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Migrants: cinq villes-frontières mobilisées pour réclamer une enquête parlementaire

4 décembre 2019, 21:39

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Migrants: cinq villes-frontières mobilisées pour réclamer une enquête parlementaire

A Briançon, comme à Menton, Hendaye, Calais ou Dunkerque, toutes villes-frontières, des militants ont manifesté mercredi pour réclamer l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire sur les «atteintes aux droits» des migrants.

«Absence de tout dispositif sanitaire et social, destruction d’abris, obstacles à la demande d’asile, non-protection des mineurs isolés, refoulements systématiques, comportements brutaux, harcèlement des personnes solidaires...» sont autant d’atteintes aux droits fondamentaux ont résumé depuis Paris les représentants nationaux d’ONG et d’associations (Amnesty International, La Cimade, Médecins du Monde, Médecins sans frontières et le Secours Catholique).

«On monte d’un cran. On veut sortir du face à face stérile entre associations et ministère de l’Intérieur», a expliqué Véronique Fayet, présidente du Secours Catholique. Les groupes parlementaires LREM, PS, LFI ou encore PCF ont été approchés, pour que l’un deux se saisisse de son droit de tirage pour ouvrir une telle enquête.

A Briançon (Hautes-Alpes), où plus de 300 personnes ont formé une chaîne humaine, «depuis deux ans, on recueille des témoignages, on fait des signalements au procureur et il ne se passe rien», a vilipendé Pascaline Curtet (Cimade), rappelant que «26 personnes» sont mortes dans les montagnes entre l’Italie et la France depuis 2017.

Cela a un «coût sanitaire», a souligné Carla Melki (MDM): «sur les 9.000 exilés passés au Refuge solidaire depuis juillet 2017, 30% avaient (...) un état de santé dégradé par le passage de la frontière». Quelque 400 personnes seraient passées par les urgences de l’hôpital.

«Surréaliste»

L’association Tous Migrants-- dont plusieurs maraudeurs se sont retrouvés devant les tribunaux -- va recevoir la semaine prochaine le prix de la Commission consultative des droits de l’Homme. La réception aura lieu... au ministère de la Justice.

«C’est surréaliste ! Les solidarités récompensées par l’État continuent d’être réprimées et condamnées par le même État», a dénoncé Benoit Ducos, qui a écopé en décembre 2018 de six mois de prison avec sursis dans le procès de «7 de Briançon» tenu à Gap.

A Menton (Alpes-Maritimes), une centaine de personnes se sont rassemblées devant le poste-frontière vers l’Italie, où plus de 20.000 migrants ont été interceptés depuis janvier. Depuis des années, les associations y dénoncent des procédures expéditives et des entorses à la loi.

Si la justice administrative leur a plusieurs fois donné raison, une plainte au pénal attend toujours une décision du parquet.

Ces derniers mois, des témoignages d’abus dans les préfabriqués où transitent les migrants, avant d’être refoulés en Italie, se sont également accumulés. Beaucoup «se sont plaints de recevoir des coups ou du gaz poivre» quand ils demandaient à manger, un avocat ou leurs médicaments. «On a vu beaucoup de personnes arriver en larmes, avec les yeux et la peau qui brûlent», raconte Adèle, une militante de Kesha Niya.

Autre problème récurrent, des migrants ont été privés de leurs papiers, «un récépissé ou un acte de naissance, souvent s’ils sont mineurs», sous prétexte que «ce serait des faux».

Dans les Pyrénées-atlantiques, environ 150 personnes, dont certaines venues d’Irun ou Bilbao, ont manifesté de la gare d’Hendaye au Pont Saint-Jacques, qui symbolise la frontière entre la France et l’Espagne.

«Depuis un an et demi, on perd la trace de personnes attendues en France par leurs familles. Et tout d’un coup elles nous rappellent, depuis l’Espagne. C’est bien du refoulement à la frontière», a dénoncé France Bonillo, présidente de l’antenne Pays Basque de la Cimade.

A Dunkerque (Nord), une centaine de personnes ont manifesté, tandis qu’elles étaient un peu plus de 70, derrière une banderole «Je suis un humain pas une machine», à Calais.

Mardi, 350 migrants y ont été emmenés dans des centres d’accueil et 43 en centre de rétention administrative, à l’issue du démantèlement d’un campement. Vingt-quatre heures plus tard, de nouveaux migrants arrivaient en ville.