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Journée mondiale: cancer chez l’enfant, la peur et l’espoir

16 février 2020, 18:00

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Journée mondiale: cancer chez l’enfant, la peur et l’espoir

«Quand on a eu un cancer, on ne peut pas parler de guérison complète. J’ai des douleurs en permanence à la jambe», dit Suhayma Antoaroo, 14 ans. Elle est résolue à vivre avec une douleur résiduelle. Suhayma Antoaroo est atteinte du sarcome d’Ewing depuis l’âge de 12 ans. C’est une forme de cancer des os qui touche principalement les enfants et les jeunes adultes. «Avant, je n’avais jamais entendu parler de cette tumeur. C’était une grande consternation en apprenant que j’ai cette maladie», livre-t-elle, le regard posé sur sa mère.

Comme elle, Shannon Malepa souffre d’une tumeur au cerveau depuis qu’elle a sept ans. Elle connaît un trouble de croissance et n’a pas eu la possibilité d’avoir une scolarité normale. À 13 ans, elle a la carrure d’une petite fille. Elle souffre également d’hypertension, de troubles de la vue et de psoriasis, une inflammation chronique de la peau. «Cela a été un choc pour nous d’apprendre que notre fille est atteinte d’une tumeur. Nous ne savions pas si la bosse qu’elle avait à la tête aurait été aussi grave. Chaque jour est une bénédiction pour nous. À tout moment, Shannon peut tomber gravement malade», déclare Sheila Malepa, sa maman. Malgré la maladie, Shannon porte un sourire en permanence et ne semble pas comprendre la maladie qui la ronge. «Je me sens bien», avoue la collégienne, qui est en Grade 7 et fréquente l’APEIM de Port-Louis.

Le regard des autres

Shannon Malepa et Suhayma Antoaroo mènent une vie normale. Elles sont comme tous les jeunes de leur âge. Tout le monde connaît Shannon Malepa à Pointe-aux-Piments. «Elle est un peu la star du quartier», dit Sheila Malepa en esquissant un sourire. Elle parle et joue avec les enfants du quartier. «Je connais certains parents qui se montrent discrets et cachent la maladie de leur enfant. Je n’ai pas honte d’en parler», relate la maman. Sa fille fait parfois face aux regards inquisiteurs et aux moqueries. C’est le même constat pour Suhayma Antoaroo, habitante de Vacoas. «Ce que les autres disent ou pensent, ne m’atteint pas.» Aujourd’hui, la jeune fille peut marcher à l’aide d’une béquille. Elle a une prothèse à la jambe gauche.

D’ailleurs, la chute de leurs cheveux n’a pas eu de répercussions psychologiques importantes pour les deux. Suhayma Antoaroo porte un foulard sur la tête. Ses cheveux ont recommencé à pousser. Quant à Shannon Malepa, elle fait face à une perte de cheveux importante. «Mes cheveux ne repousseront plus. J’ai été exposée à la chimiothérapie trop tôt», dit-elle en nous montrant des photos d’elle lorsqu’elle était bébé.

Lorsque le cancer frappe à leur âge, il peut toucher la vie sociale et scolaire. Il peut provoquer une période d’importants bouleversements. «Que je marche avec une canne ou que je sois différente des autres filles de mon âge ne m’affecte pas. On me demande toujours si je vais bien», dit Suhayma Antoaroo. L’élève en Grade 9 de Belle-Rose SSS raconte que les filles et les enseignants de son collège sont aux petits soins pour elle.

Suhayma Antoaroo et Shannon Malepa ne peuvent malheureusement plus s’adonner aux activités sportives. «J’ai accepté ma maladie et je me suis fait une raison.» D’ailleurs, c’est lors d’une journée sportive, il y a deux ans, qu’elle a pris connaissance de son cancer. «Je suis tombée. Je me suis cassé la jambe. J’ai été admise directement à l’hôpital.» C’est au bout de plusieurs biopsies que les médecins ont pu déceler le sarcome d’Ewing chez elle. Elle a été en Inde pendant onze mois pour se faire soigner.

Soutien de la famille

L’entourage familial est primordial. C’est une ressource sur laquelle Suhayma Antoaroo et Shannon Malepa peuvent compter. «Mes parents me déposent et viennent me chercher tous les jours à l’école. Ils sont toujours là pour moi. Mon frère m’aide à enfiler mes chaussures chaque matin», raconte Suhayma Antoaroo.

«Le cancer a touché toute la famille et pas uniquement Shannon», dit Sheila Malepa. Chez les Malepa, la famille est plus soudée que jamais. Celle-ci fait tout pour aider sa fille à avoir une vie normale. «Je l’emmène tous les jours à l’école. À la sortie de l’école, elle me rejoint dans mon lieu de travail», raconte la maman, caretaker dans une école à Port-Louis. Pour cette famille, tout ce qui compte, c’est le bonheur de Shannon. «Elle est miraculée. On croyait qu’elle n’allait pas vivre. Elle était en phase terminale. De plus, elle est née prématurée de six mois.»

Aujourd’hui, les deux filles persévèrent et continuent leurs traitements. «Il ne faut pas s’arrêter à ce que les autres disent», dit Suhayma Antoaroo. Son but ultime, c’est de pouvoir marcher normalement. Shannon Malepa, elle, rayonne la joie de vivre. «Je prends toutes les précautions qu’il faut. Je ne sais pas ce qui m’arrivera demain mais je fais avec.»