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Pointe-d’Esny: les coraux crient-ils au secours ?

5 août 2020, 22:00

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Pointe-d’Esny: les coraux crient-ils au secours ?

L’association Eco-Sud avait prévenu dès samedi soir, à l’approche de l’anticyclone, que le MV Wakashio devrait être immobilisé, même par un petit remorqueur disponible au port. Au cas contraire, le pivotement du vraquier causé par les houles allait endommager davantage les coraux. Si à samedi, 300 mètres de récif corallien étaient déjà affectés, à hier, nous dit un militant d’Eco-Sud, au moins un kilomètre était touché.

«L’écume blanche que l’on peut voir ? Il s’agit de sédiments provenant des coraux écrasés par le poids du navire. Au lieu de couler au fond, ils remontent à la surface probablement par l’action des vagues et de l’hélice du navire.» Selon un militant d’Eco-Sud, si le pays a échappé à une pollution d’hydrocarbures jusqu’ici, c’est à un autre désastre écologique auquel l’on est confronté. «Cette barrière de corail repoussait tranquillement en l’absence de cyclones ces dernières années. Le Wakashio aura causé davantage de dommages qu’un cyclone.»

Mais comment s’est produit ce ‘désastre’ ? «Il faut savoir que le navire, même s’il pèse 100 000 tonnes, peut facilement être immobilisé par un petit remorqueur», nous explique un membre d’Eco-Sud, spécialiste maritime. «Non seulement on ne l’a pas fait dès samedi mais à ce jour (NdlR, hier, mardi 4 août), le navire naufragé pivote toujours et l’a fait à 150 degrés, écrasant la  barrière encore plus.»

Sébastien Sauvage, membre d’Eco-Sud, se demande si les autorités ont évalué l’ampleur des dégâts. Selon lui, la traînée de poudre blanche s’étend sur plusieurs kilomètres. «Ce qui m’interpelle aussi, ce sont les effets de cette étendue de sédiments sur la vie marine et notamment sur les coraux se trouvant sous cette nappe blanche tout en sachant que, faute de lumière, ces coraux sont condamnés.» 

Sébastien Sauvage prévient que toute compensation financière ne fera pas repousser ces coraux plus vite. «Il faut savoir que les coraux, y compris la barrière affectée, sont des lieux de ponte des poissons. Cela prendra des années avant que ces coraux ne reprennent vie.»

Le rapport de la 8e  réunion de coordination et de la 5e réunion du National Oil Spill Contingency Plan fait également mention d’une traînée de sable qui a été observée dans la mer sous le navire.  Selon une source, la traînée de sable s’est formée à cause du vraquier qui bouge sur lui-même. Le temps venteux et la mer agitée avec de grosses houles n’arrangent pas la situation.

Par ailleurs, l’expertise de l’International Tankers Owners Pollution Federation Limited a été retenue pour conseiller les autorités en cas de déversement. À lundi, aucune trace d’hydrocarbures, d’huile ou de lubrifiants n’avait été détectée dans les échantillons d’eau de mer collectés quotidiennement à Mahébourg, Pointe-Jerôme, Pointe-d’Esny et Blue-Bay.