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Le film «Joker» en tête d’une course aux Oscars très blanche et masculine

14 janvier 2020, 09:44

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Le film «Joker» en tête d’une course aux Oscars très blanche et masculine

Avec onze nominations recueillies au total, le film «Joker» de Todd Phillips, avec Joaquin Phoenix dans le rôle-titre, part en tête de la course d’une 92e édition des Oscars très blanche et masculine, déjà critiquée lundi pour son manque de diversité.

«Joker» est en lice dans les catégories du meilleur film, meilleur acteur, meilleur réalisateur, meilleur scénario adapté et de nombreuses catégories techniques. Il est au coude-à-coude avec trois autres favoris, «The Irishman», thriller politico-mafieux de Martin Scorsese, «Once Upon a Time... in Hollywood» de Quentin Tarantino, et «1917» de Sam Mendes, avec dix nominations chacun.

Leonardo DiCaprio et Brad Pitt défendront les couleurs de «Once Upon a Time... in Hollywood», ode de Tarantino au cinéma et au Los Angeles des années 1960, tandis que «1917», film sur la Première Guerre mondiale quasiment construit comme un plan-séquence long de deux heures, fait fort dans les catégories purement cinématographiques et techniques.

Camouflet de l’Académie américaine des arts et sciences du cinéma, qui remet les prestigieuses statuettes: déjà snobé lors des derniers Golden Globes, le vétéran Robert De Niro n’a pas été retenu pour «The Irishman».

L’Académie des Oscars a en revanche fait une place remarquée à «Parasite», de Bong Joon-ho. Palme d’or du dernier festival de Cannes, le film sud-coréen a décroché six nominations, notamment dans la catégorie phare du meilleur film.
 
Parmi les autres outsiders figurent «Marriage Story» (six nominations), avec son duo d’acteurs en vue Adam Driver et Scarlett Johansson, tous deux sélectionnés, «Jojo Rabbit» (six nominations, dont encore une pour Johansson) et «Les Filles du Docteur March» de Greta Gerwig.

Cette dernière n’a toutefois pas été retenue dans la catégorie des réalisateurs, dont les femmes sont totalement absentes cette année, ce qui a relancé une vieille controverse à Hollywood.

Cinq femmes

«Malheureusement, il n’y a que cinq noms» dans la catégorie du meilleur réalisateur «sur une année incroyablement dense», avait déclaré à l’AFP un membre de l’Académie, sous couvert d’anonymat, avant les nominations.
 
Les statistiques sont cependant têtues. Depuis la création des Oscars, seules cinq femmes ont obtenu une nomination en tant que réalisatrices: Lina Wertmüller (en 1976 pour «Pasqualino»), Jane Campion (en 1993 pour «La Leçon de piano»), Sofia Coppola (en 2003 pour «Lost in Translation»), Kathryn Bigelow (en 2009 pour «Démineurs») et Greta Gerwig (en 2017 pour «Lady Bird»).

En lice pour son second rôle dans «Les Filles du Docteur March», Florence Pugh a déclaré au magazine Variety qu’elle était «heureuse que tout le monde soit gêné» par cette absence de Greta Gerwig.

«Mes félicitations à ces hommes», a lancé ironiquement l’actrice américaine Issa Rae, qui co-présentait l’annonce des nominations, après la publication de la liste des réalisateurs.

Régulièrement étrillée ces dernières années pour son manque de diversité, l’Académie des Oscars s’expose encore à la critique pour sa sélection 2020: l’actrice noire américaine Cynthia Erivo est la seule artiste «non blanche» à s’être frayée un chemin dans les nominations, dans la catégorie «meilleure actrice» pour «Harriet», film historique sur le racisme et l’esclavage aux Etats-Unis.

L’an dernier, trois des quatre Oscars décernés aux comédiens étaient allés à des artistes de couleur, relevaient des commentateurs à Hollywood, pointant notamment cette année du doigt l’absence d’Eddie Murphy, qui effectuait son grand retour au cinéma dans «Dolemite Is My Name», et de Jennifer Lopez, qui pouvait prétendre à une nomination pour «Queens».

Obama et deux Français

L’ancien président américain Barack Obama s’est tout de même réjoui sur Twitter d’une nomination, celle du documentaire qu’il a contribué à produire, «American Factory», la difficile reprise d’une usine automobile de l’Ohio par un milliardaire chinois et le choc culturel qui s’ensuit.

La France sera représentée dans la catégorie du meilleur film étranger par «Les Misérables» de Ladj Ly mais aussi par «J’ai perdu mon corps» pour les films d’animation.

«C’est une incroyable aventure de voir que l’on est le représentant de la France aux Oscars», a déclaré le réalisateur à l’AFP à Paris.

«J’espère que ça va faire réfléchir cette jeunesse, lui donner envie d’aller jusqu’au bout et lui montrer que l’on peut partir de rien, de tout en bas, comme moi, et se retrouver par exemple aux Oscars», a ajouté Ladj Ly, promettant: «Si je gagne l’Oscar, je me servirai de cette tribune».

Du côté de «J’ai perdu mon corps», le réalisateur Jérémy Clapin et le producteur Marc du Pontavice ont vu dans la nomination de leur film «une vraie victoire contre le conformisme» après «sept ans de travail acharné».

Les Oscars 2020 seront remis à Hollywood le 9 février.