Publicité

Dissolution du Parlement: petits réglages d’abord

6 octobre 2019, 13:30

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Dissolution du Parlement: petits réglages d’abord

Le suspense est loin d’être haletant. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a beau essayer de cacher son jeu, désormais, il devient de plus en plus évident que la dissolution du Parlement est imminente; cela devrait avoir lieu cette semaine. Mais la population a attendu vainement le vendredi 4 octobre après que des rumeurs en ont fait état. Pourquoi retarde-t-il l’échéance ? 

Diverses sources affirment que le principal facteur qui est à l’origine de l’avortement de cette dissolution est du «unfinished business». Quelques personnes ont rappelé au chef du gouvernement qu’aussitôt après la publication du «writ of elections», il aurait les mains liées. À titre d’exemple, la Public Service Commission (PSC) et les institutions gouvernementales ne pourront plus lancer d’appels à candidatures pour des postes à pourvoir dans la fonction publique. Les divers ministères non plus ne pourront recruter en se servant du pouvoir qui leur a été délégué par la PSC. 

D’ailleurs, il nous revient que le conseil d’administration d’une compagnie gouvernementale, basée à Port-Louis, se réunira demain pour des recrutements. Nous apprenons également que quelques secrétaires permanents ont eu l’ordre d’accélérer les procédures au sujet des recrutements justement. De plus, un exercice de promotion est attendu au sein de la police tout comme la nomination d’un directeur adjoint au National Security Service. 

N’empêche que les signes d’une dissolution imminente sont visibles. Après que des secrétaires parlementaires privés ont organisé une fête en guise de remerciement pour leur personnel, l’on indique que des policiers ayant fait une demande pour un congé ont appris des longs «local leaves» seront refusés, du moins jusqu’à début novembre, sans préciser de date. 

Qui plus est, au sein du gouvernement, ils sont plusieurs à confier que les élections doivent avoir lieu avant le 15 novembre, date à laquelle les magistrats Pranay Sewpal et Navina Pursuramen, siégeant en cour intermédiaire, feront connaître leur décision dans le procès intenté à l’ex-Premier ministre, Navin Ramgoolam, dans l’affaire des coffres-forts. Après que la cour a rayé les autres affaires, l’entourage de Pravind Jugnauth estime qu’il est inapproprié d’organiser des élections après cette date, craignant que la cour donne une nouvelle fois gain de cause au principal adversaire du Premier ministre. 

D’ailleurs, les spin doctors du MSM, avec la complicité de la Mauritius Broadcasting Corporation, ne rateront probablement pas cette occasion pour sortir du tiroir les images montrant les liasses de billets de banque tombant des coffres de Navin Ramgoolam pour monter des vidéos qui seront diffusées en boucle dans le journal télévisé. La télévision nationale pourra se défendre en arguant que c’est en raison de ce procès qu’elle a présenté un tel sujet aux téléspectateurs. 

D’autre part, au cas où le Premier ministre décide que les élections auront lieu avant le 15 novembre – les dates du 5 et du 8 étant avancées – il devra ainsi dissoudre le Parlement au cours de la semaine qui vient. Cependant, l’agenda de la séance parlementaire de ce mardi est chargé. En ordre prioritaire, Anwar Husnoo apportera des amendements au Medical Council Bill. À ce stade, on ne sait pas combien d’intervenants prendront la parole sur le projet de loi. 

Le Children’s Bill, qui fait polémique, passera après. C’est à se demander si les débats sur le projet de loi pour la protection des enfants prendront toute la place ce mardi 8 octobre tout comme c’était le cas le 24 septembre, quand il était en deuxième position sur l’order paper. Toutefois, si jamais le gouvernement va de l’avant avec le Children’s Bill, les travaux risquent de durer jusqu’à fort tard. Il nous revient que 25 orateurs prendront la parole alors. Selon un proche du MSM, il ne serait pas étonnant que le chef du gouvernement renvoie ce projet de loi sujet à polémique aux oubliettes pour dissoudre le Parlement dès demain ou mardi matin. 

Mais il reste un autre dossier brûlant celui-là, sur la table. Pravind Jugnauth n’a pipé mot jusqu’ici sur le mini-amendement de la Constitution, visant à permettre aux candidats de ne pas déclarer leur appartenance ethnique lors des prochaines élections. Ce n’est pas une obligation légale certes, mais plutôt morale. À moins qu’il ne réserve cet exercice pour une dernière séance le vendredi 11 octobre pour ensuite dissoudre le Parlement.