Publicité

Partis non-traditionnels: petits par la taille grands par les idées

23 octobre 2019, 22:20

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Partis non-traditionnels: petits par la taille grands par les idées

On se focalise toujours sur les grands blocs, les dinosaures mastodontes. Mais il existe une alternative aux familles et aux partis qui tiennent les rênes du pouvoir depuis l’Indépendance. Hier, mardi 22 octobre, on a pu constater que sur les 817 candidats inscrits à la commission électorale pour les élections générales du 7 novembre, si on enlève les 12 de Rodrigues et les 180 des trois principaux blocs (Alliance Morisien, Alliance Nationale et Mouvement militant mauricien) il restait 625 candidats indépendants ou de petits partis pour lesquels voter. Focus sur ces «petits partis».

Parmi les petits partis, les jeunes sont ceux qui sont les plus nombreux. Malgré leur âge, ils ont la conviction qu’ils seront à la hauteur lors de ces élections générales.

100% Citoyens contre le saccage de la démocratie

Pour Nicholas Anaudin, candidat au n°12, plusieurs choses l’amènent à s’engager en politique. Premièrement, il est extrêmement déçu des anciens députés. «Entre les fausses promesses et les abus, il était arrivé le moment pour moi d’arrêter de critiquer chez moi et de passer à l’action, et c’est là que je me suis engagé avec les 100% Citoyens qui portent mes convictions», fait comprendre ce gérant de profession. Pour Mahébourg, Nicholas Anaudin a déjà ses idées. «Il faudrait que le pays dans son ensemble prenne le virage écologique. On ne peut plus continuer sur le même modèle que nous adoptons depuis des années, que ce soit dans le domaine touristique ou autres. Je proposerai par exemple d’enlever la plantation de canne à sucre, de promouvoir la culture de légumes bio, et de reboiser l’île

 

Quant à Dev Sunnasy, sa décision de faire de la politique est assez récente, datant précisément de 2017. «Surtout lorsque j’ai vu le gouvernement saccager notre démocratie, gérée par népotisme, les différents scandales mensuels qui se déroulaient l’un après l’autre», précise le candidat et secrétaire général du parti. «Nous faisons simplement appel aux citoyens qui en ont marre de tourner en rond avec les mêmes  partis traditionnels, les mêmes noms de famille, le même bonnet blanc et le même chapeau blanc et qui veulent donner l’espoir à la jeunesse mauricienne de se mobiliser et de nous soutenir de différentes manières.» Pour 100% Citoyens, les grands partis sont anti-mauriciens. Il suffit de regarder leurs listes de candidats dans les circonscriptions. «Ils respectent tous le même code et se permettent de s’appeler Morisien ou Alliance Nationale. Ils pensent vraiment que les jeunes d’aujourd’hui sont des goungas. Ils ont tort», estime celui qui pose au n°19.

Reform Party, un ancien et des nouveaux

Si Roshi Bhadain ne peut vraiment prétendre être une nouvelle alternative, vu son passif politique et de ministre, des jeunes dans le Reform Party, peuvent apporter un souffle nouveau. Et ne se laissent pas marcher sur les pieds… comme Harshani Mahadoo, ex-animatrice.

«Je suis la seule candidate du Reform Party au numéro 12. Je ne suis intimidée par aucun parti. Je suis très jeune, je n’ai que 25 ans. Et 25 ans, cela ne veut pas dire que nous ne savons rien de la politique. Ce n’est pas quelque chose non plus à «tap la porte et faire hypocrite». En politique, nous avons besoin des personnes qui débordent d’idées et de solutions. Vous devez connaître la circonscription jusqu’au bout des ongles et connaître les difficultés rencontrées par les résidents. Tous les citoyens veulent du changement, et le Reform Party a juré un affidavit avec le peuple mauricien. J’ai donné ma lettre de démission pour travailler au service de la population, même si l’on n’est pas élu, le travail reste le même.» Roshi Bhadain parle de «positive politics» et rappelle les mesures déjà annoncées. Entre autres, création des job centres dans les villes et villages pour aider les citoyens dans les recherches d’emploi, abolition des pensions à vie des anciens élus et salaire minimum pour chaque employé à temps plein.

Lalians Lespwar veut convaincre d’une alternative

L’UN des dirigeants de Lalians Lespwar, Patrick Philogène, qui est dans la construction depuis 30 ans, pense que les «Mauriciens vont arrêter de voter “bloc”. Ils ont bien réfléchi. Maintenant, ils vont bien choisir. » Formant Lalians Lespwar avec son parti Nou Republik et le parti En Force Maurice, il croit que cette année les élections prendront une autre dimension avec les partis émergents.

