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Coronavirus: onze villes en quarantaine en Italie, l'angoisse monte

24 février 2020, 12:12

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Coronavirus: onze villes en quarantaine en Italie, l'angoisse monte

Arrêt du Carnaval de Venise, fermetures à Milan et deux semaines de quarantaine pour onze villes: le Nord de l'Italie se prépare à vivre des jours d'angoisse et de restrictions après une soudaine et spectaculaire flambée des cas du nouveau coronavirus en trois jours.

La découverte de plusieurs foyers vendredi, jour où a été annoncé le premier décès d'un Italien (et d'un Européen), puis la multiplication rapide des cas, passés de six à près de 150 dimanche, préoccupe les autorités et la population locale. A ce lundi 24 février, trois morts sont à déplorer.

«Virus Paralysie», titre le grand journal Repubblica. Tous les médias publient des recommandations sur la manière d'éviter la contagion ou d'expliquer l'épidémie aux enfants. 

L'Italie compte désormais 152 cas dont trois décès, ce qui en fait le pays le plus touché en Europe, depuis qu'a démarré l'épidémie de pneumonie virale en décembre en Chine. Les cas les plus nombreux ont été recensés en Lombardie (région de Milan) avec 112 contaminations et 22 en Vénétie (région de Venise). 

Le Premier ministre Giuseppe Conte, interrogé sur la chaîne publique Rai Uno, avait appelé à «ne pas succomber à la panique et à suivre les consignes des autorités sanitaires». «Il ne faut pas avoir peur du fait que le nombre de cas augmentera encore», a-t-il ajouté.

Deux foyers principaux ont été identifiés: autour de Codogno, en Lombardie où un deuxième décès (une femme de 77 ans) a été annoncé samedi, et à Vo'Euganeo, près de Padoue (Vénétie), où le premier cas mortel d'un retraité de 78 ans avait été enregistré. Un cordon sanitaire y sera établi par l'armée à partir de lundi.

Les autorités de Lombardie ont aussi annoncé dimanche le décès d'une femme âgée, atteinte d'un cancer et qui avait contracté le nouveau coronavirus.

Le gouvernement a adopté un décret-loi très strict qui met à l'isolement onze villes, dont dix dans le périmètre de Codogno. «Ni l'entrée ni la sortie ne sera autorisée sauf dérogation particulière», a annoncé Giuseppe Conte.

Fermetures à Milan

Dimanche, la Vénétie a aussi décrété l'interruption des festivités du célèbre Carnaval qui devait se terminer mardi, et des manifestations sportives ainsi que la fermeture des écoles et musées. Mais bars et restaurants restent ouverts. 

En Lombardie, dans la métropole de Milan, capitale économique italienne, écoles, universités, mais aussi musées, cinémas et théâtres dont la prestigieuse Scala seront fermés. Tous les bars baisseront le rideau de 18H00 à 6H00 du matin. Mais les services publics restent ouverts.

Même la fashion week milanaise a été perturbée: le maestro Giorgio Armani, 85 ans, et la styliste Laura Biagiotti ont décidé de défiler dimanche portes closes et de retransmettre leurs présentations pour l'automne-hiver 2020 sur leurs sites web.

Dans les onze villes en quarantaine, tous les lieux publics (bars, restaurants mairies, bibliothèques, écoles) sauf les pharmacies, ont fermé dès vendredi. 

Le principal foyer se trouve autour de Codogno, 15.000 habitants, dont beaucoup travaillent aux alentours ou à Milan, à 60 km de là.

Les trains de la société privée Trenord ne s'arrêtent plus dans cette localité et deux villes voisines. Des panneaux lumineux annoncent: «Coronavirus, la population est invitée à rester chez elle, par mesure de précaution».

Tout près à Casalpusterlengo, une voiture de la police arrête tous les véhicules circulant sur la principale artère reliant les différentes bourgades. 

«Nous allons rapidement installer un blocus total», a expliqué dimanche après-midi à l'AFP un policier, en soulignant que les agents informent «les gens que s'ils entrent, ils ne pourront plus sortir et inversement».

Le gouvernement a prévu des sanctions allant jusqu'à trois mois de réclusion pour les contrevenants.

Craintes pour les vivres

Mais la grande crainte des habitants est celle de manquer de vivres. Toute la journée, à Casalpusterlengo, des files se sont formées devant le supermarché Lidl, l'un des seuls ouverts.

Le patient 1 pour la Lombardie est un homme de 38 ans, Mattia, cadre de la multinationale anglo-néerlandaise Unilever qui a un site important près de Codogno, à Casalpusterlengo, où 120 des salariés sur 160 ont été testés.

Sa contamination reste un mystère: il est exclu qu'il ait été contaminé par l'un de ses amis revenu de Chine en janvier, car celui-ci, «sur la base des tests effectués, n'a pas développé les anticorps», selon le ministère de la Santé.

L'OMS reconnaît que «la hausse rapide des cas enregistrés en Italie depuis deux jours est inquiétante», selon un porte-parole. «Ce qui nous inquiète aussi c'est qu'on n'a pas pu identifier dans tous les cas des liens épidémiologiques clairs comme des voyages en Chine ou des contacts avec un cas confirmé.»

