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Patrimoine: le musée de l’esclavage géré par une compagnie d’État

30 janvier 2020, 20:30

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Patrimoine: le musée de l’esclavage géré par une compagnie d’État

Briser les chaînes de l’inaction. C’est avec l’objectif de faire avancer le dossier de transformation que le musée de l’esclavage a été placé entre les mains d’une compagnie 100 % étatique, qui tombe sous le ministère des Arts et du Patrimoine culturel. Une nouvelle entité, soit, Intercontinental Slavery Museum Mauritius Ltd (ISM), a également été incorporée mercredi dernier.

Cette compagnie bénéficie d’«une dose d’autonomie», affirme son président, Jean Maxy Simonet. En mai de l’année dernière, ce haut fonctionnaire qui vient de terminer une carrière de plus de 40 ans comme Senior Chief Executive au ministère de la Fonction publique, avait présidé le concept committee du musée de l’esclavage. Les directeurs du comité sont l’historienne Vijaya Teelock, le prêtre-chercheur Alain Romaine, Diana Rengasamy du Prime minister’s office, la Permanent Secretary du ministère des Arts et du Patrimoine culturel et un représentant du ministère des Finances.

C’est lors d’une visite, le 19 septembre dernier, que le PM a lancé ce projet qui se fera par phase.

Selon Jean Maxy Simonet, pour exécuter les travaux de réhabilitation du bâtiment (voir hors-texte), il y avait trois voies possibles. «Soit passer par un ministère, par un corps-para étatique, ou par une autre structure.» S’appuyant sur sa longue expérience, le responsable affirme que «la compagnie d’État a la flexibilité nécessaire pour avoir recours à des compétences spécialisées sur une base ad hoc». En faisant référence à Vijaya Teelock et Alain Romaine , qui sont aussi membres du Centre for Research on Slavery and Indenture de l’université de Maurice, il indique qu’il leur est redevable pour faire avancer le dossier. «On parle de ce projet depuis l’an 2000. Si on passait par un ministère, on en parlerait encore pendant des années.»

Cette société d’État servira aussi à récolter des fonds de «pays donateurs, d’agences qui se sont manifestées. Demain, ce musée peut être rentable. Il aura aussi un attrait touristique», ajoute le président. Par ailleurs, un budget de Rs 25 millions a déjà été alloué pour financer la première phase des travaux et une exposition.

 

 

Consultations publiques: trois mois pour donner son avis

<p>La prochaine étape dans la réalisation du projet passe par des consultations publiques, pour <em>&laquo;s&rsquo;assurer que le musée reflète les souhaits de toutes les parties concernées&raquo;</em>. Ces consultations vont démarrer<em> &laquo;durant la première quinzaine de février&raquo;</em>, indique Jean Maxy Simonet.</p>

<p>Le public en général sera invité à se rendre sur place, soit à l&rsquo;ex-hôpital militaire, à la route du quai, Port-Louis. Pendant trois mois, ils pourront visiter une exposition et même voir un film documentaire racontant le sort tragique de Pedro, un esclave originaire du Mozambique. Ce denier, un artisan qui ne s&rsquo;est pas adapté au travail dans les champs, a fini par s&rsquo;enfuir. Retrouvé, il a été battu à mort.</p>

<p>N&rsquo;allez pas croire que ce musée ne parlera que de souffrances et de châtiments. Parmi les grands thèmes identifiés par le concept committee, il y a: la contribution des esclaves à la construction du pays, un retour sur leurs pays et cultures d&rsquo;origine et des cartes des routes empruntées par les esclaves. Le musée envisage de retracer la traversée des esclaves, leur arrivée à Maurice ainsi que leur <em>&laquo;enracinement et intégration&raquo;.</em> Également leurs luttes et résistances, et ce qu&rsquo;ils nous ont légué.<em> &laquo;Durant les consultations, le public pourra aussi proposer d&rsquo;autres thèmes&raquo;.&nbsp;</em></p>

 

 

 


Ex-hôpital militaire structure et cachet préservés

<p>C&rsquo;est par phase qu&rsquo;aura lieu la réhabilitation de l&rsquo;ex-hôpital militaire. <em>&laquo;Aucune altération de la structure n&rsquo;aura lieu. Nous voulons préserver au maximum son cachet&raquo;</em>. C&rsquo;est lors de la deuxième phase du projet que, &laquo;<em>nous aurons recours aux services d&rsquo;un expert en restauration&raquo;</em>, explique Jean Maxy Simonet. Pour l&rsquo;heure, des travaux <em>&laquo;élémentaires&raquo; </em>auront lieu, sous la supervision du<em> National Heritage Fund. &laquo;On s&rsquo;est basé sur les recommandations de l&rsquo;étude du cabinet Steget.&raquo; </em>L&rsquo;appel d&rsquo;offres pour les travaux a été lancé hier.&nbsp;</p>

<p>Si le bâtiment était occupé par le personnel de l&rsquo;<em>Aapravasi Ghat Trust Fund</em> et un département du ministère des Travaux publics ceux-ci <em>&laquo;sont en partance&raquo;</em>, affirme le responsable. L&rsquo;ex-hôpital militaire date de 1740. Il a été construit durant le mandat du gouverneur français Mahé de La Bourdonnais.<em> &laquo;Des esclaves ont non seulement construit l&rsquo;édifice, mais ils y ont aussi été soignés.&raquo;</em> Il est bien situé, souligne Jean Maxy Simonet, <em>&laquo;à côté du centre d&rsquo;interprétation de l&rsquo;Aapravasi Ghat et du musée de La Poste.&raquo;</em></p>