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Virus: un an de moratoire sur la dette des pays les plus pauvres

15 avril 2020, 21:33

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Virus: un an de moratoire sur la dette des pays les plus pauvres

Pour aider les pays les plus pauvres à faire face à la pandémie du coronavirus qui endeuille la planète, les pays du G20 ont pris mercredi la décision inédite de suspendre pour un an les remboursements de leur dette, peu après que le président Trump a décidé de couper les vivres à l’OMS.

«Nous avons eu un engagement clair, par le biais des organisations internationales, le FMI et la Banque mondiale», a déclaré lors d’une conférence presse virtuelle le ministre saoudien des Finances, Mohammed al-Jadaan, à l’issue d’une réunion en visio-conférence du club des vingt pays les plus riches du monde.

«Cette suspension de la dette (...) signifie que les pays pauvres n’ont pas besoin de s’inquiéter de faire face à leurs échéances au cours des douze prochains mois», a-t-il dit, ajoutant que la suspension était effective «immédiatement».

L’Allemagne a immédiatement salué, par la voix de son ministre des Finances, un «acte de solidarité internationale de portée historique». Mardi, le président français Emmanuel Macron avait jugé «indispensable» un moratoire sur la dette des pays africains.

Cette décision multilatérale, face à une pandémie qui affecte tous les pays du monde et menace toutes les économies, tranche avec celle prise dans la nuit de mardi à mercredi par Washington de suspendre le versement de la cotisation américaine à l’Organisation mondiale de la Santé.

Donald Trump accuse l’OMS de «mauvaise gestion», de «dissimulation» dans cette pandémie partie de Chine fin 2019 et d’alignement excessif sur les positions chinoises.

Mercredi, les condamnations et les regrets, face à cette décision américaine, se sont multipliés.

«Nous regrettons la décision du président des Etats-Unis d’ordonner l’arrêt du financement de l’Organisation mondiale de la santé», a déclaré le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, tout en assurant que la gestion de la crise du coronavirus par l’organisation serait examinée «en temps opportun».

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a estimé que ce «n’est pas le moment de réduire le financement» des organisations combattant la pandémie.

De l’UE à la Chine en passant par la France et l’Union africaine, de nombreux pays et organisations ont également fustigé cette initiative de Washington, premier bailleur de l’OMS avec plus de 400 millions de dollars par an.

«Nous devons travailler en étroite collaboration contre le Covid-19. Un des meilleurs investissements est de renforcer les Nations unies, en particulier l’OMS», a souligné le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas.

La Russie a dénoncé «l’approche très égoïste» des Etats-Unis et l’Iran a vu dans cette décision la preuve que Washington «tue des gens».

Dans plusieurs pays d’Europe, face à un ralentissement de la progression de la pandémie, les assouplissements des mesures de confinement, entamées au début de la semaine, se sont poursuivies.

Ainsi près de la moitié des écoliers danois, petits drapeaux à la main, ont été invités à regagner leurs établissements après un mois de fermeture. Le pays a déploré jusqu’à présent 299 décès pour près de 6.700 cas.

«Nous devons retourner à la vie quotidienne», s’est félicitée Caroline, une mère de deux enfants à Copenhague. Les classes ont été aménagées pour offrir une distance de deux mètres entre les tables. Mais la reprise est jugée prématurée par certains parents, pour qui un «enfant n’est pas un lapin de laboratoire».

La Corée aux urnes

Les Coréens du Sud se sont eux rendus nombreux aux urnes mercredi pour les législatives. Un signe de résilience dans ce pays qui fut l’un des premiers frappés après la Chine, mais qui a su contenir la pandémie grâce à un dépistage massif.

Prise de température générale, isoloirs spéciaux pour les électeurs fiévreux... «C’est très bien organisé», a salué Kim Gwang-woo, 80 ans. «Les gens gardent leurs distances et tout le monde porte des gants.»

Malgré le confinement de plus de la moitié de l’humanité et une baisse de la pression hospitalière dans la plupart des pays d’Europe, la pandémie continue de tuer massivement et engendre une incertitude économique «considérable», selon le Fonds monétaire international (FMI).

Les Etats-Unis principal foyer

Plus de 126.000 morts ont été dénombrés à travers la planète et les Etats-Unis sont devenus le principal foyer du Covid-19. Le pays a recensé plus de 2.200 morts en 24 heures et plus de 25.700 décès au total.

Alors que la crise menace de se poursuivre pendant des mois, voire des années, le FMI s’est efforcé de chiffrer ses conséquences économiques, qu’il a déjà comparées à celles de la crise de 1929. Pour l’heure, l’institution table sur une contraction de 3% du PIB mondial cette année.

En Europe, plusieurs pays à l’instar du Danemark ou de l’Autriche, qui a rouvert mardi ses petits commerces non essentiels, esquissent des plans de sortie progressive du confinement. La Lituanie a annoncé un assouplissement de certaines restrictions imposées depuis un mois.

Et en Inde, le gouvernement a édicté de nouvelles règles permettant à une partie de la population de reprendre le travail à partir de la semaine prochaine.

«Action coordonnée»

La Commission européenne, qui a présenté mercredi sa feuille de route en la matière, insiste cependant sur la nécessité d’une «action coordonnée», pointant à défaut le risque d'«effets négatifs sur tous les Etats membres».

La Maison Blanche a indiqué mercredi que Donald Trump et les autres dirigeants du G7 des pays les plus industrialisés discuteraient jeudi par visioconférence d’une coordination internationale de la lutte contre le virus.

L’Allemagne, relativement épargnée (environ 2.800 morts) par rapport aux pays comparables en termes de population, a décidé mercredi prolonger jusqu’au 3 mai ses mesures coercitives, qui varient d’une région à l’autre.

A l’arrêt depuis plus d’un mois, l’Italie (21.000 morts) a autorisé des réouvertures localisées et très limitées de certains commerces.