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Cordonnier qui fait du porte-à-porte: Henry a ému les Mauriciens

26 mai 2020, 14:07

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Cordonnier qui fait du porte-à-porte: Henry a ému les Mauriciens

Un sac rempli d’outils, Henry Perigot enfourche son  vélo, arpente les rues, dans le nord du pays. Ce qu’il cherche ? De nouveaux clients. Ce cordonnier de 23 ans n’a pas trouvé mieux que le porte-à-porte «pou trasé» en cette période particulière. 

«Pann kapav travay mem pandan konfinnman. La pé bizin ratrapé. Vu ki preské tou dimounn kot zot, mo al dan bann kartié pou rod kliyan. Dévan zot laport mem mo fini fer  zot travay mo rann zot. Zot pa bizin  atann nanié, zot gagn zot soulié…»

Donc, dès l’annonce de la reprise partielle du 15 mai, il a astiqué ses outils et s’est remis en selle. Lorsqu’il «déniche» un client, il s’assoit donc sur le palier, en général, et met du cœur à l’ouvrage. Faire du neuf avec du vieux, il en  sait quelque chose. «Sak zour mo al enn plas. Éna zour mo al Porlwi, éna fwa Pailles, apré dan lé Nord, Terre-Rouge kot mo habité tousala. Bann dimounn-la fini konn mwa ek mo fini gagn lot kliyan tou.» D’ailleurs, sa popularité s’est accrue après qu’il a été photographié par un internaute à Plaine-Verte, alors qu’il était dans le feu de l’action, devant la porte d’un de ses clients. Henry a su émouvoir et a été applaudi par de nombreuses personnes qui ont admiré son courage et son envie de s’en sortir.

Petit tour dans le passé. Henry confie que la cordonnerie, c’est ce qui le passionne depuis toujours. Sans honte, il avoue qu’il ne sait pas beaucoup lire ni écrire. Il est allé à l’école mais il n’a pas tardé à se rendre compte que les maths et les langues n’étaient pas faites pour lui. Par contre, travailler de ses mains, c’est ce qu’il préfère et c’est ce qu’il fait de mieux. Il a donc préféré quitter les bancs de son établissement scolaire pour aller vers sa passion. «J’ai arrêté l’école au collège après avoir échoué à plusieurs reprises. J’ai démarré dans le monde du travail en tant que tombaliste. J’ai appris le métier. Mais toutefois, la cordonnerie c’est ce qui m’attirait le plus, alors que je voyais mon papa à l’œuvre. Nous avons toujours été proches. D’ailleurs je lui dois mon courage. Dépi mo tipti linn tonbé-lévé pou amenn manzé lor latab. Mo papa inn nouri nou ar aranz soulié Mo éna boukou rekonésans pou li. Linn montré ki apel fer zéfor.» Des efforts qui payent. Car Henry confie que partout où il va, les gens le respectent pour sa politesse et sa persévérance. Cependant, il avoue que la cordonnerie ne rapporte pas beaucoup. Surtout dans les circonstances actuelles. «Mo travay gramatin mo manz tanto. Éna zour pa gagn kliyan ditou, li normal pa toulézour ki dimounn éna soulié pou aranzé. Ek éna zour mo kapav gagn ziska Rs 500, sa dépann travay. Lerla ek sa kas-la mo kontribué kot mo mama ek kot mo papa ousi. Zot séparé. Mo éna dé ti frer, enn ankor lékol ek enn éna 3 zan. Mo fer mo mieux pou ed mo parents et ramas enn ti kas pou asté bann ekipman pou travay ousi.»

Des hauts et des bas, il en a connu pas mal. La réalité est encore plus dure quand on travaille dans la rue. D’ailleurs, il raconte que récemment, son portefeuille et tous ses effets personnels ont disparu alors qu’il travaillait. Un incident qui l’a vraiment embêté car il doit désormais recommencer à zéro. Et malheureusement, ce n’est pas pour tout de suite. Car à cause du couvre-feu, il doit attendre le 1er juin pour effectuer des démarches afin d’obtenir une nouvelle  carte d’identité et d’autres papiers. «Mo per mo gagn problem mé mo bizin travay. La vi dir. J’ai toujours fait de mon mieux pour respecter les règles afin de pouvoir gagn enn ti kass lafin lazourné ek rann mo bann paran fiers. La mo espéré mo kapav gagn sa kart-la pli vite possib.» Henry a aussi des rêves plein la tête. Il confie qu’il y pense tous les jours et que c’est ça qui l’aide à travailler dur. Parmi ceux-ci : lancer véritablement son business, avec son papa comme chaperon. «J’ai vraiment envie d’avoir un véhicule. Un van de préférence, dans lequel je pourrais monter un atelier mobile. Et aller vers le maximum de clients. Acheter plus d’équipements pour pouvoir faire ce métier que j’aime encore mieux et me construire une maison dans les années à venir…»