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Covid-19: fortunes diverses pour les Mauriciens à l’étranger

6 avril 2020, 22:07

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Covid-19: fortunes diverses pour les Mauriciens à l’étranger

Mumbai: des compatriotes vivotent avec difficulté

«Ce n’est pas le coronavirus qui nous tuera mais le manque de nourriture. On risque de trouver la mort avant même de fouler le sol mauricien et de retrouver notre famille.» C’est le cri de cœur d’Aftaab Khan Khedoo, un Senior Court Officer qui se trouve en Inde depuis le 11 mars. Il s’est confié à l’express, en nous brossant un tableau de sa vie au quotidien. Amer et inquiet pour ses amis et lui, il affirme, avec ironie : «On est comme des détenus ‘on remand’. Aucune date n’a été fixée pour l’heure, pour notre liberté conditionnelle...»

«Je me suis rendu à Mumbai en compagnie de mes amis, pour les aider dans des affaires. Le jour où l’annonce a été faite sur la fermeture de nos frontières, nous nous sommes rendus à l’ambassade et on devait prendre le vol du 22 mars.» Toutefois, en se rendant au siège de la compagnie d’aviation, la police les en aurait expulsés. «On avait nos papiers certifiant qu’on pouvait rentrer à Maurice. Notre vol était déjà prévu pour le 22 mars. Sauf que c’est une toute autre liste de passagers qui a pris cet avion.» Aftaab Khan Khedoo se demande même pour quelle raison certains passagers ont été «privilégiés» au détriment d’autres.

D’autre part, l’hôtel dans lequel ses amis et lui ont séjourné leur a demandé de libérer les chambres. «Heureusement que je connais l’un des membres du personnel de cet établissement hôtelier. Il nous a permis, à mes amis et moi, de prolonger notre séjour. Mais les conditions sont telles qu’on a seulement le droit d’utiliser nos chambres, pas plus. Nous n’avons pas droit à de la nourriture, ce qui est dramatique.»

N’ayant pas de quoi se nourrir, les Mauriciens sont obligés de se débrouiller par eux-mêmes. Le hic : tous les supermarchés sont fermés, confinement oblige, et pas le moindre petit restaurant n’est ouvert. «C’est une association caritative qui nous livre tous les jours une barquette de riz blanc, par personne, et rien d’autre. Mais on ne va pas pouvoir tenir longtemps comme ça, juste avec du riz. Si nous arrivons des fois à trouver un petit coin de restauration opérant sous le tapis, on peut mettre un peu de ‘dholl’ sur ce riz ‘sec’», déplore l’habitant de Vallée-Pitot. Selon ses dires, deux de ses amis sont souffrants, à cause du manque de nourriture et du climat.

Lançant un appel au gouvernement mauricien, ce père de famille dit souhaiter retrouver ses trois enfants, ainsi que sa femme et sa mère, le plus tôt possible. «Je suis le seul homme de la famille. Comment vont-elles se débrouiller pendant cette période de confinement, sans moi ?»


Coincé à Kuala Lumpur

<p>De l&rsquo;autre côté de l&rsquo;Asie, se trouve un homme de loi mauricien, lui-aussi dans l&rsquo;impossibilité de retourner au pays. Fezal Boodhoo s&rsquo;est rendu en Malaisie pour rendre visite à deux de ses enfants, qui y étudient. &laquo;J&rsquo;<em>ai pris un appartement à Bukit Bintang, Kuala Lampur, et mes enfants sont avec moi. Je peux dire que je ne souffre d&rsquo;aucun problème.</em>&raquo; L&rsquo;homme de loi dit qu&rsquo;à KL, malgré le couvre-feu, il n&rsquo;y a pas de &laquo;<em>panic-buying&raquo;.</em> <em>&laquo;Les gens respectent le confinement et on peut se rendre au supermarché sans même qu&rsquo;on ait à faire la queue, devant les caisses, vu qu&rsquo;il n&rsquo;y a pratiquement personne. Cela, parce que l&rsquo;éducation des Malaisiens face au virus a bel et bien commencé avant l&rsquo;annonce du couvre-feu, contrairement à ce qui se passe à Maurice.</em>&raquo;</p>


