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Masques obligatoires: les entreprises mauriciennes à plein régime

28 avril 2020, 12:00

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Masques obligatoires: les entreprises mauriciennes à plein régime

Cette question du nombre suffisant de masques fait polémique depuis le début du confinement, il y a un peu plus d’un mois. Selon des sources concordantes, le gouvernement aurait un plan d’action à ce sujet. Le Dr Zouberr Joomaye, porte-parole du comité national de communication sur le Covid-19, que nous avons interrogé à cet effet, explique que «les masques seront en vente dans approximativement tous les commerces régionaux, y compris les pharmacies, à un prix contrôlé». Ce sera plus précisément des masques chirurgicaux et ceux en tissu, fournis par des usines locales, a-t-il ajouté. 

Lors du point de presse du National Coordination Committee (NCC) du lundi 27 avril, le Dr Zouberr Joomaye a ainsi répondu à une question de l’express sur les types de masques et leur efficacité. Ceux importés de Chine et fabriqués sous licence européenne ont vu leurs normes alignées sur celles de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Union européenne. Par ailleurs, des masques fabriqués par des entreprises mauriciennes selon ces normes sont en voie d’être homologués par l’Association française de normalisation (AFNOR). 

Dès le 30 mars, la Mauritius Export Association (MEXA) annonçait la disponibilité de 65 000 masques en vente directe au public à l’initiative de Mauritian Textile & Apparel Companies. Par ailleurs, la MEXA, en collaboration avec Tropic Knits Ltd, RT Knits, le groupe Aquarelle et Laguna Clothing, tenait une vidéo conférence de presse le mercredi 8 avril pour officialiser l’initiative locale de fabrication de masques. 

Lilowtee Rajmun, directrice de la MEXA, en expliquait la motivation. «En tant que producteurs de textile-habillement, on a la technicité, les connaissances et les capacités. On a été motivés par le manque de masques dans le pays. Notre masque n’est pas encore testé médicalement. Mais on a fait quand même des recherches ; on a suivi des directives. On a eu des consultations avec le secteur de la Santé». 

Elle annonçait la livraison de plus de 700 000 masques par jour à partir du vendredi 10 avril au ministère de la Santé et aux pharmacies locales. Les masques lavables et réutilisables au moins 10 fois seraient livrés à Rs 20 l’unité aux pharmacies pour la revente au public à Rs 23 l’unité avec profit de 15 %. 

Bernard Thevenau, Chief Executive Officer (CEO) de Tropic Knits Ltd recommandait, pour sa part, l’achat de quatre masques par personne pour un système de rotation. Deux masques sont recommandés pour l’usage quotidien, soit un masque chaque quatre heures. 

Jean Li Wan Po, directeur de RT Knits, précisait que ces masques «sont plus efficaces que les N95 et les masques chirurgicaux». À une question de l’express sur leur efficacité par rapport aux masques N95 et chirurgicaux, il a expliqué que les masques locaux n’ont pas de valve d'expiration. «Comme nos masques n’ont pas de valve d'expiration, ils protègent mieux le porteur et son entourage, comparés aux masques N95 où la protection est égoïste. Il ne protège que le porteur car, à travers la valve d'expiration, les gouttes peuvent sortir et contaminer son prochain.»

Kendall Tang, autre directeur de RT Knits, a lui mis l’accent sur le côté réutilisable «qui aiderait à réduire l’impact environnemental en générant moins de déchets que ceux à usage unique».  Il a aussi expliqué que la matière utilisée absorbe un maximum de gouttelettes et d’humidité et sa propriété antibactérienne réduit la prolifération des bactéries, une nécessité dans les pays tropicaux. «Nous pensons avoir ainsi atteint un niveau de performance et un équilibre entre la respirabilité et la protection. Nous avons été au-delà des spécifications recommandées par l’AFNOR (SPEC 76-001) pour les masques barrières.» Tous les masques sont désinfectés à haute température avant leur mise en sachet.

Le 23 avril, World Knits Ltd a offert 20 000 masques au ministère de la Santé pour le personnel non médical. Joram Madnack, CEO et directeur de World Knits Ltd, a précisé que ces masques sont fabriqués selon les normes AFNOR et que la société prévoit des dons de masques à d'autres organismes.  Ses masques en jersey de coton 180 g + deux couches couvrent le nez et la bouche. Ils sont destinés au grand public et surtout aux personnes saines ou asymptomatiques. 

D’autre part, l’Organisation mondiale de la santé précise sur son site que les masques chirurgicaux sont considérés comme des masques à usage unique. Ce qui veut dire qu’ils doivent être utilisés une seule fois et «être jetés immédiatement après avoir été retirés». Cela signifie aussi que ceux qui optent pour ces masques devront en acheter en grande quantité pour chaque sortie, qu’ils aillent dans des lieux très fréquentés ou pas. Ce qui remet sur le tapis l’importance du contrôle des prix car depuis le début du confinement, les masques se vendent à des prix différents, quand ils ne sont pas offerts à des prix exorbitants sur le marché noir. 

D’ailleurs, Nuvin Juggesur, président de la Pharmaceutical Association, demande au ministère du Commerce d’exercer un important contrôle par rapport au marché noir lors du déconfinement. «Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de contrôle. Même des marchands de légumes vendent des masques et à très cher et on ignore si ces articles sont conformes aux normes requises», a-t-il souligné, en précisant qu’il s’agit avant tout d’une question de sécurité publique. 

Selon des sources concordantes du ministère du Commerce, les prix varieront entre Rs 23 et Rs 57,50 l’unité. D’ajouter que le ministère «a déjà pris toutes les dispositions afin de surveiller qu’il n’y ait pas de marché noir, ni d’abus sur les consommateurs. Les officiers veilleront aux grains…»