«J’ai été un habitant de Curepipe et j’ai 56 ans. Aujourd’hui, je souhaite être cette alternative pour les électeurs qui iront voter. Je dirige mon entreprise de construction depuis l’âge de 25 ans. Je sais comment motiver les gens vers le succès. Les politiciens à Maurice n’ont pas une bonne réputation et le plus grand challenge, c’est de convaincre les électeurs qu’il y a une alternative qu’il y a des politiciens honnêtes et sérieux. Lalians Lespwar a été constitué et nous sommes deux partis avec les mêmes idéologies et valeurs politiques. On pense que les petits partis ont aussi leur chance lors des élections à venir.

Nous avons déjà défini les axes principaux de notre programme, notamment le social, l’écologie, l’économie, le sport et la création d’emplois ainsi que la politique. Notre but, c’est d’apporter quelque chose de nouveau à travers une nouvelle façon de faire de la politique pour le pays. Les gens sont intelligents à Maurice et les anciens partis sont désuets, ils ne répondent plus aux aspirations des Mauriciens, surtout les jeunes, qui constatent que les partis sont devenus dynastiques et que la seule solution c’est de donner la chance aux autres.»

Patrick Philogène est officiellement candidat à la circonscription n°17 (Curepipe–Midlands) pour les prochaines élections avec une liste officielle de 14 candidats au sein de Lalians Lespwar.

Au n°6 également, Ingrid Charoux, veut «dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas», en lançant une chanson reggae dans quelques jours qui s’intitulera «Random system». Elle aussi s’est déclarée population générale car elle est «tamoule, hindoue et blanche».

Lalit : priorité à la langue créole mais pas que

Lalit lutte depuis des décennies. Petit parti dans la mesure où il n’a pas la force de frappe des grands blocs et où il n’arrive pas à faire élire un candidat au Parlement, son combat pour la langue créole, contre le communalisme reste largement diffusé. Tout comme le tirage au sort de ses candidats pour la déclaration ethnique. Sarahjane Naraina est candidate de la circonscription n°4 Lalit. Cette femme de 37 ans est receveur d’autobus.

C’est sa troisième participation, ce qui démontre sa persévérance. Elle a été candidate dans les circonscriptions n°1 et n°18 auparavant. «Je compte toujours être présente sur le terrain !» Pourquoi une troisième fois candidate pour le même parti ? Parce qu’elle apprécie le programme de Lalit. Et en cas d’élection, sa priorité serait de mettre en avant la langue créole.

D’autres combats plus spécifiques sont propres à certaines circonscriptions. Par exemple au n°12, Franco Onno, handicapé, habitant la cité EDC de Rose-Belle, milite contre l’amiante dans les maisons. Et on ne présente plus les Lindsey Collen et Rajni Lallah.

Parti Kreol Morisien : pour une île Maurice meilleure pour tous

Le Parti Kreol Morisien (PKM) a présenté 55 candidats. «Dans les 20 circonscriptions, il y a un, deux ou trois candidats, selon. Nos candidats sont des Mauriciens, nous ne sommes pas classés par notre religion. Nous voulons une île Maurice meilleure, ou il y a la démocratie et la justice pour tous», explique Ninchley Matombé (Ras ninine) le leader. PKM est là pour le mauricianisme. «Pa kan ena fet lindepandans ou bann gran gran evennman kouma JIOI lerla nou dir nou Morisien.» À noter la présence de Giovani Merle.

Giovani Merle : du cannabis à la candidature 

Candidat du Parti Kreol Morisien au n°19, le visage de Giovani Merle n’est pas inconnu. Ses cheveux en fait. Il travaillait comme «messenger» à l’ambassade mauricienne à Washington et a eu des démêlés avec l’ambassadeur, vu qu’il refusait de retirer ses dreadlocks, explique-t-il. Le trentenaire a fait le déplacement des États-Unis pour poser sa candidature au sein du Parti Kreol Morisien, dont l’action vise l’émancipation de tout Mauricien, qui se considère en tant qu’habitant d’une île. De plus, il a fait à la fois des études en nutrition et sur le cannabis, il a été certifié Master Certified Cannabis Expert, à la Cannabis Training University, aux États-Unis, en 2018. Il a également fait des études en art culinaire, sports et bien-être.

Les petites formations s’organisent autrement

Les ressources et moyens ne sont pas les mêmes que ceux des partis traditionnels. Du coup, comment les partis dits petits organisent-ils leur campagne ?

