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Edith Semmani: valoriser les femmes et démontrer leur présence dans le tissu économique et social

2 novembre 2019, 14:18

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Edith Semmani: valoriser les femmes et démontrer leur présence dans le tissu économique et social

Les 6 et 7 novembre aura lieu au Moca de Montgaillard de St Denis à La Réunion, un évènement célébrant la femme engagée dans divers domaines et parrainé notamment par Caractère Réunion, le magazine Style et La Sentinelle Ltd. Il s’agit de la troisième édition des Trophées des Femmes précieuses, lancé par la professionnelle de la communication Edith Semmani. On fait le point avec elle sur cet évènement qui, cette année, récompensera aussi une femme de l’océan Indien.

Ce qu’il faut d’abord savoir, c’est qu’Edith Semmani est née à Paris d’une mère réunionnaise. Après l’obtention de son baccalauréat, elle a démarré des études de stylisme avant de bifurquer vers la communication dans le domaine de la mode. Là, elle a eu l’occasion de côtoyer de grands couturiers. «Ce fut étourdissant de paillettes.» Elle y bâtit son expérience dans la communication.

Voulant élargir ses horizons, Edith Semmani a évolué dans d’autres agences de communication, travaillant sur des campagnes pour des clients dans la grande distribution, l’immobilier, les transports, l’industrie pharmaceutique, avant de fonder sa propre agence, Tandem Communication. «J’ai goûté à la liberté avec toutes les difficultés d’être à son compte. Mais cela m’a rendue indépendante et j’aime cela.»

En 2012, elle décide toutefois de tout quitter pour s’installer à La Réunion, malgré le fait qu’elle ne voyait sa vie qu’à Paris, qui est et reste sa ville. Elle le fait pour deux raisons : sa mère, qui a regagné La Réunion lorsqu’elle a pris sa retraite, a contracté le virus du Chikungunya. «Cela m’a fait peur. Son état de santé s’étant fragilisé, cela m’a fait tout quitter afin de me rapprocher d’elle. J’ai estimé que c’était à mon tour d’être auprès d’elle et de prendre soin d’elle.» Ensuite, elle était à un tournant de sa vie et avait besoin d’un changement.

Elle s’intègre sans problème à l’île sœur. En 2015, elle décide de lancer Les Trophées des Femmes précieuses pour remercier les femmes qui l’entourent et qui l’ont marquée. En premier lieu, il y a bien évidemment sa mère, qui a été une grande source d’inspiration. «Elle m’a transmis certaines valeurs qui m’ont aidée, par exemple, à ne pas se soucier du regard des autres. Elle m’a aussi inculqué le fait que l’estime de soi et la bienveillance envers les autres et soi-même sont importantes. Elle m’a toujours fait confiance et m’a laissé construire ma vie comme je l’entendais. Pour une femme de sa génération, ma mère a été et est toujours libre de ses choix. Sa jeunesse n’a été que labeur. Mais il y a eu bien sûr d’autres rencontres tout au long de ma vie, qui m’ont nourrie et m’ont démontré combien les femmes sont fortes et portent tant de choses. Après, c’est évident que des femmes telles que Simone Veil restent et resteront des inspirations.»

Edith Semmani planche sur les modalités de ce concours pas comme les autres, demandant aux femmes engagées dans neuf secteurs de postuler. Les domaines concernés sont l’exploit/sport, l’innovation, le spectacle/l’artiste, la création/l’art, l’entrepreneuriat, la femme de cœur, la femme des médias, la femme de l’environnement, la femme de l’école de la deuxième chance. À ces neuf trophées s’ajoute le prix du public. L’objectif principal de ces Trophées étant de «faire connaître des parcours, des histoires, des combats et des réussites. C’est démontrer que les femmes sont présentes dans le tissu économique et social. La femme a plus de pudeur que les hommes à se valoriser dans ses combats et réussites. Je dois parfois expliquer aux participantes l’importance de ce qu’elles sont et font et leur faire comprendre qu’il est légitime de partager et de transmettre. Les femmes doivent oser prendre la place qui leur revient.»

