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Shirish Narang: «Nous entraînons les chevaux uniquement pour les protéger»

23 mars 2020, 14:38

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Shirish Narang: «Nous entraînons les chevaux uniquement pour les protéger»

L'ouverture de la piste samedi alors que le pays est en confinement national a choqué plus d'un. Est-ce raisonnable et responsable d'envoyer les chevaux sur la piste, invitant par la même le public à ne pas respecter le confinement ?
Le monde entier vit une grave crise. Chaque industrie est en jeu et il est primordial pour les parties prenantes de prendre des mesures. Nous sommes des acteurs de l'industrie des courses de chevaux où la santé des employés et le bien-être des chevaux sont nos priorités. Le MTC et les entraîneurs ont mis en place des protocoles afin que le travail quotidien puisse être effectué en toute sécurité. Nous bénéficions également de l’assistance policière.

Le confinement est réservé au grand public, personne n'est autorisé à se rendre à l'hippodrome ou à Floréal, à moins d'avoir un laissez-passer spécial. Même vous, vous n'êtes pas autorisé à être là. Des laissez-passer sont accordés aux travailleurs essentiels. Il ne faut pas oublier que nous avons affaire à des animaux vivants et que pour leur bien-être, nous devons être là. Personne ne se réveille à 3h30 du matin et va dans les écuries pour s'amuser. Dans le cadre de mesures de sécurité strictes, nous exerçons nos tâches matin et après-midi.

Si c'est fait pour protéger les chevaux, n'y a-t-il pas d'autres moyens ?
Les chevaux de course sont nourris avec des aliments à haute énergie. ‘If not properly exercised, they will develop chronic diseases which may lead to a painful death.’ La fièvre, les coliques, les inflammations, la fourbure et autres blessures pour ne citer que quelques ennuis de santé.

Il faut savoir que nous devions courir le 28 mars, la plupart des chevaux étaient à l'entraînement complet et à haute intensité. Nous ne pouvons pas mettre les chevaux au repos du jour au lendemain. Tout comme en décembre, après la dernière réunion, vous cessez de venir aux courses, mais au Champ de Mars et à Floréal, les entraînements se poursuivent jusqu'à la veille de Noël. La «high-energy feed» augmente parallèlement de manière progressive avec la montée en intensité de l’entraînement. L’inverse se fait également de la même manière et non pas brusquement.

Pas du jour au lendemain ! Partout dans le monde, les chevaux travaillent toujours. Des alternatives seraient d'autres méthodes d’entraînement. Tapis roulants, piscines ou même paddocks où les chevaux pourraient être laissés en liberté pour s'auto-entraîner... Mais pour 400 chevaux, vous devriez chercher quelque 200 hectares de terrain. Au Royaume-Uni, la plupart des entraîneurs ont leurs centres privés avec plus de 100 chevaux sur une propriété de plus de 100 hectares. Ici, nous devons travailler avec ce que nous avons.

Vu l'indiscipline des Mauriciens en cette période de confinement, le maintien de l'ouverture de la piste du Champ de Mars n'aide pas ?
Je n'irai pas si loin pour dire que les Mauriciens ne sont pas disciplinés. Il est vrai que, par panique, de nombreux Mauriciens ont inondé les supermarchés et les marchés. Au cours des deux derniers jours, ils ont été plus sensibilisés. La police fait également un travail brillant. Le confinement a été imposé et cette mesure doit être respectée.

Une séance d'entraînement nécessite également une mobilisation des palefreniers. Encore une fois, cela va à l'encontre du principe de confinement national ?
Le MTC et les entraîneurs ont mis en place des protocoles stricts. Des masques, des désinfectants pour les mains et des gants ont été distribués aux employés. Les températures sont vérifiées. Tout le personnel doit rester éloigné les uns des autres, en gardant leurs distances. Je vous ai envoyé le rapport britannique sur le travail effectué dans les écuries. Comme nous travaillons en plein air, il y a moins de risques.

Tous les palefreniers sont priés de quitter les lieux après les séances matinales. Et seul un petit nombre d'employés reviennent dans l'après-midi. Ces palefreniers habitent non loin des centres de Port-Louis ou Floréal. Il n’y a aussi que les «trackworkers» qui sont présents. Maréchaux-ferrants et vétérinaires sont «on call».

Une des conditions était de limiter les chevaux au canter. Or, il y a eu des galops. N'est-ce pas une invitation déguisée pour que les gens se déplacent quand on connaît la passion des Mauriciens pour les courses, voire même les galops matinaux ?
Il y a deux façons de voir ce dont les chevaux d'entraînement auront besoin. Si nous devons courir dans un mois, les chevaux doivent maintenir le rythme d'entraînement. Si nous envisageons un arrêt complet, ralentir le travail pendant deux semaines puis mettre les chevaux au repos. Si tel est le cas, nous n’aurons pas notre première réunion avant fin juin.

Pour cela, nous devrons rencontrer les autorités et prendre la bonne décision. Des clarifications s’imposent en fonction de la situation surtout si une détérioration est notée. Comme je l'ai dit, en ce moment, nous entraînons les chevaux uniquement pour les protéger et les garder en bonne santé.