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Le Morne: les pêcheurs se sentent mis sur la touche

7 février 2020, 19:35

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Le Morne: les pêcheurs se sentent mis sur la touche

Le Morne, village de pêcheurs, ne réjouit plus ces derniers car la pêche est devenue difficile.L’association des pêcheurs professionnels du Morne évoque les conditions difficiles de leurs membres.

Rien ne va plus pour les pêcheurs du Morne. C’est du moins ce qu’affirme Antoine Louis Verloppe, président de l’association des pêcheurs professionnels du Morne. Ce dernier martèle que cela fait plus de dix ans qu’il n’y a pas eu de rencontres consultatives entre le ministère de la Pêche et les acteurs du secteur. D’où sa question : «Existe-t-il  vraiment un ministère de la Pêche?»

Le président de l’association revient sur les difficultés auxquelles sont confrontés les  pêcheurs. «La  pêche, ce n’est pas un métier pour tout le monde. C’est un métier rempli d’incertitudes. Nous sortons le matin et nous ne savons pas si nous aurons suffisamment de prises pour gagner notre vie», raconte-t-il.  Shamah  Lallingh, secrétaire de l’association, abonde dans le même sens.  Ce  dernier  compte plus de 47 ans d’expérience en tant que pêcheur. Ils sont 49 pêcheurs enregistrés, incluant quatre femmes du village. «Nous tenons absolument à rencontrer Sudheer Maudhoo,  le nouveau ministre de la Pêche. Prem Koonjoo, son prédécesseur, n’a jamais jugé utile  de  nous  rencontrer.  Et pourtant, nous avions tant de choses à lui dire.»

Aux dires des deux représentants   de   l’association,  les  pêcheurs  du Morne se sentent délaissés et disent ne pas bénéficier de  grand-chose.  Ils  citent le bad  weather  allowanceet   soutiennent  que  cette somme est insuffisante. «Le dimanche et les jours fériés ne sont pas considérés. Nous ne bénéficions que d’une détaxe sur les moteurs hors-bord. Les lignes, les filets, les casiers et d’autres pièces de bateaux sont  coûteux.  Après le  passage des cyclones, les pêcheurs doivent trouver des sous pour réparer leurs casiers abîmés et parfois leurs bateaux lorsqu’ils  n’ont  pas  eu  le temps de les retirer de l’eau et les mettre à l’abri. Nous ne gagnons  presque  rien», déplore-t-il. 

Cela dit, Antoine Louis Verloppe reconnaît l’existence du Fishermen Welfare Fund, qui est un fonds pour les pêcheurs et leurs familles. Toutefois,  aux  dires  de  ce dernier, jamais un pêcheur au  Morne  n’a  pu  en  bénéficier. «Si nous allons à la banque pour un prêt, on nous dit qu’il nous faut un garant qui  travaille  dans  le  secteur public. Mais pour nous, notre seule garantie c’est notre carte de pêcheurs.»

Les pêcheurs ne peuvent travailler après la retraite car dès  qu’ils  atteignent  l’âge, leurs   cartes   de   pêcheurs leur sont enlevées.  Ils ne reçoivent pas non plus de boni de fin d’année.

 «Nous n’avons   jamais eu de 13e mois. Pourtant  les fonctionnaires du ministère de  la  Pêche ont leur boni de fin d’année tous les ans. Et si nous n’existions pas, le ministère de la Pêche n’aurait pas existé. C’est triste à dire, mais nous n’avons pas la vie facile», avance Shamah Lallsingh.

Sollicité, Sudheer Maudhoo, le nouveau ministre de la Pêche, a fait ressortir qu’il a  pu  rencontrer  quelques pêcheurs lors de la cérémonie marquant l’abolition de l’esclavage, le 1er février,  au Morne. Il avance qu’il a l’intention d’aller à la rencontre des associations de pêcheurs dans les jours à venir et qu’il tiendra compte des revendications et autres demandes des pêcheurs du Morne.