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Nouveau pilier économique: Maurice peine à coordonner son secteur de bunkering

5 février 2020, 22:17

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Nouveau pilier économique: Maurice peine à coordonner son secteur de bunkering

Après l’avoir évoqué pour la première fois dans un discours du Budget (celui de l’exercice 2015/2016) et les débats, protestations et échanges qui ont suivi, Maurice parviendra-t-il enfin à concrétiser une de ses plus fortes ambitions: se doter d’un nouveau pilier de développement économique dans le domaine de la fourniture de carburant à des navires, communément appelé bunkering?

Tout indique que la volonté pour y parvenir est là, à en croire les mesures énoncées dans le discours-programme. Est envisagé l’aménagement d’infrastructures pouvant permettre au pays de hisser son secteur de bunkering au niveau d’un pilier éco- à part entière. Le discours-programme a évoqué également le recours à des institutions pouvant permettre au pays de tirer un maximum de bénéfices du potentiel de sa zone économique exclusive.

L’aménagement d’un tel service peut occasionner l’émergence d’un ensemble d’activités économiques. La liste pourrait inclure, entre autres, l’approvisionnement de navires en eau, légumes, viandes et bien d’autres produits de consommation, la disposition de chambres d’hôtel pour le personnel des navires, un service de blanchisserie, celui du déplacement par les moyens de transport public comme les taxis, les restaurants, la gestion de barges si une plateforme située en haute mer est préférée à une autre installée à terre.

L’avitaillement n’a pas vraiment décollé pour devenir un véritable pilier économique. Les Seychelles sont déjà présentes dans ce secteur grâce à Seychelles Petroleum Company Limited (SEYPEC), l’unique fournisseur de carburant au port de Victoria. Les tuyaux d’approvisionnement permettent à la compagnie de connecter son dépôt de carburant à trois platesformes de services portuaires assurant du même coup que l’avitaillement peut se faire à partir de 21 points de distribution. Mieux, les Seychelles disposent de leur propre navire pétrolier pour assurer le service dans l’océan Indien.

Neerish Chooramun, Corporate Manager-Project & Business Development au sein de Velogic, est optimiste quant à l’émergence tant attendue d’un pilier économique dont les activités s’articulent autour de l’avitaillement. «S‘il est vrai que la compétition fait rage dans ce domaine, Maurice a tous les atouts pour revendiquer une part de ce marché.» Pour faire reculer toute méfiance par rapport à la capacité du pays à protéger l’environnement, il se dit confiant que cet obstacle peut être franchi grâce à la souscription du pays aux principes de l’International Maritime Organisation pour promouvoir l’utilisation de carburant ayant une portée écologique.

Le site https://www.enerzine.com/teneur-en-soufre-du-diesel-leurope-est-bonne-eleve/5154- fait état d’un classement des 100 premiers pays sur la base de la limite de la teneur en soufre dans le carburant diesel réalisé par le cabinet de consultants International Fuel Quality Centre (IFQC). Ce dernier n’est pas insensible à la pollution que peut occasionner le soufre présent dans le pétrole brut.

«Lorsque le soufre est émis dans l’air à la suite de la combustion du carburant, ses composés ont des répercussions négatives sur la santé et l’environnement. Les dommages environnementaux causés aux forêts, aux récoltes et aux ressources en eau peuvent également découler des fortes émissions de soufre à long terme, lesquelles contribuent aux pluies acides.»

Et Liisa Kiuru, directrice générale de l’IFQC, de conclure «Il faut à tout prix s’attaquer à la hausse globale des émissions des véhicules de transport, particulièrement à mesure que la population et le besoin en matière de transport continuent de s’accroître».




Les grandes dates où a été évoqué le recours à un secteur d’activités consacrées au bunkering

Budget 2015/2016

Vishnu Lutchmeenaraidoo, alors ministre des Finances, annonce que la Mauritius Ports Authority viendrait avec un nouveau plan directeur avec l’objectif de développer le port de Port-Louis comme un centre d’avitaillement, de transbordement, pour les croisières, les produits de mer et les produits pétroliers.

Budget 2016/2017

Pravind Jugnauth, alors titulaire du portefeuille des Finances, évoque l’intérêt d’un consortium international privé pour aménager une raffinerie et des facilités de stockage de produits pétroliers à Albion. Il parle de l’ambition du gouvernement de faire de Maurice la première source d’approvisionnement en carburant à faible teneur de soufre de la région océan Indien. C’était une manifestation de la volonté du gouvernement à tenir compte des effets négatifs qu’un tel développement pourrait avoir sur la santé et l’environnement si rien n’est entrepris pour réduire tant soit peu le volume de soufre qui est renvoyé dans l’atmosphère suivant la combustion du carburant.

Septembre 2017

Annonce relative à la venue d’une équipe d’experts indiens pour d’étudier la possibilité d’aménager un terminal pétrolier à Albion.

Janvier 2018

Le gouvernement envisage de créer de nouveaux piliers économiques ; les produits pétroliers, de même que le bunkering en font partie. «Nous avons tout le potentiel pour devenir un des acteurs majeurs de la région grâce, entre autres, à notre environnement favorable au développement des affaires.» C’est ce qu’a déclaré Ashit Gungah, alors ministre de l’Industrie. C’était à l’hôtel Ravenala Attitude de Balaclava dans le cadre des travaux de la 12e édition d’une conférence sur les ports de l’océan Indien et une exposition sur les activités d’une entreprise logistique. Sa réflexion portait sur la possibilité de faire de Maurice un centre régional de transbordement et d’avitaillement pour le continent africain et la région océan Indien.

Janvier 2020

Exactement deux ans après, lors de la lecture du discours-programme, Pritvirajsing Roopun, le président de la République, remet les pendules à l’heure. La démarche est caractérisée par une détermination à agir tant sur le plan des infrastructures qu’au niveau de la législation. Le président indique que les recommandations du plan directeur de développement portuaire seront mises en œuvre. Celles-ci comprennent, entre autres initiatives, l’agrandissement du chantier naval, l’introduction de facilités pour promouvoir des activités liées à l’avitaillement et/ou encore des facilités pour le stockage de gaz naturel liquéfié. Le volet encadrement comprend, entre autres, l’institution d’un cadre juridique unifié, l’élaboration d’un Offshore Petroleum Billou la mise en place d’un centre de développement de biotechnologie marine.