«La famille, les amis et quelques volontaires nous aident à distribuer des tracts pour nos candidats. Nous sommes présents sur le terrain et faisons du porte-à-porte, mais nous utilisons également les réseaux sociaux. Il y aura des affiches mais pas d’oriflammes. Celles-ci polluent l’environnement et n’impressionnent plus», explique Patrick Philogène. Pour sa campagne, Lalians Lespwar misera sur les enjeux sociaux, écologiques et économiques entre autres.

Du côté de 100% Citoyens, «le parti n’a à ce jour fait aucun appel à contribution du secteur privé. Pour le moment, uniquement les membres ont contribué pour nos dépenses. Nous ferons cependant très bientôt un appel aux citoyens via un crowdfunding, ou Juice, entre autres. Nous vendons aussi des produits tels que des autocollants, des drapeaux et des porteclés portant notre logo afin de lever des fonds», signale Dev Sunnasy. «Nous faisons actuellement du porte-à-porte et des distributions de tracts tous les jours afin d’expliquer notre projet aux citoyens. En parallèle, nous communiquons via les réseaux sociaux sous différentes formes», ajoute-t-il. «Mais nous ferons essentiellement des tracts et que très peu d’affiches pour ceux qui n’ont pas de smartphones ou qui n’ont pas accès aux réseaux sociaux», précise-t-il.

Présence sur le terrain

Si la campagne se joue grandement sur les réseaux sociaux et si certains partis traditionnels peuvent même se permettre de payer des publicités sur ces réseaux sociaux, les petits partis reconnaissent tout de même l’importance de la présence sur le terrain. «Effectivement toute campagne se gagne grâce à la présence sur le terrain. Nous avons déjà commencé à faire un travail en amont bien avant l’annonce de la date des élections. Et en parallèle, nous sommes très actifs sur les réseaux sociaux. Nous menons une campagne à la fois sur le terrain et sur les réseaux sociaux», indique Padma Utchanah, présidente du Ralliement citoyen pour la patrie (RCP).

Le RCP ne compte cependant pas suspendre d’oriflammes. «Nous avons pu constater que les oriflammes de certains partis traditionnels ont envahi notre pays depuis quelque temps. Elles sont des pollutions visuelles et inesthétiques dans le paysage mauricien. Les oriflammes sont désuètes. Le RCP tâchera de faire une campagne en tenant compte des problèmes liés à l’environnement et pour cela nous utiliserons au maximum les moyens de communication modernes afin de faire connaître nos candidats», avance Padma Utchanah.

En tous cas, si les petits partis ne disposent pas des mêmes moyens que les partis traditionnels, Padma Utchanah fait ressortir «qu’on ne compte surtout pas acheter des voix, contrairement à nos adversaires politiques qui emploient des pratiques antidémocratiques. Le RCP compte mener sa campagne par la force des idées, la pédagogie et la proximité avec les citoyens».

Ces «petits» petits partis

Small Planters Labourers and Farmers Party : un candidat pour motiver les jeunes à exploiter la terre ! 

Le Small Planters, Labourers and Farmers Party est un nouveau parti qui ne compte qu’Ibrahim Fardeen Mohoboob. Il est candidat dans la circonscription n°4. Il annonce que sa motivation est d’empêcher que les petits planteurs disparaissent. Il veut encourager les jeunes à s’intéresser à l’agriculture, à l’exploitation de la terre car, malgré la modernité, il nous faudra de quoi manger. Ibrahim Fardeen Mohodoob, est lui-même un agriculteur et un éleveur de

46 ans. Il souhaite que les champs de canne abandonnés soient ré-exploités et stopper l’importation des aliments car les prix augmentent de plus en plus. Autres objectifs : encourager l’agriculture bio en faisant de l’élevage et de l’agriculture et, par conséquent, cesser d’utiliser des produits chimiques.

Party L’histoire Moris Selectif : contre le MMM 

Le Party L’histoire Moris Selectif est un nouveau parti qui se présente aux élections générales cette année. Sooresh Junkee, le président, habitant la circonscription n°13 (Souillac – Rivière-des-Anguilles) pense qu’il faut apporter un peu de changement.

«J’ai travaillé en tant que facteur. Je suis retraité et je m’occupe de mes plantations, mais la politique est aussi importante. Nous avions dans le passé contribué à la création du MMM au n°13. Aujourd’hui, il nous faut du changement. Le parti existe depuis un an et c’est cette année qu’on a décidé d’agir contre le MMM, car nous ne sommes pas d’accord avec sa façon de faire et sa politique. Nous avons trois personnes qui seront candidats au n°13. Nous voulons un Premier ministre qui soit fort et à l’écoute. »

Le leader du parti, quant à lui, ne se présentera pas aux prochaines élections.