent de s’étouffer en raison de l’huile qui bloque leur système respiratoire. Les microalgues, nourriture des coraux, ne sont également pas épargnées.» 

Yahia Nazroo, avocat et photographe 
«I decided to go there personally today to see for myself what was happening; it was heart-breaking to see all this oil surrounding île-aux-Aigrettes, an island I know very well having been on assignment to photograph endangered species there. There is no doubt this is a tragedy. I am no expert to say whether the vessel is sinking or not but there is equally no doubt that the oil has spilled and has reached our shores; I have photographed this and my photos never lie!»