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L’économie française repart mais la récession sera pire que prévu

27 mai 2020, 12:37

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L’économie française repart mais la récession sera pire que prévu

L’économie française a repris son souffle à la faveur du déconfinement, mais elle ne retrouvera pas avant longtemps son niveau d’avant-crise et la récession devrait largement dépasser les -8% envisagés par le gouvernement.

Sur le seul deuxième trimestre, la chute du PIB pourrait atteindre «environ 20%», après -5,8% au premier, a estimé mercredi l’Institut national de la statistique (Insee), ajoutant que sur l’ensemble de 2020, une récession de 8%, comme envisagé par le gouvernement, est un scénario «peu réaliste».

Il reposerait en effet sur un retour intégral à la normale dès juillet.

Or «après près de deux mois au ralenti, comme en apnée, l’économie française s’efforce (...) de reprendre son souffle. Mais elle refait surface dans un monde qui n’est plus exactement le même qu’avant la crise sanitaire», explique l’institut. La reprise sera «au mieux progressive au second semestre», estime l’Insee.

Lundi, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau avait aussi affirmé que la période de déconfinement coûterait au moins trois points de PIB cette année.

«J’ai toujours indiqué que les 8% de chute de croissance étaient un chiffre provisoire (...) Il faut nous attendre à des chiffres de récession très dégradés pour 2020 en France», a commenté mercredi le ministre de l’Economie Bruno Le Maire sur Radio Classique.

Il a jugé que les chiffres de l’Insee «confirment qu’il y a une reprise réelle mais progressive».

Depuis le début du déconfinement, entamé le 11 mai, l’activité est en effet repartie «prudemment mais nettement» en France, selon l’Insee. L’économie française tournerait «à environ quatre cinquièmes de son niveau d’avant crise», contre deux tiers pendant le confinement.

Avec la réouverture de la plupart des commerces et le retour au travail de nombreux Français, tous les secteurs ont vu leurs niveaux d’activité se redresser par rapport à la période du confinement.

Dans les branches marchandes, les plus touchées par le confinement, la perte d’activité est de -25% contre -39% avant le déconfinement. Elle est de -38% dans la construction (contre -75% avant le 11 mai) et de -24% dans l’industrie.

Le climat des affaires s’est ainsi légèrement amélioré en mai après avoir atteint son plus bas historique en avril, même s’il reste particulièrement bas.

Les contraintes sanitaires et les perturbations persistantes des chaînes de production et d’approvisionnement freinent encore la reprise.

Surtout, certains secteurs importants de l’économie restent à l’arrêt ou presque, comme l’hôtellerie-restauration, l’évènementiel ou la culture, même si cafés et restaurants vont pouvoir rouvrir dans les zones «vertes» dès le 2 juin selon des modalités que le Premier ministre Edouard Philippe doit dévoiler jeudi.

Consommation repartie

En attendant, les ménages ont déjà profité de la réouverture des commerces, avec un rebond de la consommation durant la première semaine du déconfinement.

Mais, prévient l’Insee, «une partie de ce rebond est ponctuelle, correspondant à des achats qui avaient dû être reportés», ce qui ne «permet pas à ce stade de déduire ce que sera le «régime permanent» de la consommation pendant les prochaines semaines».

D’autant qu’en raison des incertitudes sur l’avenir - Bruno Le Maire a déjà prévenu qu’il y aurait des faillites et des licenciements «dans les mois qui viennent» -, les ménages pourraient s’avérer prudents dans leurs achats.

En mai, le moral des ménages est ainsi resté en berne. Or la reprise de la consommation, tout comme de l’investissement des entreprises, sera essentielle pour soutenir l’économie dans les prochains mois. Le Medef a d’ailleurs demandé des mesures «coup de fouet» avant l’été pour soutenir la demande.

Après des plans de soutiens dédiés aux secteurs les plus touchés, comme le tourisme, l’automobile et l’aéronautique, le gouvernement prépare un plan de relance global pour la rentrée.