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Covid-19: les petits commerces en détresse

19 avril 2020, 21:15

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Covid-19: les petits commerces en détresse

Beaucoup de secteurs et métiers sont frappés par la pandémie de Covid-19 et le confinement. Mais dans le secteur informel, les opérateurs de vente de nourriture prête à consommer, qu'ils  soient restaurants, snacks ou marchands de rotis et de dholl puris, souffrent énormément. Dès l’annonce du premier cas positif à Maurice il y a un mois et avant même le début du confinement, les clients ont pris leurs distances. Et avec le couvre-feu, ces vendeurs de nourriture sont devenus sinistrés.

Contrairement aux autres commerçants, les vendeurs de nourriture prête à consommer se sont retrouvés du jour au lendemain avec un stock considérable de produits périssables. Les viandes et légumes frais ont dû être distribués gratuitement aux employés et voisins. Le marchand de dholl puris a de la farine qui risque d’être périmée, nous dit Fazana, qui en vend à Curepipe.   

La reprise des activités ne s’annonce pas sous de meilleurs auspices, ces marchands craignant que la clientèle ne prenne son temps avant de revenir vers eux.

Prithviraj Bundhoo, propriétaire des restaurants Comlone, est pessimiste. Les clients ne vont pas revenir tout de suite par peur d’être contaminés et par manque d’argent. «Beaucoup de clients ont vu leur salaire réduit quand ils n’ont pas perdu leur emploi.» Il craint même d’être obligé de fermer deux ou trois de ses restaurants, surtout ceux dont le loyer est élevé.

Nouvelles habitudes

Riyad Oozeer, qui vend des kebabs et rotis à Port-Louis, a subi une réduction de près de 75 % de ses ventes dès la fermeture des écoles.

N’étant pas enregistré, il n’a pu bénéficier du Government Wage Assistance Scheme pour payer ses employés. Il a dû se contenter des Rs 5 100, sa femme qui travaille pourtant avec lui n’ayant pu en bénéficier. 

Les clients traditionnels de Riyad sont au bas de l’échelle et les plus affectés par le confinement, nous dit-il. De plus, comme Prithviraj Bundhoo, Riyad craint que la clientèle ne prenne du temps avant de revenir.

Aussi, nous dit un restaurateur de Curepipe, avec le confinement de plus d’un mois, les habitudes des consommateurs ont changé : ils sont devenus moins dépendants et, confinés chez eux, ils n’ont d’autre choix que de… cuisiner.

Certes, beaucoup de commerçants ont pu se faire aider par l’État mais, comme nous dit Fazana, ces Rs 5 100 ne suffiront même pas à payer le loyer.

Pourquoi emprunter encore ?

Et les facilités offertes aux petites et moyennes entreprises par le gouvernement ? Le propriétaire de Comlone n’en est pas convaincu. «Ce n’est pas le moment de contracter des dettes ! Déjà j’ai d’autres frais fixes à honorer avec des revenus en baisse !»

Même son de cloche du côté de Riyad. «Pourquoi emprunter encore ? Pour engraisser les banques ? Nous avons besoin plutôt d’allègement. Pourquoi, par exemple, le Central Electricity Board, qui engrange des millions de roupies de profits, ne s’abstient-il pas de réclamer le paiement pour les mois de mars, avril et mai ?» Riyad nous rappelle qu’il a Rs 15 000 de loyer à payer, que son commerce soit fermé ou non et que son propriétaire ne veut pas partager ses malheurs.

La reprise s’annonce donc ardue pour ces vendeurs de kebab et autres dholl puris.

Les facilités d’emprunt, «une occasion à saisir»

Contacté, un banquier dit comprendre la réaction de ces commerçants qui ne veulent pas s’endetter par ces temps incertains. Cependant, dit-il, il y a incompréhension de leur part sur les facilités offertes par la State Investment Corporation à travers la Banque de développement. «Ces prêts sont une occasion à saisir. Ni le capital ni les intérêts de ces emprunts ne seront à rembourser pendant les six premiers mois. De plus, il n’y aura même pas d’intérêt accumulé durant cette période ! Les remboursements commenceront après les 6 mois avec un taux d’intérêt de 1.5 %.» Il expliquer que ces emprunts pourront servir, par exemple, à l’achat de matières premières pour redémarrer le business.