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Catapultes et flèches enflammées: un vent moyenâgeux souffle sur Hong Kong

14 novembre 2019, 17:05

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Catapultes et flèches enflammées: un vent moyenâgeux souffle sur Hong Kong

Catapultes en bois, flèches enflammées lancées avec des arcs, armes incendiaires artisanales et herses en bambous pour obstruer les routes: face à la police, les manifestants pro-démocratie hongkongais combinent des tactiques modernes avec des techniques reminiscentes du Moyen Age.

Depuis le début de la semaine, un grand nombre de rues, carrefours et routes du centre financier du sud de la Chine ont été bloqués par des herses en bambous et des chevaux de frise, constitués de pavés disposés au sol.

Les universités sont devenues l’épicentre du mouvement, et au cours des derniers jours, certaines se sont transformées en un véritable champ de bataille. Des affrontements, entre la police et les manifestants pro-démocratie, ont eu lieu pendant plusieurs heures sur certains campus.

Les étudiants, rejoints par des manifestants pro-démocratie radicaux vêtus de noir - qui sont généralement en première ligne lors des affrontements violents - affirment défendre leurs campus menacés par la police.

Au fil des jours, les plus radicaux ont renforcé l’arsenal, jusque-là composé essentiellement de briques et de cocktails Molotov, avec tout un éventail d’armes improbables.

Au premier rang figurent du matériel de sport, notamment des javelots, des arcs et des flèches, pris dans les réserves des universités. Des raquettes de tennis sont utilisées pour renvoyer les balles en caoutchouc tirées par la police.

Avec les chaises et les matelas des chambres étudiantes, ils érigent des barricades et se protègent des tirs de balles en caoutchouc.

Dans l’une des villes les plus modernes d’Asie, au pied des gratte-ciels, ces manifestants, qui ont quotidiennement recours aux nouvelles technologies pour organiser le mouvement, s’inspirent de techniques dignes du Moyen-Age.

Ils ont ainsi construit des catapultes géantes en bois afin de tirer des cocktails Molotov, des chausse-trappes - un piège métallique constitué de tubes en plastique et de clous - sont disposés au sol afin d’empêcher les policiers d’avancer le long d’un dédale de briques.

Environ un millier de manifestants étaient jeudi après-midi sur le pied de guerre à l’Université Polytechnique de Hong Kong, en prévision d’une charge de la police.

«Fabrique d’armes»

Le campus de cette université se situe près du Cross Harbour tunnel, une des principales routes qui relie la partie de Hong Kong qui touche le continent chinois à l’île de Hong Kong où se trouve le centre financier.

Les manifestants ont bloqué mercredi soir cet axe routier clé et ont installé une catapulte afin de dissuader la police de franchir leur barricade.

«S’ils viennent plus tard, nous allons la charger de briques, de cocktails Molotov et de flèches inflammables», a prévenu un manifestant de 23 ans, se faisant appeler Ah Fai.

Des photos de l’AFP montrent une flèche enflammée être tirée mercredi, depuis un pont, par un manifestant en direction de la police.

Sur une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, des manifestants jubilent après avoir réussi à envoyer une flèche enflammée avec une catapulte.

Après plus de cinq mois de contestation, ce mouvement sans véritable leader, demeure caractérisé par un réel sens de l’ingéniosité et de l’action collective.

Devant un gouvernement inflexible et une police qu’ils accusent de brutalité, les manifestants sont de plus en plus violents et paranoïaques.

Jeudi, les étudiants de l’Université Polytechnique de Hong Kong ont mis en place une barrière «douanière» au niveau de laquelle ils fouillent tous les personnes souhaitant entrer, y compris les journalistes.

«C’est pour empêcher tout policier en civil d’entrer», a expliqué Michael un étudiant de 23 ans.

«Je ne connais pas son efficacité, mais c’est mieux que rien», selon lui.

La police a accusé les manifestants d’avoir transformé le campus de la prestigieuse Université chinoise de Hong Kong, devenu mardi soir un champ de bataille, en une «fabrique d’armes».

«La vérité parle d’elle-même», a déclaré jeudi à la presse le porte-parole de la police hongkongaise, John Tse, accusant les «émeutiers» d’avoir jeté des cocktails Molotov de ponts et lancé des flèches enflammées sur une patrouille policière.

De son côté, la police fait usage de matraques, balles en caoutchouc, gaz lacrymogènes, canons à eau et armes de poing.

Lundi, un manifestant a été blessé par balle à bout portant par un policier et un homme criant des slogans favorables à Pékin a été transformé en torche humaine, avec un liquide inflammable, par un manifestant.