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Coronavirus: les chiens, sauf-conduits prisés pour Espagnols confinés

18 mars 2020, 21:18

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Coronavirus: les chiens, sauf-conduits prisés pour Espagnols confinés

Le confinement des Espagnols est si strict que les chiens sont devenus un des rares sauf-conduits pour sortir de chez soi, devenant parfois objets de marchandages et stratégies en tout genre.

Contrairement à l’Italie, premier pays d’Europe à avoir confiné tous ses habitants, l’Espagne ne tolère pas que l’on sorte pour se dégourdir les jambes ou prendre l’air même en gardant ses distances. Par contre, il est permis de sortir son chien brièvement pour lui permettre de faire ses besoins.

«Je sors plus souvent mais moins longtemps», explique Luis Fe, les yeux fixés sur sa border collie blanche et noire.

Ce professeur madrilène de 49 ans s’amuse de voir Dara courir sous les rubans qui interdisent l’accès au parc de la basilique Saint-François-le-Grand dans la capitale déserte d’une Espagne confinée depuis samedi soir, qui est le deuxième pays le plus touché en Europe par l’épidémie derrière l’Italie.

Et il confirme que les propriétaires de chiens qu’il connaît profitent comme lui de leur chien pour «sortir plus, parce qu’ils s’ennuient chez eux».
 
A Madrid, les aboiements brisent le silence et les chiens se font remarquer sur les trottoirs vides.

«Je loue mon chien»

Le meilleur ami de l’homme, dont aucune preuve ne montre qu’il transmet le virus, est devenu un sésame pour sortir, si bien que certains promeneurs professionnels peinent à trouver du travail.

«J’ai appelé certains de mes clients, des personnes âgées qui vivent seules, pour leur demander si elles avaient besoin d’aide mais elles m’ont répondu que non, que ça irait», confie David Sanchez, promeneur de chiens de 47 dans le quartier madrilène de Tetuan.

A l’inverse, un autre commerce canin a le vent en poupe: les locations de chiens. «Si quelqu’un veut prendre l’air, je loue mon chien pour que tu aies un sauf-conduit», peut-on ainsi lire sur le site d’échange entre particuliers Milanuncios.
 
«Un maître m’a raconté qu’on lui avait écrit pour louer son chien», rapporte Luis Fe en roulant des yeux.

«Ça craint, pour la santé des autres et pour l’animal qui sort avec quelqu’un qu’il ne connait pas», s’emporte quelque mètres plus loin Alicia Barrientos, Madrilène de 39 ans sortie avec son berger australien.

Face à la polémique suscitée par ces propositions malhonnêtes, le site d’échange espagnol Wallapop s’est vu obliger d’appeler ses usagers à lui signaler ce type d’annonce pour les supprimer. «Nous sommes totalement contre cette activité», a martelé l’entreprise sur Twitter.

Peluches et déguisements

Faute de chien, certains Espagnols ont osé sortir avec des peluches. Un homme s’est ainsi fait interpeller par la police lundi soir avec un chien en peluche tenu en laisse dans les rues de Palencia (nord).

Ce faux promeneur a rapidement ramassé son faux toutou lorsqu’une voiture de police s’est arrêtée à côté de lui, fenêtre baissée, pour lui demander de rentrer chez lui, comme le montre une vidéo partagée par un syndicat de policiers et devenue virale.

«La police lui a demandé de rentrer chez lui mais ne l’a pas sanctionné», a indiqué une porte-parole de la sous-préfecture de Palencia à l’AFP.

Des Italiens aussi s’y sont essayés. Le maire de la petite ville sarde de Mamoiada a été contraint de spécifier qu’on ne pouvait promener que des chiens «vivants», tandis que certains Romains ont été surpris par l’AFP en promenant...des cochons.

Ces détournements n’ont pas manqué de faire rire sur les réseaux sociaux, où les animaux sont rois. On y trouve ainsi l’image détournée d’un chien à l’air résigné sous la phrase «tu m’as déjà sorti 38 fois», ou encore la vidéo d’un père qui s’apprête à sortir avec sa fille déguisée en dalmatien.