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Dr Deoraj Caussy: «95 % des cas sont dans la communauté»

24 mars 2020, 20:33

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Dr Deoraj Caussy: «95 % des cas sont dans la communauté»

Pour l'épidemiologiste à la retraite qui a notamment travaillé pour l’OMS, l'heure n'est plus à une seule personne de gérer car la situation est grave.

Dès janvier, vous avez alerté sur le fait qu'il y a des cas à Maurice. Ce n'est que le 18 mars que les trois premiers cas ont été rendus publics. Le «patient zéro», qui est malheureusement décédé dimanche, est passé à travers les mailles de la surveillance sanitaire à l'aéroport. Tout comme le premier mort du Covid-19 rentré de Belgique depuis un mois et une passagère de 19 ans en transit à Plaisance dépistée positive à Madagascar. Avec ces données, quelle est la situation réelle à Maurice ?

J'ai beau alerter. Il y a eu négligence, faute, car dès le départ, les autorités n'ont pas traité la situation avec sérieux. Des dispositions n'ont pas été prises pour suffisamment de tests. La situation réelle c'est qu'aujourd'hui, on ne voit que le bout de l'iceberg. Les gens malades qui se rendent à l'hôpital ne représentent que 5 % des cas. Il reste 95 % de l'iceberg sous l'eau, c'est à dire dans la communauté, qu'on ne connaît pas puisqu'il n'y a pas eu assez de dépistage. Parmi les personnes à haut risque à l'aéroport, douaniers, touristes, commerçants, entre autres. L'Organisation mondiale de la santé n'a cessé de répéter qu'il faut tester, tester et tester.

Quelles sont les erreurs à ne plus commettre à partir de là ?

Il faut tirer les leçons de ce qu'on voit à travers le monde. De ce qui marche et ne marche pas. Il faut prendre les informations globales et les appliquer en temps réel. On sait que des personnes sans symptôme transmettent le virus. Puis, à un moment, il faudra passer du confinement à la "mitigation". Préparer les hôpitaux avec des respirateurs. Et, instituer une Task Force regroupant des professionnels avec différentes compétences pour un remue-méninges afin qu'ils puissent mettre la main à la pâte. Cela, en discutant par visioconférence. La solution n'est plus de laisser une seule personne décider, comme c'est le cas jusqu'à présent. Depuis le début, cette personne a dit des choses pas vraies qui se sont retournées contre elle.

Si on vous donnait l'occasion d'aider en ce moment de guerre sanitaire, comment pouvez-vous concrètement être utile à votre pays ?

En tant que patriote, je le fais déjà à travers les médias. J'ai déjà travaillé sur un plan d'action en temps de H1NI. Je suis disposé à aider à nouveau et gratuitement. À employer mon expertise pour gérer. Tout le monde est vulnérable, sauf les petits enfants. Ceux au front, dont mes élèves qui travaillent dans les hôpitaux parmi tant d'autres, sont angoissés, stressés. La situation est grave. C'est triste que les choses ont été banalisées.