La nouveauté cette année concerne l’ajout de deux nouveaux trophées, à savoir le Trophée des Femmes précieuses des îles Vanille, qui sera remis à une femme de l’océan Indien qui se sera démarquée et un prix coup de cœur remis à une femme emblématique de La Réunion.

Appelée à parler des retombées des éditions précédentes, Edith Semmani déclare qu’au gré de la rencontre entre ces femmes, des projets naissent parfois. «Je sais que pour certaines aussi, cela a été un coup de pouce. Mais l’idée est surtout d’être dans une notion de partage et de témoignage de parcours plus que celle d’un concours. Nous voulons que cette année encore, les femmes soient animées par la valeur de transmettre leur expérience aux autres et qu’elles deviennent des inspiratrices pour d’autres.»

«C’est assez récent de voir des femmes noires occuper les écrans et cette présence reste encore timide.»

En 2016 et 2018, Edith Semmani n’a pas organisé de Trophées des Femmes précieuses, la raison étant qu’elle porte ce projet seule et qu’il est lourd à financer. En revanche, en 2018, elle a fait la promotion de la place des femmes noires dans l’audiovisuel à travers le livre «Noir ce n’est pas mon métier», coécrit par un collectif d’actrices dont Sonia Rolland, Firmine Richard et France Zobda, qui ont fait le déplacement jusqu’à La Réunion pour en débattre. «Ce fut une belle manifestation et de beaux échanges sur un sujet qui me tient à cœur. La place des femmes dans le milieu de l’audiovisuel est déjà compliquée et plus encore lorsqu’on est une femme noire. C’est assez récent de voir des femmes noires occuper les écrans et cette présence reste encore timide. Le livre sur lequel je me suis appuyée pour cet évènement est criant de vérité. Bien que je ne sois pas noire, toute forme de discrimination et d’injustice me révolte. Cela a été ma façon de contribuer à le faire savoir.»

Le 6 novembre, il est prévu que les Trophées des Femmes précieuses démarrent par une projection du film Female Pleasure de Barbara Miller. Projection qui sera suivie d’une conférence/débat autour de la violence faite aux femmes, animée par Françoise Laborde, journaliste et ancien membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel et fondatrice de l’association Pour les femmes dans les médias. Le lendemain, ce sera la soirée de gala au cours de laquelle les trophées seront remis aux femmes choisies par le jury.

Il y a sept mois, Edith Semmani a fait fort en organisant le premier Festival du Film au Féminin avec comme marraine Nadège Beausson Diagne, actrice et initiatrice du collectif #MêmePasPeur. Plusieurs films ont été projetés gratuitement pour le public mais aussi pour les élèves d’écoles. Cette manifestation a été couronnée de succès, à tel point que l’organisatrice va récidiver en avril 2020 avec une sélection s’inscrivant autour de la diaspora Caraïbes, Afrique et océan Indien. Elle demande aux réalisatrices concernées de se faire connaître.

Féministe ne veut pas dire sexiste. Edith Semmani ne rejette pas les réalisateurs hommes. «Même si ce festival est principalement ouvert aux réalisatrices, si un film fait par un homme aborde et défend un sujet autour de la femme, il sera programmé avec plaisir. Lors de la première édition du Festival, j’ai programmé en avant-première le film Les Invisibles réalisé par Louis Julien Petit, qui dresse un portrait des femmes sans domicile fixe. C’est une vraie pépite. Ce n’est donc pas un festival fermé mais un festival féministe. On peut très bien être un homme féministe.»

Sa finalité en faisant tout cela est de «participer humblement à la cause des droits et à l’égalité des femmes. Lorsque je regarde le monde qui nous entoure, je suis triste de voir comment les femmes et les enfants souffrent. Il y a tant à faire dans ce monde régi par les hommes et pour les hommes. Alors à ma façon et avec mes moyens, je tente de contribuer à ce combat que j’estime capital…»