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Mauritius Investment Corporation: les critères d’éligibilité des aides aux sociétés privées reviennent sur le tapis

19 juin 2020, 17:30

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Mauritius Investment Corporation: les critères d’éligibilité des aides aux sociétés privées reviennent sur le tapis

La Mauritius Investment Corporation a été mise sur pied pour aider financièrement les compagnies systémiques les plus affectées par le Covid-19. Mais les critères d’éligibilité sont stricts, fait-on comprendre au sein du ministère des Finances. Qu’en est-il alors des entreprises cotées en bourse qui en font la demande, à l’instar de «LUX* Island Resort», filiale d’IBL ?

À ce jour, la Mauritius Investment Corporation (MIC) a reçu une trentaine de demandes de soutien financier. Or, aucun décaissement n’a encore été effectué, précise-t-on à la Banque centrale. La raison ? «Plusieurs paramètres sont pris en compte lors de l’examen des dossiers car il s’agit avant toute chose de l’argent de l’État», dit une source à la MIC.

«L’objectif est d’éviter le chômage dans les secteurs les plus affectés. Si la MIC vient en aide à des compagnies qui en font la demande, les conditions sont strictes de même que le processus de vérification de ces demandes», avance-t-on du côté du ministère des Finances.

À quelques jours de la présentation du Finance Bill, qui vise à amender les lois nécessaires suivant le Budget 2020-2021, les critères d’éligibilité des aides de l’État aux compagnies privées en difficulté reviennent sur le tapis. Les conglomérats doivent-ils bénéficier de ces aides ?

Dividende payé aux actionnaires

Dans ce contexte, le cas d’IBL Ltd interpelle – LUX* Island Resort, une filiale du groupe, ayant fait une requête auprès de la MIC. La compagnie a rendu public sa «dividend announcement» de même que son bilan financier pour le trimestre et les neuf mois se terminant à mars 2020.

Le conseil d’administration d’IBL a déclaré qu’un dividende de Rs 0,39 par action sera intégralement payé à tous les actionnaires de la société inscrits à la fermeture des bureaux le 1er juillet 2020.

Or, dans son bilan financier, le groupe dit anticiper un impact sévère sur l’exercice du dernier trimestre de l’année financière qui se termine au 30 juin 2020 à cause de l’arrêt des activités dû au confinement lié au Covid-19. Parmi les secteurs dans lesquels opère IBL, il ressort que l’hôtellerie se verra particulièrement touchée.

«The group is anticipating a slow and gradual recovery for hotel bookings as from October 2020, but given the strong dependency on air travel and open borders, it is expected to take at least 18 months to get back to normal operating levels. Discussions are ongoing with Mauritius Investment Corporation Ltd to finalise a support package for the Tourism sector with an objective to keep the sector alive and save employment as much as possible», peut-on lire dans le financial statement de IBL.

Mais pourquoi IBL, dans son ensemble, ne vient pas en aide à sa filiale en difficulté à travers un plan d’aide ? Ou en annulant tout simplement les paiements des dividendes aux actionnaires du groupe en cette période de crise afin d’aider ce segment en souffrance au lieu de faire appel à l’aide de l’État ?

Aucun revenu

«La requête à la MIC a été faite par LUX* Island Resort, compagnie listée sur la SEM et employant plus de 2 000 personnes et qui ne reçoivent plus aucun revenu depuis la troisième semaine de mars 2020. Et cela, pour encore sans doute quelques mois», dit-on à IBL. Et d’ajouter que «le maintien de l’emploi passe par un soutien du gouvernement directement à travers le Wage Assistance Scheme (WAS) et la MIC. LUX* Island Resort n’a pas déclaré de dividendes pour l’année au 30 juin 2020».

Concernant le paiement des dividendes de la compagnie, le groupe ajoute que «IBL Ltd est un investisseur dans LUX* Island Resort et IBL, elle-même cotée sur la SEM, a plus de 12 400 actionnaires qui soutiennent sa stratégie et, donc, son cours en bourse. Le soutien que recherche LUX* Island Resort comme bon nombre de sociétés ayant souffert de cette crise du Covid-19 est indépendant de la politique de dividende d’une société n’ayant pas fait appel au WAS ou à la MIC

Il est à noter que le groupe IBL comptabilise 680 224 040 actions, ce qui implique que les paiements de dividendes totalisent un peu plus de Rs 265 millions.

Face à cela, à la MIC, on tient à préciser que chaque cas est passé à la loupe par le panel s’occupant des demandes déposées et que chaque détail compte pour obtenir des fonds de l’État, «Pour illustrer, c’est comme prendre un emprunt bancaire, il y a beaucoup de vérifications faites au préalable et aucun détail ne nous échappe.»

«Plus de transparence !»

Pour le député mauve Reza Uteem, il est primordial d’apprendre davantage sur les critères d’éligibilité de ces aides de l’État. «Aux États-Unis, avant le décaissement de fonds publics, l’on s’assure que ces compagnies qui demandent une aide financière ne déclarent aucun dividende, mais plus encore que les salaires des top earners soient d’abord réduits. Ici, il y a une opacité totale. Est-ce délibéré ? Nous demandons plus de transparence.»

Pour ce qui est de la déclaration des dividendes des compagnies pendant cette période difficile, le député du MMM ajoute que plusieurs sociétés choisiront de déclarer leurs dividendes cette année car elles seront taxables à partir de l’année prochaine.

Ancien ministre des Finances, Rama Sithanen avait lui aussi soulevé ce point quant aux aides financières proposées par l’État, le 27 avril, dans les colonnes de l’express. «Companies that form part of a conglomerate or a holding should be assessed on the basis of the group and not at the level of each enterprise. Many subsidiaries of a larger group have claimed the wage subsidy even if their group is doing fine and has reserves. However, the rules are so crafted that they can access the wage subsidy. We should plug this loophole. A simple example will drive home this point. Conglomerate A has 15 companies. Its holding takes out huge dividends from these subsidiaries and consolidates them at the group entity. Is it fair, Prime Minister, for one company from this group to apply for wage support while its parents sit on reserves and many of our single mothers with kids and who are unemployed get nothing at all? Surely this cannot be right», a-t-il écrit dans son article intitulé «Proposals to review the two wage schemes for fairness, equity, compassion and solidarity».

Par ailleurs, à noter qu’à l’international, des compagnies de plusieurs pays ont annulé le paiement des dividendes. À l’instar du Royaume-Uni, où les entreprises ont réduit ou différé le paiement de 30 milliards de livres sterling de dividendes pour consolider leurs bilans afin de résister à l’impact financier de la crise du coronavirus, souligne The Guardian.

Le ministère des Finances maintient la ligne dure : les conditions resteront strictes pour le décaissement des fonds aux compagnies du privé.