L'autre zone de contamination est Vo' Euganeo, près de Padoue. Les autorités ont soumis à des tests huit ressortissants chinois qui fréquentaient le même bar que le maçon décédé vendredi mais qui se sont révélés négatifs.

Le patron de la région Luca Zaia s'est dit «préoccupé» que le patient zéro n'ait pas été trouvé, ce qui prouve pour lui que «le virus est bien plus omniprésent que ce qu'on pensait».

La Corée du Sud, plus grand foyer de coronavirus en dehors de la Chine

La Corée du Sud est devenue le plus important foyer de l'épidémie de Covid-19 en dehors de la Chine avec, lundi, 161 nouvelles contaminations au coronavirus, ce qui porte le bilan national à 763 cas et sept morts.

Le nombre de malades dans le pays dépasse désormais celui du foyer d'infection du paquebot Diamond Princess, en quarantaine au Japon.

La Corée du Sud a connu une augmentation rapide du nombre de cas avec plus de 700 nouvelles contaminations en moins d'une semaine.

La plupart des porteurs du virus ont un lien avec l'Eglise Shincheonji de Jésus de la ville de Daegu (sud du pays). C'est une de ses fidèles, âgée de 61 ans, qui aurait transmis le virus, dont elle ignorait être porteuse, notamment en assistant à des offices religieux à Daegu.

Dimanche, dans une déclaration vidéo, l'église s'est excusée d'avoir «suscité des inquiétudes» et a dit vouloir coopérer avec les autorités sanitaires pour «mettre fin rapidement» à la situation.

Lundi, les personnes liées à cette secte représentaient 129 des 161 nouveaux cas enregistrés, a indiqué lundi dans un communiqué le Centre coréen pour le contrôle et la prévention des maladies.

Deux nouveaux décès ont été enregistrés, portant le bilan total à sept morts. 

Les deux nouvelles victimes avaient un lien avec l'hôpital Daenam de Cheongdo, situé à une quarantaine de kilomètres de Daegu, et qui est le second foyer de contagion du pays. 

Plus d'une centaine de cas ont été rapportés dans cet établissement dont la plupart des patients sont traités pour des problèmes psychiatriques.

La fermeture des écoles a été prolongée d'une semaine et la surveillance des personnes en provenance de Chine va être renforcée durant deux semaines.

Les autorités sanitaires vont procéder au contrôle d'environ 28 000 personnes à Daegu, dont les 2,5 millions d'habitants doivent rester chez eux.

Cette épidémie a contraint le géant sud-coréen Samsung Electronics à interrompre les activités de son usine de Gumi, à 200 kilomètres au sud-est de Séoul, un de ses employés ayant été contaminé.

Ce site fabrique des modèles haut de gamme destinés au marché intérieur, parmi lesquels les Galaxy S20 et le Galaxy Z Flip.

Lundi matin, la chaîne JTBC n'a pas diffusé ses informations télévisées, son présentateur météo ayant présenté des symptômes, contraignant tout le personnel à se mettre en quarantaine, selon l'agence de presse Yonhap.

Les pays voisins de l'Italie très vigilants

Pays voisins de l'Italie, la France, la Suisse et l'Autriche suivent avec attention l'évolution de la situation sanitaire dans la péninsule, où plus de 150 cas de coronavirus dont trois mortels ont été enregistrés et où onze villes ont été placées en quarantaine.

La France se prépare à une possible «épidémie» du nouveau coronavirus, a déclaré le ministre français de la Santé Olivier Véran dans un entretien publié dans le Parisien Dimanche, estimant «très probable» la possibilité de nouveaux cas en France. 

«Une épidémie? Nous nous y préparons», a-t-il dit, évoquant notamment l'augmentation du «nombre de laboratoires équipés en tests de diagnostic pour atteindre une capacité de plusieurs milliers d'analyses par jour et sur tout le territoire, contre 400 aujourd'hui».

Quelque 70 hôpitaux supplémentaires vont «être activés» pour faire face à une éventuelle propagation en France du coronavirus, afin d'avoir au moins un établissement par département en France métropolitaine, a-t-il précisé dimanche soir lors d'un point presse.

La Suisse n'a pour l'heure «pas pris de mesures supplémentaires» de type restrictions aux frontières mais «évidemment, nous regardons très attentivement ce qui se passe en Italie» où la Protection civile a dénombré 132 cas de Covid-19, a affirmé dimanche un porte-parole de l'Office fédéral de la Santé publique.

Les chemins de fer autrichiens ont de leur côté annoncé dimanche soir la suspension jusqu'à nouvel ordre du trafic sur une importante liaison avec l'Italie passant par le col du Brenner, où un train venant de Venise a été arrêté en raison de deux cas suspects de coronavirus.

L'interruption du trafic sur cette liaison bloquait dimanche soir en gare du Brenner quelque 500 passagers, selon les autorités locales citées par la presse.

Enfin, en Slovénie, pays également frontalier de l'Italie, le gouvernement a convoqué pour lundi un Conseil de sécurité nationale afin de faire le point sur la situation. Les autorités ont demandé aux vacanciers de retour des stations de ski du nord de l'Italie d'être particulièrement vigilants à d'éventuels symptômes.