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Covid-19: la France peut «basculer à tout moment»

4 août 2020, 19:58

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Covid-19: la France peut «basculer à tout moment»

«Nous pouvons basculer à tout moment»: dans l’insouciance de l’été et des vacances, la France n’est pas à l’abri d’une reprise incontrôlée de l’épidémie de Covid-19, avertit le Conseil scientifique qui guide le gouvernement, alors que les cas augmentent et que les restrictions se multiplient.

Dernière en date: la maire de Paris Anne Hidalgo a demandé à ce que le port du masque soit obligatoire dans certains espaces publics, comme les marchés et les quais de Seine.

«Le virus circule de façon plus active, avec une perte accentuée des mesures de distanciation et des mesures barrières : l’équilibre est fragile et nous pouvons basculer à tout moment dans un scénario moins contrôlé comme en Espagne par exemple», met en garde le Conseil sientifique dans un nouvel avis rendu public mardi.

«L’avenir de l’épidémie à court terme est en grande partie entre les mains des citoyens», qui doivent respecter les mesures barrières, poursuit le Conseil, selon qui «la France se trouve dans une situation contrôlée mais fragile».

Au-delà du court terme, l’instance juge «hautement probable qu’une seconde vague épidémique soit observée à l’automne ou l’hiver», comme elle l’avait déjà dit.

Ces dernières semaines, les autorités mettent en garde contre une possible aggravation de la situation, à la lumière d’indicateurs en hausse: la semaine du 20 au 26 juillet, le nombre de nouveaux cas confirmés a connu une augmentation importante, de 54% (5.592 au total), et la barre des 1.000 nouveaux cas par jour a été dépassée, selon l’agence sanitaire Santé publique France.

En outre, le nombre de patients atteints du Covid-19 hospitalisés en réanimation a augmenté de 13 cas depuis vendredi (384 au total), rompant avec la tendance à la baisse observée depuis avril, selon la Direction générale de la Santé (DGS) lundi.

Face à ce constat, les autorités ont multiplié les mesures. Après l’obligation du masque dans les lieux clos, dont les commerces, le 20 juillet, le gouvernement a permis aux préfets de l’imposer à l’extérieur s’ils le jugent nécessaire.

C’est notamment le cas dans plusieurs dizaines de communes de Mayenne, département où le virus est particulièrement présent, dans certaines zones de Nice, Toulouse et de la métropole lilloise, ou encore certains lieux de Haute-Savoie.

«Nous sommes encore en période de Covid-19 et donc il importe de continuer à respecter les gestes barrières, de porter le masque, de se laver régulièrement les mains au gel hydroalcoolique, de faire attention», a déclaré mardi le président de la République, Emmanuel Macron, en visite à Toulon.

La veille, le Premier ministre Jean Castex avait appelé à «ne pas baisser la garde», pour éviter «la perspective d’un reconfinement généralisé».

- «Alarmisme»? -

C’est également la ligne du Conseil scientifique: «La réponse à cette probable deuxième vague (à l’automne ou à l’hiver, NDLR) devra être différente de la réponse à la première».

Le Conseil demande aux autorités des «plans de prévention» axés notamment sur les vingt plus grandes métropoles: «Un +confinement local+ plus ou moins important en fonction de l’épidémie doit faire l’objet d’une préparation dans ces zones à forte densité de population».

Il déplore également des «lenteurs» dans la stratégie gouvernementale consistant à tester, tracer et isoler les cas positifs, et préconise d’améliorer «l’accès aux tests», dont les délais sont trop longs.

«Bien sûr que j’ai peur de la deuxième vague!», a estimé mardi à l’AFP Marcelle Rousseau, une septuagénaire parisienne. «Je porte le masque dès que je sors. Je vois beaucoup de jeunes qui ne le font pas. Ça m’inquiète...»

«Quand on nous a déconfinés, ça semblait terminé. Maintenant, on ne sait plus sur quel pied danser. J’essaie de porter le masque le plus possible, en tout cas dès qu’il y a trop de monde autour de moi», a de son côté expliqué Vincent Texier, quadragénaire en recherche d’emploi.

Toutefois, certains scientifiques appellent à mettre les chiffres en perspective.

«La situation en France ne justifie aucunement de dire qu’il y a une aggravation», a récemment affirmé à l’AFP Yonathan Freund, professeur de médecine d’urgence à la Pitié-Salpêtrière à Paris.

«S’il y a 1.000 cas par jour, c’est parce que le virus circule, et c’est normal. L’épidémie est maîtrisée, si jamais on se fait dépasser, on le saura très en avance», a poursuivi ce médecin, qui s’élève contre un excès «d’alarmisme», même si sa position est minoritaire.

L’épidémiologiste Antoine Flahault, lui, pointe une hausse de «l’anxiété» depuis la fin du confinement: «Elle conduit à faire glisser progressivement de l’objectif initial (éviter l’engorgement des services de réanimation) vers un objectif de suppression de la circulation du virus au niveau le plus bas possible».

«On passe d’un risque qui était jugé acceptable et que l’on cherchait à contrôler à une doctrine du risque zéro», dit-il à l’AFP.