Publicité

Coronavirus: après les airs, évacuation par le rail pour soulager les hôpitaux du Grand Est

26 mars 2020, 15:59

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Coronavirus: après les airs, évacuation par le rail pour soulager les hôpitaux du Grand Est

Des civières et du personnel médical protégé de pied en cap s’affairant dans une gare interdite d’accès : vingt malades du coronavirus en réanimation ont quitté jeudi Strasbourg à bord d’un TGV médicalisé à destination des Pays-de-la-Loire, une opération sans précédent visant à soulager les hôpitaux alsaciens pris à la gorge par l’épidémie.

Le train est parti comme prévu vers 11H00, en direction de l’ouest, où les hôpitaux d’Angers, Le Mans, Nantes et la Roche-sur-Yon prendront en charge ces patients gravement atteints.

Avec 506 morts recensés dans les établissements sanitaires du Grand Est, sur les 1.331 décomptés dans les hôpitaux français, la région reste un des points noirs de l’épidémie en France.

Long cortège d’ambulances aux gyrophares flashant sous la verrière de la gare, personnel masqué en blouse blanche, surblouse bleue ou gilet jaune s’affairant sur le quai 1 où stationnait depuis mercredi soir le TGV Duplex médicalisé ... L’atmosphère dans cete gare désertée par les voyageurs, était à la fois fébrile et concentrée pour cette évacuation qualifiée en début de semaine d'«inédite en Europe» par le ministre de la Santé Olivier Véran.

Les premiers patients avaient été hissés dès 08H30 à bord du TGV sur des civières portées à bout de bras.
 
Ils devaient être installés dans cinq voitures, à raison de quatre par salle basse, celles du haut étant dévolues à la circulation des matériels et des personnels soignants, selon des précisions communiquées par la Direction générale de la Santé (DGS).

Une équipe médicale constituée d’un médecin anesthésiste-réanimateur, d’un interne, d’un infirmier anesthésiste et de trois infirmiers est présente dans chaque voiture.

Ces soignants sont issus des CHU de Nantes et d’Angers ainsi que de l’AP-HP Paris, tandis que le Samu de Paris coordonne la manoeuvre. Environ 50 soignants et logisticiens participent au voyage.
 
Précaution supplémentaire : une rame classique a été accouplée à la rame médicalisée afin de faire face à de possibles aléas, comme une collision avec du gibier.

Rupture

Selon Yannick Gottwalles, chef du service des urgences de l’hôpital de Colmar, six des patients évacués par le TGV venaient de cet établissement.

«On est au point de rupture en ce qui concerne les lits d’hospitalisation Covid en réanimation, on a beaucoup de mal à suivre, toutes les unités sont pleines, les transferts se font de plus en plus loin», a-t-il confié vendredi à l’AFP.

Pour son confrère le Dr Marc Noizet, de l’hôpital Emile-Muller de Mulhouse, en première ligne face à l’épidémie, «la situation est inédite, c’est du jamais vu, le système est submergé, c’est très inquiétant».

Afin de soulager les hôpitaux du Grand Est, plusieurs opérations d’évacuation de patients ont précédemment été conduites par un Airbus de l’Armée de l’air vers d’autres établissements de soins en France, une première également.

Des évacuations ont été organisées aussi par hélicoptère vers des hôpitaux français moins sollicités.

Et depuis le week-end dernier, les pays frontaliers sont également venus à la rescousse du Grand Est, accueillant plusieurs malades. Une quarantaine de lits de réanimation ont été mis à disposition des patients alsaciens mais aussi lorrains par l’Allemagne, la Suisse et le Luxembourg.

Autre première, à Mulhouse : un hôpital militaire de campagne, visité mercredi par le président Emmanuel Macron, a été déployé cette semaine au pied de l’hôpital civil afin de prendre en charge une trentaine de ses patients.