Confinés sur le «MSC Divina», ils ne veulent pas rentrer au pays

Dans le message audio enregistré à bord du MSC Divina samedi soir, un séga diffusé par des haut-parleurs couvrait pratiquement la voix d’Arasee Ellapen. Cette Mauricienne, employée comme «bar secretary» sur ce paquebot ancré à Miami, est parmi les 47 de nos compatriotes qui sont confinés depuis 17 jours sur ce bateau de luxe. Contrairement à d’autres citoyens mauriciens bloqués dans divers pays et sur d’autres paquebots, un bon nombre d’entre eux ne veulent pas rentrer au pays. «Je me sens plus en sécurité ici. Nous avons de la nourriture pour trois mois environ et nous ne manquons de rien. Tout comme mes autres collègues, la direction a mis chaque employé dans une cabine réservée d’habitude aux passagers, pour plus de sécurité», raconte-t-elle. Depuis leur confinement sur ce bateau, les 400 membres d’équipage de diverses nationalités n’ont pas remis les pieds à terre.

Si l’on croit plusieurs témoignages, la vie n’est pas monotone sur ce paquebot, qui a une capacité d’accueil de 3 274 passagers. Vissen Seerputtee raconte que samedi soir, les Mauriciens qui occupent le même pont se sont réunis pour l’anniversaire d’un de leurs. La direction avait mis à leur disposition une salle spécialisée. «Nous ne manquons de rien. Nous avons à manger. On nous traite bien. Il est faux de dire qu’il y avait des malades parmi le personnel. Nos journées sont remplies, même s’il n’y a aucun client à bord. Il est mieux pour nous de rester sans contact avec le monde extérieur», insiste ce jeune sommelier originaire de Baie-du-Cap.

Mushi Timol, une Mauricienne employée au département des ressources humaines, affirme que beaucoup d’entre eux ne veulent plus rentrer au pays, pour leur propre sécurité et celle de leur famille. Si, après plus de deux semaines de confinement, personne d’entre eux n’est tombé malade, ils craignent qu’en empruntant les divers aéroports entre Miami et Plaisance, ils contractent le Covid-19. «De plus, nous ne voulons pas être mis en quarantaine. Nous avons vu des vidéos montrant dans quelles conditions ceux rentrant de voyage sont traités actuellement. Imaginez, si nous attrapons cette maladie dans un aéroport, nous allons augmenter le nombre de malades à Maurice», affirme-t-elle.

Toutefois, les Mauriciens doivent également travailler. La direction du MSC Divina a établi un plan de travail allégé pour le personnel. Mushi Timol affirme que l’équipe travaille entre 4 à 5 heures par jour. «Quelques-uns ne prennent pas le travail occasionnellement. Nous sommes plutôt tolérants envers eux.» Pour que les employés gardent le moral, ils ont droit à des films et des repas spéciaux. Les membres d’équipage profitent également des activités récréatives à bord. «Toutes les activités sont gratuites pour eux. De plus, ils ont chacun leur cabine, quelques-unes sont même avec balcon», dit-elle. Gary Descubes, sous-chef, parle de ses horaires de travail. «Je travaille de 16 heures à 21 heures à la cuisine. Ensuite, je suite libre.» La direction leur a fait comprendre qu’ils ne seront payés que pour les six heures de travail accomplies quotidiennement.


Des croisiéristes bloqués en Italie et à Durban

<p>Quarante Mauriciens qui étaient en croisière à bord du<em> &laquo;Costa Luminosa&raquo;</em> sont en quarantaine en Italie. Ils faisaient partie d&rsquo;un groupe de 46 Mauriciens qui étaient en croisière quand le paquebot a mis fin prématurément au voyage, a expliqué le ministère des Affaires étrangères, Nando Bodha, hier. Dans un premier temps, le capitaine du bateau a voulu les débarquer à Marseille, mais le gouvernement français n&rsquo;a&nbsp;pas donné son feu vert. Finalement, ils ont mis pied à terre au port de Savone, en Italie. Six Mauriciens qui étaient à bord de ce bateau ont été testés positifs au Covid-19. Les autres sont en quarantaine, mais ils seront par la suite hébergés dans un hôtel. Le ministre a affirmé qu&rsquo;ils disposent déjà d&rsquo;un billet d&rsquo;avion et qu&rsquo;ils seront rapatriés dès que ce sera possible. Nando Bodha a aussi déclaré qu&rsquo;un groupe de Mauriciens, bloqués en mer au large de Durban, ont leur billet d&rsquo;avion pour rentrer au pays, mais en raison de l&rsquo;absence de&nbsp;liaisons aériennes entre Maurice et l&rsquo;Afrique du Sud, ils doivent patienter. Le ministre a aussi ajouté que le gouvernement a demandé aux compagnies propriétaires de bateaux de croisière de s&rsquo;assurer que les employés aient un hébergement.</p>