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Retraites: syndicats et patronat ont 3 mois pour trouver 12 milliards

30 janvier 2020, 13:39

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Retraites: syndicats et patronat ont 3 mois pour trouver 12 milliards

La «conférence» chargée de ramener le système de retraite à l’équilibre financier d’ici 2027 démarre jeudi avec un calendrier serré: État et partenaires sociaux doivent trouver d’ici fin avril un accord pour combler un déficit estimé à terme à 12 milliards d’euros par an.

Un tour de chauffe avant la course aux fonds: la «conférence sur l’équilibre et le financement des retraites», annoncée le 11 janvier par le Premier ministre, sera officiellement lancée à 15H00 au Conseil économique, social et environnemental.

Édouard Philippe «installera» solennellement cette instance, accompagné de trois membres de son gouvernement - Agnès Buzyn (Solidarités), Laurent Pietraszewski (Retraites) et Olivier Dussopt (Fonction publique) - puis s’exprimera à l’issue de cette rencontre.

Ce premier rendez-vous aura surtout pour but d’établir un calendrier et une méthode de travail.

L’objectif est déjà gravé dans le projet de loi présenté la semaine dernière en Conseil des ministres: «atteindre l’équilibre financier de l’ensemble des régimes de retraite de base en 2027».

Quel que soit le résultat de cette «conférence», il est déjà prévu que le gouvernement prenne, dans les trois mois suivant le vote de la loi, une ordonnance «pour rétablir cet équilibre». A cette fin, le texte autorise l’exécutif à modifier certains «paramètres»: âge légal de départ, conditions pour une pension à taux plein (âge, durée de cotisation, décote et surcote), ressources supplémentaires pour l’assurance vieillesse et utilisation du Fonds de réserve des retraites.

Mais pas question de toucher au «pouvoir d’achat des retraités» ni d’augmenter le «coût du travail», a prévenu le Premier ministre.

Une gageure, alors que le système de retraite est déjà en déficit et qu’il «se creusera dans les prochaines années, pour atteindre un montant de l’ordre de 12 milliards d’euros en 2027», souligne-t-il dans un courrier adressé mardi au chef des députés LR, Damien Abad.

«Mesure d’âge»

Dans ces conditions, le patronat ne voit qu’une solution: «l’essentiel des économies sera apporté par une mesure d’âge», a prédit Geoffroy Roux de Bézieux mercredi lors d’une audition à l’Assemblée.

Anticipant un possible échec des négociations, le président du Medef a prévenu: «Si on n’arrive pas à un accord dans trois mois, nous comptons bien sur le gouvernement pour mettre en place cette mesure d’âge».

De son côté, le président de la CPME, François Asselin, propose dans les Échos d'«amortir le choc du malus lié à cet âge d’équilibre», en stockant RTT, heures supplémentaires et congés payés non pris qui seraient «convertis en points» au moment de liquider ses droits à la retraite pour «partir plus tôt».

Des positions aux antipodes de celles des syndicats, qui viennent d’obtenir le retrait de «l’âge pivot» que le gouvernement entendait créer dès 2022, pour le porter à 64 ans en 2027, avec un «bonus-malus» de 5% par an.

La CFDT, qui avait réclamé l’organisation de cette «conférence de financement» afin d’étudier des scénarios alternatifs, a pour sa part formulé des nouvelles revendications. «Il faut d’abord qu’on réponde aux exigences de justice sociale, c’est une condition sine qua non pour avancer», a affirmé son secrétaire général Laurent Berger mercredi.

Le premier syndicat français, favorable au principe d’un «système universel» de retraite, attend «des avancées concrètes très rapidement» dans les concertations en cours dans les différents ministères (Travail, Santé, Retraites, Fonction publique). «Nous discuterons après avoir eu des assurances en terme de pénibilité, retraite progressive, minimum contributif et transitions pour les agents publics», a précisé M. Berger.

Du côté des opposants à la réforme, Force ouvrière demande que la question du coût du travail soit rouverte. «Nous avons une proposition très simple (...): 1% d’augmentation des cotisations permet d’atteindre l’équilibre à horizon 2030», a exposé son secrétaire général Yves Veyrier jeudi sur RTL. «Nous sommes prêts à mettre sur la table les 140 milliards d’aides publiques aux entreprises et (qu')on regarde comment on redistribue ça pour faire de la cotisation et de la ressource pour les systèmes de retraite», a-t-il développé.

Les députés doivent examiner le projet de loi en commission spéciale dès lundi, puis en séance publique à partir du 17 février, en vue d’un premier vote début mars.