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Virus: crise autour de l’OMS, l’Europe face au casse-tête du déconfinement

15 avril 2020, 17:58

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Virus: crise autour de l’OMS, l’Europe face au casse-tête du déconfinement

La décision américaine de couper les vivres à l’OMS en pleine pandémie de coronavirus suscitait la consternation mercredi, la question du déconfinement restant épineuse même dans les pays réputés gérer le mieux la crise.

Premier en Europe, le Danemark a timidement rouvert ses écoles mercredi, une expérience scrutée de près par de nombreux Etats cherchant à relancer des économies asphyxiées.

Malgré l’alerte rouge sanitaire, le président Donald Trump a mis à exécution dans la nuit de mardi à mercredi sa menace de couper les vivres à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’accusant de «mauvaise gestion» et de «dissimulation» dans cette pandémie partie de Chine fin 2019.

Le patron de l’ONU, Antonio Guterres, a vivement critiqué cette initiative, jugeant que ce «n’est pas le moment de réduire le financement» des organisations combattant la pandémie.

Réagissant sur Twitter, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a pour sa part indiqué qu’il «n’avait pas de temps à perdre» dans des polémiques.

«La seule préoccupation de l’OMS est d’aider tous les peuples à sauver des vies et à mettre fin à la pandémie de Covid-19», a-t-il écrit, sans mentionner explicitement la décision du président américain.

De l’UE à la Chine en passant par l’Union africaine, de nombreux pays et organisations ont également fustigé cette initiative de Washington, premier bailleur de l’OMS avec plus de 400 millions de dollars par an.

«Nous devons travailler en étroite collaboration contre le Covid-19. Un des meilleurs investissements est de renforcer les Nations unies, en particulier l’OMS», a souligné le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas.

La Russie a dénoncé «l’approche très égoïste» de Washington.

Loin de ces préoccupations, près de la moitié des écoliers danois, petits drapeaux à la main, ont été invités à regagner leurs établissements après un mois de fermeture. Le pays a déploré jusqu’à présent 299 décès pour près de 6.700 cas.

«Nous devons retourner à la vie quotidienne», se félicite Caroline, une mère de deux enfants à Copenhague. Les classes ont été aménagées pour offrir une distance de deux mètres entre les tables. Mais la reprise est jugée prématurée par certains parents, pour qui un «enfant n’est pas un lapin de laboratoire».

La Corée aux urnes

Les Coréens du Sud se sont eux rendus nombreux aux urnes mercredi pour les législatives. Un signe de résilience dans ce pays qui fut l’un des premiers frappés après la Chine, mais qui a su contenir la pandémie grâce à un dépistage massif.

Prise de température générale, isoloirs spéciaux pour les électeurs fiévreux... «C’est très bien organisé», a salué Kim Gwang-woo, 80 ans. «Les gens gardent leurs distances et tout le monde porte des gants.»

Malgré le confinement de plus de la moitié de l’humanité et une baisse de la pression hospitalière dans la plupart des pays d’Europe, la pandémie continue de tuer massivement et engendre une incertitude économique «considérable», selon le Fonds monétaire international (FMI).

Ville la plus frappée d’Amérique latine, Guayaquil, en Equateur, ne sait plus que faire de ses cadavres. «Il n’y a de place ni pour les vivants, ni pour les morts», s’alarme Cynthia Viteri, la maire de cette cité portuaire de 2,7 millions d’habitants où «deux cimetières supplémentaires» sont en cours d’aménagement.

Les Etats-Unis principal foyer

Plus de 126.000 morts ont été dénombrés à travers la planète et les Etats-Unis sont devenus le principal foyer du Covid-19. Le pays a recensé plus de 2.200 morts en 24 heures et plus de 25.700 decès au total.

Alors que la crise menace de se poursuivre pendant des mois, voire des années, le FMI s’est efforcé de chiffrer ses conséquences économiques, qu’il a déjà comparées à celles de la crise de 1929. Pour l’heure, l’institution table sur une contraction de 3% du PIB mondial cette année.

Dans ce contexte, le président français Emmanuel Macron a jugé «indispensable» un moratoire sur la dette des pays africains pour aider le continent à traverser la crise, avant une réunion mercredi soir des ministres des Finances des pays du G20.

En Europe, plusieurs pays à l’instar du Danemark ou de l’Autriche, qui a rouvert mardi ses petits commerces non-essentiels, esquissent des plans de sortie progressive du confinement.

«Action coordonnée»

La Commission européenne, qui a présenté mercredi sa feuille de route en la matière, insiste cependant sur la nécessité d’une «action coordonnée», pointant à défaut le risque d'«effets négatifs sur tous les Etats membres».

La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a par ailleurs a annoncé une conférence des donateurs le 4 mai pour la recherche d’un vaccin.

L’Allemagne, relativement épargnée (environ 2.800 morts) par rapport aux pays comparables en termes de population, a de son côté décidé mercredi prolonger jusqu’au 3 mai ses mesures coercitives, qui varient d’une région à l’autre.

A l’arrêt depuis plus d’un mois, l’Italie (21.000 morts) a autorisé des réouvertures localisées et très limitées de certains commerces.

En Espagne, troisième pays le plus endeuillé au monde (plus de 18.500 morts), une partie des travailleurs ont repris lundi le chemin des usines et des chantiers, après deux semaines d’arrêt quasi total de l’économie.

Lundi, la France avait été le premier des grands pays les plus touchés (avec plus de 15.700 décès) à donner une date, le 11 mai, pour un éventuel début du déconfinement progressif.