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Ramesh Durbarry: «Il faut se focaliser sur la gestion du stress…»

9 avril 2020, 15:56

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Ramesh Durbarry: «Il faut se focaliser sur la gestion du stress…»

Situation inédite dans la fonction publique avec des milliers d’employés qui restent chez eux. Le Civil Service College Mauritius introduit des cours gratuits en ligne pour permettre aux fonctionnaires de mieux s’adapter au contexte actuel. Le directeur général de l’institut de formation s’explique.

Vous lancez des cours de gestion du stress en ligne pour les fonctionnaires. Pourquoi maintenant alors que divers instituts ont commencé depuis plusieurs semaines déjà ? 
Ces formations ont été développées depuis quatre ans. Une plateforme avait été conçue pour lancer des cours additionnels. À la base, les cours de gestion du stress ont été préparés par des fonctionnaires. Le timing était de le faire gratuitement. Avec le confinement, le Civil Service College Mauritius n’a pas d’activités en face-à-face. Nous voulions apporter notre contribution face à la pandémie. Beaucoup de fonctionnaires sont à la maison. Ils sont stressés. Il faut se focaliser sur la gestion du stress et la façon de travailler dans ces conditions, entre autres. Les adhérents peuvent y découvrir des techniques adaptées à ces situations. Dès le lancement, on a eu 300 participants. Là, on est passé à 700. La demande continue.

N’aurait-il pas fallu le faire plus tôt ? 
Vous savez, dans le secteur privé, le staff appraisal marche bien. Ainsi, les horaires sont alloués selon un calendrier défini. En revanche, dans le secteur public, on est en train d’instituer le Performance Management System. Par conséquent, les fonctionnaires ne sont pas obligés de suivre des cours. Or, je crois qu’il faudrait l’imposer. Le Pay Research Bureau stipule clairement qu’ils doivent suivre un minimum de 40 à 60 heures de formation par an. Les superviseurs devraient s’en assurer durant l’appraisal. C’est pour cela que nous avons introduit des formations en ligne. Bien sûr, il faudra en développer d’autres à mesure que la demande augmente. Notons aussi que toutes les matières ne peuvent être enseignées en ligne. Certaines s’apprêtent à une fusion du réel et du virtuel, comme pour le leadership, le service à la clientèle, etc. Ainsi, la théorie peut être dispensée en ligne tandis que le partage d’expérience nécessite des échanges avec le formateur et les participants pour une richesse des apprentissages.

Justement, en dépit des prévisions du PRB, les budgets ministériels dédiés à la formation demeurent sous-utilisés. Avec la récession post-Covid-19, va-t-on tout de même investir dans la formation des fonctionnaires ? 
Absolument. C’est le moment de revoir la stratégie de formation. Les cours en ligne y contribueront beaucoup. Mais il faut venir avec une impulsion et un horaire défini. Si on vous donne une demi-heure de cours, il faut aussi voir ce que vous avez fait au juste, si vous avez bien adhéré à la formation par exemple.

Comment garantir la participation en ligne ? 
Les cours sont bien structurés. Ils sont d’ailleurs sur notre plateforme interne – Moodle. Par exemple, si une formation propose 12 thématiques, il faut compléter le premier niveau pour accéder au prochain et ainsi de suite. Les participants ne peuvent brûler aucune étape. À la fin, une évaluation est faite sous forme de questions à choix multiple. En fonction du taux de réussite, qui se situe autour de 70-80 %, un certificat est attribué. Ce qui constitue une preuve de réalisation et d’adhésion.

Revenons à la gestion du stress. Quel est l’état actuel des fonctionnaires face à la crise qui accable Maurice ? 
Le virus fait peur aux gens. Inconsciemment, on peut l’attraper. Le stress, c’est comment protéger notre famille et notre entourage. Mais elle est également liée au travail. Comment de temps vat-on rester à la maison ? C’est une préoccupation des fonctionnaires et des employés du secteur privé. Car sans travailler, on risque de ne pas avoir son salaire à la fin du mois. Regardez, là on sort pour des emplettes. Et même, si on prend ses précautions, on n’a pas de contrôle sur les gestes des autres dans la file d’attente, etc. Il faut à tout prix gérer les pressions liées au Covid-19.

Pensez-vous que ce concept en ligne accrochera les fonctionnaires qui ne sont pas forcément habitués aux nouvelles technologies ? 
En termes de composition des fonctionnaires, nous avons trois classifications, soit les babyboomers et les générations X et Y. Pour ces dernières, il n’y a pas de problème. La génération du millénaire est très motivée pour adhérer aux formations virtuelles. Cependant, les babyboomers, qui sont plus âgés et presque à la retraite, ne s’intéressent guère aux for- mations en ligne…

Peut-on tout de même les rattraper ? 
On essaie de les motiver. Par exemple, on a un cours de Code of Ethics and Good Governance, qui est d’ailleurs disponible gratuitement en ligne. Ce sont des principes d’importance capitale à leur travail. Les participants doivent donc passer par ce système virtuel. Puis, la plateforme a été développée pour répondre à tous les besoins. Par exemple, si quelqu’un ne veut pas lire un texte, il peut fermer les yeux, brancher un casque et écouter le cours. Toutes les formations virtuelles sont pourvues de vidéos et de petites questions pour plus de variations.

Comment adhérer aux formations ? 
Nous avons 22 cours en ligne. Six sont gratuits, dont la gestion du stress, le code d’éthique, la santé, entre autres. Il faut s’enregistrer en ligne sur notre site. Seuls les participants, inscrits et dont le titre professionnel a été vérifié par nos services, y ont accès. Le grand public peut aussi y participer sous une formule payante. Les cours en ligne offrent plus de flexibilité. Par exemple, à la maison, on peut y accéder sur son téléphone. En plus, on peut les compléter en deux heures en moyenne.

Les cours scolaires et universitaires proposés en ligne se heurtent à des problèmes techniques en termes d’accessibilité, d’interruptions et de manque de fiabilité des plateformes. Cela ne décourage-t-il pas les participants ? 
On en revient au fonctionnement technique. On peut être très ambitieux en montant des cours avec beaucoup d’options, de vidéos, etc. Mais cela absorbe la capacité. Il faut alléger le contenu des modules. Par exemple, si les vidéos sont lourdes, il faut les diriger en dehors de la plateforme. Le réseau sera saturé. Sur notre plateforme, l’apprenant peut télécharger ses vidéos et les regarder plus tard.

Prévoyez-vous d’autres formations en ligne ? 
Nous avons actuellement des formateurs, qui offriront des cours de coaching. Ceux-ci sont destinés gratuitement aux policiers, au personnel dans les hôpitaux et autres personnes en première ligne du Covid-19, qui ne retournent même pas à la maison. Je vais les mettre en relation avec ces coachs. Les sessions viseront à inculquer des stratégies pour gérer la situation, les employés, la réorientation du travail. Cela se fera à distance à travers Zoom ou WhatsApp. On essaie de voir comment aider les gens.