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XV de France: quatre années, deux sélectionneurs, une stagnation

20 octobre 2019, 15:23

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XV de France: quatre années, deux sélectionneurs, une stagnation

Un nouveau cycle raté: le XV de France a bouclé dimanche l’ère Novès-Brunel sur une cruelle élimination en quarts de finale de la Coupe du monde face au pays de Galles (20-19), qui fait ressortir l’absence de continuité dans le management des troupes.

Au-delà du scénario de la défaite face aux Gallois, les chiffres sont têtus: le XV de France sera absent du dernier carré pour la troisième fois (après 1991 et 2015) en 9 éditions de la Coupe du monde.

2017: Novès poussé vers la sortie

Après une première année encourageante - succès contre l’Irlande et en Argentine - sans être mirobolante sur le plan des résultats, Guy Novès, entré en fonction après l’humiliation infligée par les All Blacks (62-13) au Mondial-2015, voit le temps se gâter avec l’élection à la tête de la Fédération française (FFR) de Bernard Laporte fin 2016.

Les deux hommes entretiennent une inimitié notoire et, si Laporte confirme Novès dans ses fonctions, des tensions émergent lors de tournée de juin 2017 ratée en Afrique du Sud, le président intervenant directement auprès des joueurs avant le 2e test. Sans succès (défaite 37-15).

Après trois échecs en autant de matches face aux Boks, Laporte fixe un objectif de 3 victoires en 4 matches lors des tests de novembre, mettant ainsi la pression sur l’ancien manager toulousain. Les Bleus n’en gagneront aucun, concédant même un match nul inédit face au Japon (23-23).

Après avoir commandé un «audit» à son vice-président Serge Simon, Laporte limoge Novès pour «faute grave» en décembre 2017. Un licenciement jugé sans fondement le 8 avril dernier par le tribunal des prud’hommes de Toulouse, qui a condamné la FFR à lui verser un million d’euros.

2018: Brunel pompier de service

Débauché de Bordeaux-Bègles et nommé lors des fêtes de fin d’année 2017, Jacques Brunel explique rendre service à son ami Laporte dont il fut l’adjoint dans les années 2000. Le Gersois n’a qu’un mois pour constituer son staff et préparer le Tournoi des six nations: l’opération commando échoue de peu face à l’Irlande (défaite 15-13) et les Bleus sont de nouveau incapables de tenir la longueur en Ecosse (32-26).

Après ce 8e test consécutif sans victoire, quelques joueurs passent une soirée arrosée à Edimbourg. Une plainte pour agression sexuelle - aussitôt retirée - déclenche le scandale: la police écossaise intervient sur le tarmac de l’aéroport pour empêcher le décollage des Bleus. Dans la tempête, Brunel fait le dos rond, sanctionne les fautifs et Laporte enterre l’affaire en promettant un rapport, jamais publié.

La série noire s’arrête enfin contre l’Italie (34-17) et les Bleus terminent le Tournoi de manière honorable en battant l’Angleterre (22-16) et en frôlant la performance au pays de Galles (défaite 14-13). Si leur défense a été à la hauteur, les points d’interrogation subsistent en attaque: à l’ouverture où le jeune Matthieu Jalibert s’est blessé d’entrée et où les revenants Lionel Beauxis et François Trinh-Duc n’ont pas convaincu, au centre où la paire Geoffrey Doumayrou - Mathieu Bastareaud laisse sceptique et à l’aile où le seul facteur X, Teddy Thomas, fait partie des punis d’Edimbourg.

Les gros nuages reviennent avec l’automne 2018: les Bleus s’inclinent sur le fil face à l’Afrique du Sud (29-26), incapables de gérer leur fin de match, et tombent dans le piège des Fidjiens (21-14), supérieurs dans l’engagement physique. Le succès contre l’Argentine (28-13) entre-temps ne masque pas l’impression de surplace, voire de recul.

2019: les sables mouvants

Pour le Tournoi 2019, Brunel peut enfin aligner la charnière clermontoise composée de Morgan Parra et Camille Lopez, auparavant blessés tour à tour. Mais les Bleus se sabordent d’entrée face au pays de Galles (24-19). Le naufrage suivant en Angleterre (44-8) met encore plus en lumière les carences françaises, notamment dans le jeu au pied. Carences que Parra et Lopez soulignent après-match en mettant implicitement le staff en cause: ils sont aussitôt évincés et remplacés par Romain Ntamack et Antoine Dupont.

La jeune charnière toulousaine est impuissante en Irlande (défaite 26-14) et les Bleus terminent sur un succès... inquiétant en Italie. L’idée d’adjoindre Fabien Galthié, fin tacticien et adepte d’un jeu plus méthodique, à Brunel fait son chemin. L’ancien demi de mêlée s’impose durant la préparation estivale comme le nouveau patron des Bleus au bord du terrain.

Sur le terrain, difficile de dire qui l’est: Bastareaud est sacrifié sur l’autel de la vitesse, Parra est définitivement indésirable et les relations entre le capitaine Guilhem Guirado et le staff sont de plus en plus tendues. Parmi les 31 joueurs appelés pour le Japon le 2 septembre, seuls 16 faisaient partie de l’effectif un an et demi plus tôt... dont 5 seulement dans les lignes arrières (Dupont, Machenaud, Serin, Fickou, Vakatawa). Le demi-mandat de Brunel aura été marqué du sceau de la versatilité. Même si les Bleus ne sont pas passés loin d’un gros coup face aux Gallois...