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Jocelyne Beesoon, responsable de l’APEIM: «Le changement dans les habitudes peut être une source d’angoisse»

29 avril 2020, 17:00

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Jocelyne Beesoon, responsable de l’APEIM: «Le changement dans les habitudes peut être une source d’angoisse»

1.Avez-vous été en contact avec les bénéficiaires de l'APEIM et leurs parents pendant le confinement ?
Bien sûr. Dès la première semaine, nous avons mis en place une stratégie pour la continuité de nos services. Des groupes WhatsApp ont été crées pour soutenir les parents sur une bas quotidienne. Puis, grâce aux médecins et une petite équipe, la distribution des médicaments chaque 15 jours a été assurée.

2.Vos bénéficiaires sont-ils plus touchés par le confinement ? Pourquoi et comment ?
Une personne en situation de handicap a besoin de cadre et de structure. Avec le confinement,  la situation a changé. Le changement dans les habitudes peut être une source d’angoisse, et cela  peut générer des troubles du comportement, une régression des acquis ou même des problèmes de santé. Certaines familles vivent des situations pénibles face à des repères chamboulés.

3.Quels conseils avez-vous donné aux parents ?
Dans un premier temps, il a fallu leur donner des clés pour une bonne discipline. Nous leur avons indiqué comment mettre en place un cadre sécurisant. Créer un emploi du temps avec des activités pour aider à baliser la journée peut aussi aider à mettre en place des repères.  Nous leur avons également proposé des idées, des supports et des activités pour les occuper pendant les jours à venir: coloriage, activités manuelles, recettes de cuisine, activités physiques et yoga entre autres.

Puis, nous actualisons notre page Facebook régulièrement et proposons des es idées et conseils.

4. Est-ce que certaines situations ont été plus difficiles que d’autres ? Des parents ont-ils eu des difficultés avec leurs enfants et se sont tournés vers vous ? 
C'est difficile à dire. Je pense que lorsque les parents viennent vers nous, c’est que la situation est déjà difficile à gérer pour eux. Les interventions se font par téléphone. Elles sont diverses et adaptées à chaque situation. Par exemple: on a eu à assurer l'approvisionnement des produits alimentaires et des couches ou encore, la distribution des médicaments. Pour les troubles du comportement, on encourage les parents à mettre en place des discussions pour aider à nommer les émotions afin de mieux les gérer et les contrôler.

Puis, les parents font face à d’autres difficultés qui ne sont pas directement liés à leur enfant en situation de handicap pendant ce confinement. Par exemple : inquiétude sur le salaire et des questions sur l’après confinement. C'est très difficile de gérer la pression du télétravail, les corvées quotidiennes et s’occuper d'un enfant en situation de handicap. Cela peut générer un climat de tension entre les membres de la famille.

5.Pensez-vous au déconfinement et si oui comment vous y préparez-vous ?
Oui, à l’APEIM nous souhaitons assurer une continuité de nos services par l'accompagnement social et médical de nos bénéficiaires. On a la volonté d’aider nos familles à affronter cette pandémie qui se traduit par le confinement et l’isolement. Donc pour limiter cet isolement, nous diffuserons les informations sur les gestes barrières et les communiqués officiels les concernant. Nous mettrons en place un accueil téléphonique et une cellule d’écoute.

6.Outre les consignes de l'état qui viendront en temps et lieu, qu'allez-vous mettre en place pour vos bénéficiaires lors du déconfinement ?
Au-delà de la poursuite de l’accompagnement préconisé, de nombreuses initiatives ont été mise en place depuis le jeudi 19 mars pour préparer au déconfinement.
i.Organisation de la distribution des médicaments aux bénéficiaires du service à domicile. 
ii.Création d'un groupe WhatsApp pour les chefs de services et le service médical et paramédical.
iii.Alimenter notre page Facebook avec des articles en adéquation avec la situation de crise.
iv.Création des groupes WhatsApp pour les parents.
v.Coordination avec les ONG partenaires pour la distribution des colis alimentaires pour des parents dans le besoin ou qui ne peuvent pas bouger pour aller au supermarché avec les longues files d’attente.
Donc le déconfinement ne veut pas nécessairement dire que nos bénéficiaires reprendront tout de suite, comme avant. On continuera les mesures déjà installées et on innovera au fur et à mesure suivant l’évolution de la situation sanitaire, afin d’assurer la sécurité de nos familles et du personnel.

7. Comment préparer les bénéficiaires au déconfinement ?
i.En mettant en place un accueil téléphonique pour répondre aux besoins individuels.
ii.En créant des outils éducatifs pour les sensibiliser sur les gestes barrières.
iii.En optimisant les diffusions d’informations sur notre page Facebook et WhatsApp et par tous les moyens à notre disposition.
iv.En mettant en place des groupes de paroles avec les parents par zoom ou WhatsApp.

8. Et le personnel, comment les préparez-vous ?
Dans la mesure que nous mettons de l’accent sur une continuité de l’accompagnement des familles, on outillera notre personnel à l'écoute et à l'animation de groupes de paroles. Nous allons continuer la formation interne qui avait vu le jour en février 2020 et qui n’a pas pu être complétée. Evidemment dans le respect absolu du respect des gestes barrières. 

9. Merci de nous rappeler combien de bénéficiaires se tournent vers votre institution et quels sont leurs handicaps.
Environ 320 à ce jour. Nos bénéficiaires sont tous en situation de handicap intellectuel. Nous accueillons entre autres des personnes porteuses de la trisomie 21, d’autisme, de retard mental (moyens a sévère), de paralysie cérébrale entre autres.