Publicité

Royaume-Uni: contestée, la quarantaine des voyageurs entre en vigueur

8 juin 2020, 18:43

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Royaume-Uni: contestée, la quarantaine des voyageurs entre en vigueur

Afin d’éviter l’importation de cas de nouveau coronavirus pendant son déconfinement, le Royaume-Uni a commencé lundi à imposer une quarantaine de deux semaines à toute personne arrivant de l’étranger, une mesure critiquée qui affole les secteurs aérien et du tourisme.

Cette mise en quarantaine, qui sera réévaluée toutes les trois semaines, concerne toutes les arrivées par terre, mer et air, que les voyageurs résident ou pas au Royaume-Uni.

Elle vise à éviter des cas de Covid-19 venus de l’étranger au moment où le pays lève progressivement les restrictions mises en place fin mars pour contenir la propagation du virus.

«J’espère vraiment que les gens pourront prendre l’avion, partir en vacances cet été, mais nous devons commencer par adopter une approche prudente», a plaidé dimanche le ministre de la Santé, Matt Hancock, sur la chaîne de télévision Sky News.

Des contrôles aléatoires seront mis en oeuvre et les contrevenants s’exposent à une amende de 1 000 livres (1 122 euros). Des exceptions sont prévues pour les transporteurs routiers, les personnels de santé, les cueilleurs de fruits ou les voyageurs en provenance d’Irlande.

Selon un porte-parole de Downing Street lundi, la mesure est jusqu’ici bien respectée.

Mesure «folle»

Mais le secteur de l’aviation est vent debout contre cette mesure, qui l’empêchera selon lui de se relever du terrible choc de la pandémie.

A l’aéroport londonien d’Heathrow, 25 000 emplois sont menacés par la quarantaine, soit le tiers des effectifs totaux, a prévenu le patron de l’aéroport, John Holland-Kaye, dans le podcast du quotidien du centre des affaires londonien City AM.

Parmi les voyageurs qui s’y trouvaient lundi, les avis étaient mitigés.

«C’est une bonne idée», a dit à l’AFP Sandy Banks, 45 ans, de retour de Jamaïque avec ses trois enfants, «d’autres pays le font».

Un avocat néerlandais vivant à Londres, tout juste rentré d’une semaine à Amsterdam juge, lui, la mesure «folle». «Il y a plus de personnes qui sont malades et qui meurent au Royaume-Uni, c’est l’Europe qui devrait probablement se protéger de nous».

Le Royaume-Uni dénombre 40 542 morts de personnes testées positives au nouveau coronavirus - et même plus de 48 000 en incluant également les cas suspects - pour près de 287 000 contaminations, selon le dernier bilan officiel dimanche.

Et, selon une étude des autorités de santé anglaises (PHE England) et de chercheurs de l’université de Cambridge, le virus accélère légèrement sa propagation dans certaines régions depuis le début du déconfinement.

Même si le gouvernement ne l’avait pas rendu obligatoire, «personnellement, je me serais quand même mise en quarantaine parce que je ne sais pas si je transporte quelque chose», a déclaré à la gare de St Pancras, à Londres, Fatima Camara, une ingénieure de 31 ans qui travaille en France mais traverse souvent la Manche.

Sylvain Preumont, 50 ans, chef d’entreprise, fait l’aller-retour toutes les semaines entre les deux pays, ce qui le dispense d’observer la quarantaine. Pour lui la mesure n’a «pas de sens»: «les diplomates en sont exempts, les chauffeurs de camion en sont exempts, les gens qui travaillent sur le Covid en sont exempts... Et du coup ça devient ridicule, car ceux qui en sont exemptés, ce sont ceux qui sont le plus exposés!».

Ponts aériens

Les compagnies aériennes British Airways, EasyJet et Ryanair ont demandé dimanche au gouvernement de renoncer à cette «quarantaine inefficace, qui aura un effet dévastateur sur l’industrie touristique britannique et détruira (...) des milliers d’emplois». Elles ont cosigné une lettre officielle adressée vendredi au gouvernement, étape préliminaire à une éventuelle action en justice.

«Des milliers d’Européens qui se rendraient normalement au Royaume-Uni en juillet et en août, pendant la haute saison, ne viendront pas parce qu’ils sont terrifiés par cette quarantaine», a déploré le patron de Ryanair, Michael O’Leary, sur Sky News lundi.

Critiqué, y compris dans ses rangs conservateurs, le Premier ministre Boris Johnson envisage d’instaurer des ponts aériens avec certains pays touristiques comme la France ou l’Espagne, contournant la quarantaine. Selon le Sunday Times, M. Johnson a prié son ministre des Transports de trouver une solution avant fin juin.