Publicité

Retraites: la réforme adoptée en Conseil des ministres, ses opposants de nouveau dans la rue

24 janvier 2020, 18:29

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Retraites: la réforme adoptée en Conseil des ministres, ses opposants de nouveau dans la rue

Les opposants à la réforme des retraites étaient dans la rue vendredi, après l’adoption du projet en Conseil des ministres et avant une nouvelle journée de mobilisation est annoncée pour le 29 janvier.

Emmanuel Macron a dénoncé «les actes de violence et la radicalité de certains blocages», appelant «à la plus grande fermeté à l’égard de leurs auteurs», selon des propos rapportés par Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, à l’issue du Conseil des ministres.

«On pourrait dénoncer la violence de certains de ses propos», a fait valoir le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez, qui a réfuté tout «baroud d’honneur» au 51e jour d’une mobilisation entamée le 5 décembre.

«Ce mouvement reste massif, on a des taux de grève importants, il s’inscrit dans la durée et il n’est pas le fait de quelques personnes marginales», a affirmé Benoît Teste, secrétaire général de la FSU, majoritaire dans l’Éducation, depuis la manifestation parisienne qui réunissait entre 350 et 400.000 personnes selon la CGT, dont de très nombreux enseignants, entre République et Concorde.

«La démocratie sociale et politique ne s’est pas exercée. Espérons que, dans les mois qui viennent, à l' occasion du débat parlementaire et des amendements, la démocratie reprenne un peu ses droits», a insisté le président de la CFE-CGC François Hommeril.

«Marée rouge» au Havre

«Retraités à points, retraités à poil», «Sans profs, la vie n’a pas de classe» et «Des paillettes dans nos retraites», pouvait-on lire sur les pancartes parisiennes.

«C’est vrai que ça commence à être long. Ce n’est pas parce que les transports repartent que la contestation s’essouffle (...). On ne lâchera pas», témoignait Cédric, un infirmier de 34 ans.

Une nouvelle journée interprofessionnelle a été décidée pour le 29 janvier après une réunion vendredi. La CFE-CGC, qui souhaitait faire une «pause», ne s’est pas associée au reste de l’intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU et organisations de jeunesse).

En régions, la CGT Normandie évoquait «une marée rouge» dans les rues du Havre. Le gouvernement est hautain, il ne prend pas en considération ce qu’on lui dit. Il ne prend plus l’avis des syndicats. Il veut faire passer sa réforme coûte que coûte, déplorait Cécile Chamignon, fonctionnaire de 40 ans, dans le cortège lyonnais.

A Montpellier, où la manifestation s’est élancée en fin de matinée, on pouvait lire sur les pancartes «Age pivot, âge pipeau» ou «Re-Traite moi bien».

Quelque 200 avocats du barreau de Bordeaux se sont réunis sur les marches du tribunal, en robe et portant tous des masques blancs, symbolisant selon l’un d’eux «la mort promise à 30% des avocats à cause de la réforme des retraites». Le Conseil national des barreaux (CNB), qui a rencontré jeudi le Premier ministre Édouard Philippe, a déploré vendredi qu’il n’y ait eu «aucune nouvelle proposition». Il décidera samedi de la suite du mouvement de grève.

Pour Carole, professeur de français de 40 ans à Clermont-Ferrand, «plus le gouvernement parle plus ça me révolte».

Tour Eiffel fermée

Dans l’éducation, le taux de grévistes était de 15,84% dans le primaire et de 10,30% dans le secondaire (collèges et lycées), selon le ministère, mais de 40% pour chacun d’après les syndicats. Des chiffres en hausse par rapport à la mobilisation du 16 janvier.

A Paris, la Tour Eiffel était fermée.

Dans les transports, après un quasi-retour à la normale ces derniers jours le trafic était de nouveau perturbé: quasi-normal sur les TGV et l’international, il était de 70% pour les TER et Intercités et 60% dans les Transiliens à la SNCF, où le taux de grévistes a atteint 13,9% vendredi matin.

Le réseau RATP était moins fluide avec seulement trois lignes de métro qui fonctionnaient normalement.

Une grosse centaine de journalistes se sont déclarés en grève vendredi, à Mediapart, Libération ou Télérama notamment.

L’exécutif s’en tient à son calendrier. Adoptés en Conseil des ministres, les deux projets de loi - l’un organique, l’autre ordinaire - visant à créer un «système universel» de retraite par points vont être transmis à l’Assemblée nationale pour un débat en séance publique à partir du 17 février en vue d’un premier vote début mars.

En parallèle, les discussions se poursuivent entre gouvernement, syndicats et patronat sur des points-clés comme la pénibilité, le minimum de pension, les fins de carrière et l’emploi des seniors.

Autant de sujets qui rendent incertain le coût final de la réforme, dont «l’équilibre d’ici 2027» est renvoyé à une «conférence des financeurs» qui sera lancée le 30 janvier et doit proposer une solution avant la fin avril. La CGT et FO n’ont pas encore indiqué si elles y participeraient.

«S’il n’y a pas d’avancée, on va rester sur cette situation extrêmement explosive», a reconnu vendredi le numéro 1 de la CFDT Laurent Berger.