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Covid-19: six décès en France, toutes les régions désormais touchées en métropole

5 mars 2020, 19:14

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Covid-19: six décès en France, toutes les régions désormais touchées en métropole

Toutes les régions françaises de métropole sont désormais touchées par le nouveau coronavirus avec près d’une centaine de nouveaux cas en 24 heures et deux nouveaux décès, selon un dernier bilan confirmant la probabilité d’un passage, tôt ou tard, au stade épidémique.

Au total, 377 personnes ont été contaminées sur le territoire français, dont 92 nouveaux cas confirmés, et deux nouveaux décès rapportés qui portent à six le total des personnes décédées depuis l’apparition du virus fin janvier, a indiqué jeudi le ministère de la Santé.

Les deux dernières victimes sont une personne âgée de 73 ans originaire de l’Oise et une autre, de 64 ans, originaire de l’Aisne. Les précédents décès enregistrés en lien avec le coronavirus concernaient des personnes à risque ou très âgées.

Face à la progression de la contamination par le virus - la France est l’un des principaux foyers du virus en Europe, avec l’Italie et l’Allemagne -, l’Elysée a convoqué une trentaine d’experts - médecins, scientifiques et responsables de laboratoires - à 16H00 autour du président et des ministres de la Santé, Olivier Véran et de la Recherche, Frédérique Vidal.

Jeudi, la dernière région restée jusqu’alors à l’écart de la contamination, le Centre-Val de Loire, a rapporté deux cas, un quadragénaire dans l’Eure-et-Loir, de retour de Milan. Et une femme dans l’Indre-et-Loire, qui avait assisté au rassemblement d’une église évangélique de Mulhouse.

Ce rassemblement évangélique qui avait réuni près de 2.000 personnes du 17 au 24 février est la source de la plupart des nouveaux cas signalés, notamment en Corse, elle aussi épargnée jusqu’à présent.

Mercredi, la Guyane avait également annoncé cinq cas avérés, tous rentrés de cette réunion à Mulhouse auquel ont participé 2.000 personnes environ. Martinique, Mayotte et la Réunion sont pour l’heure exemptes de cas avérés.

Premier cas à la RATP

A Paris, la RATP a signalé le premier cas parmi ses agents en station, sans que le trafic du métro s’en trouve perturbé.

«L’Agence régionale de santé va faire tout de suite l’enquête et va dire qui doit rester chez soi» parmi ses collègues, a commenté sur Europe 1 la ministre du Travail, Muriel Pénicaud.

Lentement, mais sûrement, la contagion gagne: il semble «peu probable malheureusement» que la France échappe au stade 3, le stade épidémique, a déjà prévenu mercredi la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, à l’issue d’un Conseil de défense à l’Elysée. «Nous nous préparons activement au fait d’avoir une épidémie».

Au stade 3, celui où l’on constate que le virus circule et qu’il est transmissible sur l’ensemble du territoire, «les activités collectives sont fortement impactées», précise le gouvernement sur le site gouvernement.fr.

Le pays reste pour l’heure au stade 2, celui où les autorités mettent «tout en oeuvre pour freiner la diffusion du virus», affirme le ministre de la Santé, Olivier Véran.

Les restrictions collectives, décidées le week-end dernier, restent les mêmes et interdisent en particulier les rassemblements de plus de 5.000 personnes en milieu clos, qui favorisent la transmission rapide du virus. L’arrêté relatif à ces mesures, paru jeudi, précise que ces mesures resteront en vigueur jusqu’au 31 mai.

Avec 20 cas recensés, le Morbihan est l’un des principaux foyers de cas groupés, avec l’Oise et la commune de La Balme, en Haute-Savoie.

Dans les cabinets médicaux, les médecins s’ajustent : ainsi, à Crac’h, commune de 3.400 habitants du golfe du Morbihan, le généraliste du bourg Christian Morigny reçoit les patients potentiellement contaminés «en dehors des horaires habituels de consultation» pour qu’ils ne croisent pas les autres patients. Une autre multiplie les téléconsultations.

«Pas de psychose»

Mais «contrairement au H1N1 (en 2009, ndlr), on n’a pas de psychose, les gens sont sereins» assure le docteur Eric Henry, qui constate surtout la hausse des arrêts de travail: 80 en quelques jours contre un à deux par semaine en temps normal.

A ce stade, le report des municipales (15-22 mars) n’est pas à l’ordre du jour.

Même si de nombreuses annulations d’événements ont déjà été annoncées, comme le MIPTV, deuxième plus grand événement mondial dédié aux professionnels de la télévision, prévu du 30 mars au 2 avril à Cannes.

Muriel Pénicaud a précisé de son côté que 400 entreprises avaient demandé des mesures de chômage technique pour 6.000 salariés, principalement dans le tourisme et la restauration, où l’activité «tombe à cause du coronavirus».

C’est déjà palpable pour les châteaux de la Loire, où les réservations des visiteurs asiatiques ont baissé des deux tiers depuis le début de l’épidémie: «Il y a un impact évident sur les visiteurs en provenance de Chine, Taïwan et de Corée du Sud», constate Jean d’Haussonville, directeur général du Domaine national de Chambord (Loir-et-Cher). «Et aussi sur la clientèle italienne, très importante».

Selon un sondage Elabe pour BFMTV, 52% des personnes interrogées se disent pas inquiètes (5 points de plus qu’il y a une semaine) mais redoutent surtout le promiscuité des transports en commun.

La population se précipite d’ailleurs sur les masques, dont les stocks ont été réquisitionnés par décret, et sur les gels hydroalcooliques: pour endiguer l’envol des prix l’Etat a proposé aux fabricants de plafonner les étiquettes à 3 euros les 100 ml.

Jeudi, une «bonne centaine» d’écoles, collèges et lycées restaient fermés, essentiellement dans l’Oise (35.000 élèves touchés) et le Morbihan (9.000). Une seule a fermé ses portes en Ile-de-France, à Louvres dans le Val-d’Oise.